Le conflit au Soudan s’enlisse

Le chef de l’humanitaire à l’Onu est arrivé sur place

5 mai 2023

Le chef de l’humanitaire aux Nations Unies, Martin Griffiths, est arrivé le 3 mai Soudan où de violents combats se poursuivent en dépit d’une trêve qui s’est acevé dans la soirée de son arrivée. Le Soudan du Sud voisin a assuré avoir négocié une prolongation du cessez-le-feu de sept jours.

Le conflit au Soudan est un conflit armé qui a débuté le 15 avril 2023 entre l’armée au pouvoir dans le pays et les forces paramilitaires. Des affrontements ont éclaté dans tout le pays, principalement dans la capitale Khartoum et dans le Darfour.

Les affrontements ont commencé lorsque les Forces de soutien rapide (FSR) ont lancé des attaques contre des sites clés du gouvernement et tentent depuis de prendre le pouvoir. Des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des tirs nourris ont été signalés dans tout le Soudan.

Un conflit entre deux hommes

Mohamed Hamdan Dogolo, chef des FSR, a revendiqué le contrôle de la plupart des sites gouvernementaux, dont le siège de la télévision d’État, le palais présidentiel, l’aéroport international de Khartoum et la résidence officielle du chef de l’armée. De son côté, le dirigeant de facto Abdel Fattah al-Burhan a également revendiqué le contrôle de tous ces lieux.

Les paramilitaires "ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires", a menacé, au micro de la chaîne al-Jazira, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", le 15 avril.

Sur la chaîne émiratie Sky News Arabia, il a redit avoir été "forcé" de réagir. "Ce n’est pas nous qui avons commencé", a-t-il ajouté. "Il faut que Burhane le criminel se rende", a-t-il dit alors que des tirs résonnaient autour de lui.

Ses Forces de soutien rapide (FSR) – des milliers d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée – ont dit avoir pris l’aéroport international et le palais présidentiel.

Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a lui assuré le 15 avril par communiqué avoir été "surpris à neuf heures du matin" par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l’armée qualifie désormais de "milice soutenue par l’étranger" pour mener sa "trahison".

L’armée a publié sur sa page Facebook un "avis de recherche" contre Hemedti. "Ce criminel en fuite est recherché par la justice", est-il écrit sur l’affiche de recherche avec sa photo, alors qu’un autre communiqué annonce la dissolution des FSR, appelant tous ces hommes à se rendre.

L’ONU extrêmement inquiète

À 850 kilomètres à l’est de Khartoum, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’Onu est arrivé à Port-Soudan, ville épargnée par les combats.

Martin Griffiths est venu "réaffirmer l’engagement de l’Onu auprès du peuple soudanais", a-t-il déclaré sur Twitter, alors que les premières cargaisons d’aide humanitaire arrivent parcimonieusement au Soudan, l’un des plus pauvres au monde où un habitant sur trois dépendait déjà de l’aide humanitaire avant la guerre.

L’armée et les paramilitaires s’accusent mutuellement d’ignorer la trêve constamment violée. Elle permet surtout des évacuations sécurisées de civils et la poursuite de négociations indirectes à l’étranger, selon des experts interrogés par France 24.

Les combats, surtout à Khartoum et au Darfour (ouest), ont fait plus de 500 morts et des milliers de blessés, selon un bilan sous-estimé, et déplacé plus de 330.000 personnes. Au moins, 100.000 personnes ont rejoint les pays voisins, selon l’ONU qui s’attend à huit fois plus de réfugiés.

Les cinq millions d’habitants de Khartoumsurvivent sans eau ni électricité, à court de nourriture sous une chaleur écrasante, dans un pays où un habitant sur trois dépendait déjà de l’aide humanitaire avant la guerre. Il s’agit d’une "catastrophe" selon l’Onu. Seuls 16 % des hôpitaux de Khartoum fonctionnent aujourd’hui.

Désormais, des experts et les dirigeants des capitales voisines craignent que les répercussions du conflit. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a estimé que "toute la région pourrait être affectée".

"Nous faisons tout notre possible pour que des discussions aient lieu", a-t-il déclaré au journal japonais The Asahi Shimbun, en marge d’une visite du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, au Caire.

L’ONU surprise par cette guerre

Le patron de l’ONU Antonio Guterres a estimé que "nous pouvons dire que nous avons échoué à empêcher" la guerre au Soudan, qui a pris l’ONU "par surprise". Ce dernier a souligné que le monde avait "échoué" à empêcher la guerre entre généraux, divisant le Soudan, où l’ONU veut désormais des garanties pour acheminer de l’aide humanitaire au milieu des combats.

Malgré l’annonce d’un "accord de principe" pour une prolongation jusqu’au 11 mai d’une trêve jamais respectée jusqu’à présent, "des affrontements et des explosions" se sont produits le 3 mai à Khartoum, survolée par les avions militaires, selon les déclarations des habitants à l’Agence France Presse.

Depuis le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, s’affrontent sans répit.

"Nous pouvons dire que nous avons échoué à empêcher" la guerre, qui a pris l’ONU "par surprise", a reconnu son secrétaire général, Antonio Guterres, à Nairobi. "Un pays comme le Soudan (...) dans une situation économique et humanitaire aussi désespérée ne peut se permettre une lutte pour le pouvoir entre deux personnes", a-t-il ajouté.

À 850 kilomètres à l’est de Khartoum, épargnée par la violence, le coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, a réclamé des garanties des deux belligérants. "Les assurances générales doivent être traduites en engagements spécifiques", a-t-il plaidé, assurant avoir contacté les deux généraux.

Le 3 mai, six camions de l’ONU ont été "pillés" alors qu’ils se dirigeaient vers le Darfour, dans l’ouest du pays, a-t-il ajouté. Avant cela, "17 000" des 80 000 tonnes de stocks alimentaires d’avant la guerre avaient été volés. Et l’ONU attend d’obtenir l’accord des douanes pour acheminer "80 tonnes d’équipements médicaux d’urgence".

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a décrit au Conseil de sécurité de l’ONU le chaos qui règne à Khartoum. "Lundi (1er mai), un raid de l’armée de l’air a apparemment frappé un hôpital (...) et les FSR ont pris leurs quartiers dans de nombreux immeubles d’habitation à Khartoum, lançant des attaques dans des zones urbaines densément peuplées", a-t-il dit.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus