Raz-de-marée dans l’océan Indien

À La Réunion, le port de Sainte-Marie est le plus touché

28 décembre 2004

La désolation règne dans les ports et dans le cœur des marins-pêcheurs et des plaisanciers réunionnais. Vingt bateaux ont coulé à Sainte-Marie et à Saint-Gilles, plus de cent mètres de ponton ont disparu, et les deux ports sont ensablés.

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Marins et curieux discutent ensemble sur le port. Plusieurs se racontent l’effet de ravine, les remous et l’eau boueuse qui l’ont envahi dimanche en début d’après-midi. Ils étaient nombreux à constater les conséquences du séisme sous-marin déclenché à plus de 8.000 kilomètres de nos côtes.
Certains, en perdant leur bateau, ont tout perdu et comptent sur leur assurance. D’autres remettent en cause les mesures de protection du site aéroportuaire.
Hier, une cellule de crise rassemblait les sinistrés, marins-pêcheurs et plaisanciers, et les différents services (Mairie, Préfecture, CCIR) à l’hôtel de ville de Sainte-Marie. Les pêcheurs doivent déclarer les dégâts subis par leur bateau aux services municipaux.
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR), Éric Magamootoo, était sur place et a rencontré la presse pour faire le point sur les sinistres portuaires. Pour lui, "Ce phénomène, conséquence du séisme en Indonésie, est imprévisible, irrésistible, insurmontable". Le site portuaire de Sainte-Marie est le plus touché sur l’île de La Réunion. Vient ensuite celui de Saint-Gilles ; le port de la Pointe-des-Galets n’a pas subi de dégâts importants.
Le port de Sainte-Marie comptait deux cents bateaux, une trentaine a été évacuée dimanche soir sur le port de La Pointe-des-Galets, car la Préfecture avait prévenu d’un risque durant la nuit. Heureusement, il ne s’est rien passé.

Dégâts : 300.000 euros à Sainte-Marie

Douze marins-pêcheurs sont sinistrés, leur bateau a disparu et se trouve certainement au fond de l’eau. Deux plongeurs de la CCIR les cherchaient encore hier matin. Les experts procédaient à un inventaire pour estimer les dégâts : 100 mètres de ponton ont disparu avec leur cateway, passerelle longeant les bateaux. Les sorties d’électricité et d’eau pour chaque bateau sont endommagées.
Le plus gros problème est celui de l’ensablement : un tiers du port est bouché. De nombreux bateaux ont été mis à sec. Ces dégâts sont estimés à 300.000 euros, auxquels s’ajoutent 100.000 euros de dragage, indiquait hier le président de la CCIR.
Sur le port de Saint-Gilles, huit bateaux sont endommagés, 10 mètres de ponton sont détruits et on observe le même phénomène d’ensablement. Les travaux se chiffrent là-bas à 70.000 euros, auxquels il faut ajouter entre 20.000 et 50.000 euros de dragage. Les maires de Saint-Paul et de Sainte-Marie espèrent que l’État va intervenir, notamment en effectuant la déclaration de catastrophe naturelle.

Un porte-conteneurs de 30.000 tonnes soulevé

En attendant, la Chambre de commerce doit assurer le service public, elle est obligée d’engager les dépenses et pense que d’ici deux à trois jours un retour à la normale est possible. Avant de réinstaller les pontons, il faut les commander, et il prendre contact avec les entreprises de dragage. En attendant, le port de La Pointe-des-Galets sert de base arrière aux marins-pêcheurs.
Gilles Han-Chou-Chong, directeur des ports, expliquait hier qu’à La Pointe-des-Galets, un porte-conteneurs de 30.000 tonnes a été soulevé par la mer, a rompu ses amarres pour venir taper un portique, ne causant que de petits dégâts matériels et une peur énorme au chauffeur qui se trouvait à l’intérieur. Dimanche à 18 heures, tous les bateaux ont évacué l’enceinte portuaire et depuis six heures hier matin, l’activité commerciale a repris normalement.
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie tire les enseignements de ce phénomène : "Dans nos projets, nous devons tous prendre en compte la politique environnementale. Aujourd’hui, c’est ça et nous sommes à plus de 8.000 kilomètres, mais demain... Cela soulève toute la problématique de l’aménagement du littoral."

Eiffel


Communiqué de la Préfecture

Déclarer les sinistres tout de suite

La Préfecture a publié hier le communiqué suivant : "L’île de La Réunion a été touchée par un phénomène à répétition, de marnage important (baisse et montée des eaux rapides), conséquence des forts séismes enregistrés au large de l’Indonésie. Ce phénomène a entraîné dans les ports des dégâts importants : navires de pêche et de plaisance coulés ou victimes d’avaries, infrastructures portuaires endommagées.
"S’agissant des bateaux professionnels de pêche, le sinistre doit être déclaré auprès de la direction régionale des affaires maritimes, dans les meilleurs délais.
"S’agissant des bateaux de plaisance, les propriétaires devront déclarer le sinistre en mairie et se rapprocher de leur compagnie d’assurance.
"Enfin, le préfet engage dès à présent la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle".


Réaction du Groupe de dialogue inter-religieux

Solidarité avec les pays d’Asie du Sud

Sous la signature de son président Idriss Issop-Banian, le Groupe de dialogue inter-religieux a réagi dès hier.
"Le Groupe de dialogue inter-religieux de La Réunion, profondément attristé par l’ampleur de la tragédie humaine vécue par les populations de nombreux pays d’Asie du Sud frappés par les raz-de-marée meurtriers de dimanche, lance un appel aux Réunionnais pour qu’ils manifestent leur entière solidarité à travers les actions des organisations humanitaires œuvrant à partir de notre île.
"Il tient à exprimer sa compassion et sa sympathie aux Réunionnais d’origine tamoule émus par les importantes pertes en vies humaines dans le Tamil Nadu. Le Groupe reste mobilisé pour apporter sa contribution à toutes propositions de soutien envers les populations sinistrées."


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Communiqué du comité Maharashtra

Appel à la solidarité des Réunionnais

Suite aux raz-de-marée qui ont dévasté le Sud-Est asiatique, le Comité “Maharashtra” a diffusé hier le communiqué suivant, sous le titre “Solidarité aux victimes de catastrophes naturelles”.
"
C’est avec émotion que nous avons appris ces dernières heures, les événements d’une ampleur considérable qui se sont déroulés à quelque milliers de km de chez nous. (...)
"Le Comité Maharashtra demande aux autorités françaises de déclarer d’urgence l’état de catastrophe naturelle afin que les sinistrés de La Réunion soient dédommagés dans les meilleurs délais, car certains ont perdu leurs outils de travail.
"Le Comité Maharashtra sollicite les collectivités (Conseil régional - Conseil général - Communautés de commune - Communes) pour qu’une subvention d’urgence de solidarité soit votée en faveur des victimes, qui se dénombrent par dizaines de milliers. (...)
"Nous sollicitons aussi les Réunionnaises, les Réunionnais à être solidaire des sinistrés du Tamil Nadu qui vivent des moments difficiles.
"Les dons pour le Tamil Nadu peuvent être versés au Comité Maharashtra (32, rue Mahatma-Gandhi 97410 Saint-Pierre). Un reçu sera délivré.

Le Comité Maharashtra invite les associations réunionnaises (culturelles, humanitaires) à se rassembler pour l’organisation et la gestion de la solidarité avec le Tamil Nadu."


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