Un entretien avec Nicole Bouteau

Polynésie : ’Que le pays soit gouverné de façon sereine’

23 novembre 2004

Nicole Bouteau, présidente du parti autonomiste No Oe E Te Nunaa, se dit ’déterminée face à l’attitude rigide du pouvoir central’. Décidée à obtenir la dissolution de l’assemblée de Polynésie, dans un entretien avec ’Témoignages’, elle appelle à la vigilance face à l’éventualité d’un changement du mode de scrutin peu avant une élection.

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Nicole Bouteau et Gwendoline Panai, respectivement présidente et secrétaire générale du parti autonomiste No Oe E Te Nunaa, sont arrivées hier matin à Paris. Elles doivent participer à la rencontre organisée au ministère de l’Outre-mer par Brigitte Girardin, pour trouver une issue à la crise politique générée par le retour au pouvoir, dans des conditions très controversées, de l’ex-président Gaston Flosse.

“Témoignages” : Comment abordez-vous cette réunion qualifiée de “la dernière chance” ?

Nicole Buteau : À titre personnel, de façon très sereine, positive et déterminée face à l’attitude rigide du pouvoir central et de la ministre de l’Outre-mer jusqu’à présent. Cette réunion, avec tous les leaders de Polynésie, est une première et une excellente chose, d’autant que dans le cadre de la crise actuelle, on se demandait si le pouvoir central allait finir par reconnaître l’existence même de la crise.
Nous restons vigilants mais déterminés sur deux points : la dissolution, qui reste l’issue rapide et tangible du dénouement de cette crise, notre volonté que durant la campagne à venir, il y ait un pouvoir indépendant qui assure la gestion du pays.

On entend parler d’un changement du scrutin ?

- Justement, par rapport à la vigilance, nous prononçons le mot “dissolution” sans que le pouvoir central et la ministre n’acceptent simplement cette solution. Il semblerait que l’on veuille nous conduire vers quelque chose de plus complexe et notamment vers un changement des règles du scrutin.*
Le scrutin actuel est antidémocratique. Nous avons également critiqué d’autres dispositions du nouveau dispositif mais modifier le mode de scrutin à quelques semaines d’une échéance... C’est du jamais vu !
Le mode de scrutin ne convient plus à Gaston Flosse, alors il faut le changer. Il ne s’agit nullement d’un élan de générosité de la part du pouvoir.

Comment avez-vous accueilli cette invitation et qu’en attendez-vous ?

- Nous acceptons la table ronde car la crise actuelle vient de Paris. Donc, la solution à cette crise est également et principalement du chef de l’État. Nous estimons que les conditions sont remplies sur le plan juridique et politique.
Nous espérons que le décret de dissolution sera adopté dès le prochain Conseil des ministres.
La population polynésienne attend impatiemment de retourner aux urnes afin qu’une majorité se mette en place, afin que le pays soit gouverné de façon sereine et claire.
Le pays s’est mobilisé à travers une grande marche qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes ainsi que par la signature d’une pétition, réclamant la dissolution et le retour aux urnes pour toute la Polynésie, de plus d’un tiers des électeurs inscrits.
Aujourd’hui, la situation au niveau local devient malsaine. L’accès des services publics est bloqué par des groupes qui se sont mobilisés de façon indépendante. En face, une milice locale, le GIP, censée sécuriser, multiplie les actes de provocation. En cas de débordement, c’est le pouvoir central, avisé clairement de la situation et des risques, qui en portera la responsabilité.
Les Polynésiens souhaitent s’exprimer clairement sur un projet de société à même de réduire la fracture sociale.
Nous espérons de tout cœur rentrer avec un message de sérénité sur une décision favorable du président de la République pour une dissolution et des élections générales.

*Rappel : Le sénateur Gaston Flosse avait introduit en séance un amendement, lors du vote de la loi statutaire, pour donner une prime au vainqueur. Cette disposition a joué contre lui et il est question aujourd’hui de la supprimer.

Fenua - Polynésie

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