Gestion de l’eau potable et de l’assainissement en Outre-mer

Un rapport du Sénat souhaite accélérer l’accès à l’eau potable

14 mars

Face au manque d’eau dans les départements d’outre-mer, les sénateurs Georges Patient et Stéphane Fouassin ont présenté leur rapport sur la gestion de l’eau et de l’assainissement en outre-mer au moment où l’enquête de la Cour des comptes sur le sujet a été publié. Commandés par la commission des finances, les rapports émettent plusieurs recommandations pour améliorer l’accès à l’eau dans les régions ultramarines.

« Il faut aller très vite, car l’eau est un bien de première nécessité », a indiqué Georges Patient, sénateur de Guyane, membre du groupe des Indépendants et rapporteur spécial du rapport « Gestion de l’eau potable et assainissement en Outre-mer », lors d’une conférence de presse.

Touchés par la question de l’accès à l’eau, les départements d’Outre-mer font face à de graves manquements, notamment infrastructurels. « La première nécessité, c’est d’avoir de l’eau potable dans les robinets », a souligné Stéphane Fouassin, également rapporteur spécial et membre du groupe des Indépendants. « Nous espérons que d’ici à 2030, tout le monde puisse boire de l’eau potable, mais cela n’est pas garanti », a indiqué le sénateur réunionnais.

Dans certaines collectivités d’Outre-mer, les populations ne disposent pas d’un accès permanent à l’eau. À Mayotte, près de 30% de la population n’a pas un accès direct à l’eau potable. Ce taux a été enregistré avant le passage du cyclone Chido, qui a ravagé l’île en décembre 2024. En Guyane, entre 15% et 25% de la population n’ont pas accès à l’eau potable.

En Guadeloupe, près de 60% de l’eau potable est perdue en raison du manque d’entretien des réseaux de distribution. Dans les départements de la Martinique, de La Réunion ou encore de Saint-Martin, cette perte est évaluée à 30% de l’eau potable disponible.

Adopté en 2016 pour une durée de dix ans, le plan Eau DOM vise à accompagner les collectivités dans l’amélioration du service de l’eau potable et de l’assainissement. A cette époque, les besoins en financement des territoires d’outre-mer pour perfectionner leurs services d’eau et d’assainissement avaient été évalués à 1,7 milliard d’euros. Aujourd’hui, le plan a été rehaussé à hauteur de 2,3 milliards.

Face à ces chiffres, le sénateur Georges Patient pointe une sous-consommation des crédits en matière d’investissements. « La moitié des crédits n’était pas encore consommée il y a quelque temps. On peut tout de même constater une hausse. En 2023, 50 millions de crédits ont été consommés », a indiqué ce dernier.

Parmi les investissements nécessaires, le rapport évoque la nécessité de la consolidation des réseaux de transmission de l’eau. Or les risques sismiques, notamment dans les Antilles, fragilisent les réseaux. De plus, les contraintes géographiques rendent difficile le raccordement au réseau de distribution notamment en Guyane où l’isolement du territoire rend le travail de distribution difficile. Afin de faciliter les travaux, le rapport recommande un renforcement du suivi des prestataires.

Alors que la Cour des comptes préconise une adaptation des procédures administratives aux contraintes des départements et régions d’Outre-mer, « il est clair que les normes européennes nous contraignent », a précisé Georges Patient.

« Le problème, c’est que l’on réfléchit pour les outre-mer avec une vision hexagonale. Mais ce ne sont pas les mêmes contraintes, ce ne sont pas les mêmes matériaux », a indiqué ce dernier. Pour Stéphane Fouassin, « au lieu de devoir acheter des matériaux en Europe, pourquoi ne pas en acheter en Afrique du Sud comme dans le cas de la Réunion afin de rendre le tout plus simple. De plus, construire à l’aide des matériaux déjà présents sur l’île revient à moins cher ».

Enfin, la Cour des Comptes a préconisé le recouvrement des factures. Cette proposition vise à intégrer dans le plan Eau DOM, en lien avec les Finances publiques, un renforcement dans la gestion des impayés et le recouvrement des factures. Dans leur rapport, les sénateurs reprennent cette proposition de la Cour des comptes ; car les populations en manque d’accès à l’eau sont parmi les plus pauvres.

En France hexagonale, la part moyenne d’une facture d’eau pour un ménage précaire est de 1,4% de leur revenu. Pour La Réunion, ce chiffre s’élève à 3%, 6,2% pour la Guyane et 25% pour Mayotte. « L’Etat ou les collectivités pourront accompagner les personnes qui n’arrivent pas à payer leur facture », a proposé Stéphane Fouassin, qui a assuré qu’« il nous faut un plan Marshall pour l’eau potable ».


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