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Soudan du Sud : MSF interpelle l’ONU

Des vies seront en jeu si des mesures ne sont pas prises immédiatement

jeudi 10 avril 2014, par africanpressorganization


Selon Médecins sans Frontières, « La direction de la mission de l’ONU au Soudan du Sud se comporte de manière honteuse envers des déplacés vulnérables ». L’ONG appelle l’ONU à se ressaisir.


GENEVE, Suisse, 9 avril 2014/African Press Organization (APO)

Signe d’une indifférence consternante, des hauts fonctionnaires de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ont refusé d’améliorer les conditions de vie de 21 000 personnes déplacées établies sur un site inondable dans un camp de l’ONU, qui restent ainsi exposées aux maladies hydriques et à de potentielles épidémies. Malgré les demandes répétées des organisations humanitaires, la MINUSS n’a pris aucune mesure dans le camp en vue d’améliorer leurs chances de survie. Médecins Sans Frontières (MSF) remet aujourd’hui en question l’engagement de l’ONU à répondre aux besoins des groupes les plus vulnérables vivant dans un pays déchiré par la guerre et exige que des mesures immédiates soient prises pour sauver des vies dans le camp de Tomping.

Situé dans la capitale de Juba, le camp de Tomping, administré par les forces de maintien de la paix des Nations Unies, accueillent les personnes qui ont pris la fuite lorsque le conflit a éclaté en décembre. Ils s’entassent sur les basses terres de ce site dont personne n’ignore la nature inondable. Maladies diarrhéiques, infections respiratoires et maladies de la peau représentent déjà plus de 60% des cas à la clinique de MSF installée dans le camp. Après des retards dans sa mise en œuvre, une initiative de l’ONU visant à mettre sur pied un autre site s’est enlisée et est maintenant devenue illusoire. Les demandes répétées de MSF et d’autres organisations pour élargir le camp de Tomping en utilisant les terrains non inondables disponibles dans le site, au moins de façon temporaire pour favoriser la survie des résidents, ont été refusées sans donner plus d’explications.

« Le refus de la MINUSS d’améliorer les conditions à Tomping est honteux », déclare Carolina Lopez, coordonnatrice d’urgence de MSF. « Lorsque les premières pluies de la saison sont tombées, 150 latrines se sont effondrées et les eaux usées se sont mélangées aux eaux de l’inondation. Des gens vivent dans des canaux de drainage naturels, car il ne reste aucun autre espace disponible, et 65 personnes doivent se partager une latrine. Les pluies, qui dureront une bonne partie des six prochains mois, sont de plus en plus torrentielles. Si rien n’est fait dès maintenant, les conséquences, déjà terribles, pourraient devenir fatales. Qu’il s’agisse d’une solution permanente ou provisoire, une expansion dans les zones sèches du camp doit se faire sans plus attendre. »

Le 3 avril, Hilde Johnson, responsable de la MINUSS, a déclaré elle-même que le camp de Tomping « risquait de se transformer à tout moment en un piège mortel ». Elle a ensuite annoncé qu’il serait fermé en mai. Toutefois, seuls 1118 résidents ont été déplacés au cours des cinq dernières semaines. Bien que cette initiative ait pu être une solution viable il y a un mois, déplacer à ce stade quelque 20 000 personnes vers un site loin d’être prêt à les recevoir, sans parler du début des pluies, est tout à fait irréaliste. En attendant, il est difficile de comprendre pourquoi l’espace disponible à Tomping ne peut être utilisé pour sauver des vies.

« Ils disent qu’il n’y a pas assez de place à Tomping, mais cet argument ne tient pas la route quand on voit de l’autre côté des barbelés des espaces de stationnement et de stockage bien au sec », affirme Carolina Lopez.

En outre, la plupart des résidents du camp disent ne pas vouloir être déplacés sur le site proposé de « Juba House », un autre terrain de la MINUSS à la périphérie de Juba, car ils s’y sentiraient moins en sécurité. MSF demande à la MINUSS de veiller à ce que tout déplacement se fasse sur une base volontaire.

Situé dans la capitale, et donc facilement accessible, le camp de Tomping représente l’un des exemples les plus flagrants du changement de cap qui doit être opéré dans l’ensemble du pays. Dans d’autres parties du Soudan du Sud, on compte des centaines de milliers de personnes déplacées, dont des dizaines de milliers qui ont trouvé refuge dans d’autres camps de la MINUSS où MSF constate un manque de préparation inquiétant pour faire face aux inondations imminentes. Dans la base de la MINUSS à Malakal par exemple, des données encore provisoires de MSF indiquent des taux de mortalité alarmants, alors que les mesures de prévention nécessaires pour améliorer la situation restent minimales.

À Minkamman, qui ressemble davantage à un camp ouvert qu’à un site relevant de l’ONU, quelque 82 000 personnes, qui ont fui les combats à Bor, vivent aussi dans des conditions déplorables. MSF y gère quatre cliniques qui réalisent 2000 consultations par semaine. Avec les lacunes actuelles en matière d’assainissement, l’équipe s’inquiète de la propagation éventuelle des maladies d’origine hydrique. Alors que la saison des pluies s’apprête à battre son plein, il devient chaque jour de plus en plus urgent de prendre les mesures qui s’imposent. Les retards causés par l’inflexibilité du système onusien font que si des plans ont été élaborés, pratiquement aucune infrastructure n’a été mise en place.

« Le 18 mars, la Mission de l’ONU au Soudan du Sud a déclaré au Conseil de sécurité que la “protection des civils” était une priorité », explique Jérôme Oberreit, Secrétaire général de MSF. « Nous exhortons les dirigeants de l’ONU à se rappeler que la protection ne signifie pas seulement de parquer des gens dans un camp gardé. Garantir des conditions de vie adéquates est aussi primordial et doit faire l’objet d’une action urgente et pragmatique. Les gens doivent pouvoir être protégés autant de la maladie que de la violence. »


Voir en ligne : http://appablog.wordpress.com/2014/...


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