Conférence de presse du président de la Région

Et si les peuples mondialisaient la solidarité...

7 janvier 2005

Petites îles et grands enjeux : juste avant de se rendre la semaine prochaine à l’île Maurice, pour la Conférence sur les petits États insulaires en développement, Paul Vergès a rappelé hier la vulnérabilité des anciens confettis d’empire. Faisant l’analogie entre la vulnérabilité environnementale et la vulnérabilité économique, le président de la Région demande : les États feront-ils preuve de la même ’solidarité planétaire pour la reconstruction ?’

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La 2ème Conférence sur les petits États insulaires en développement a commencé hier à l’île Maurice avec un Forum de la société civile.
De même que la rencontre de Johannesburg en 2002 s’est appelée “Rio+10”, la rencontre de Maurice est quelquefois appelée “Barbades+10” parce que la Conférence constitutive, qui avait fait suite au Sommet de Rio, s’était tenue aux Barbades, dans la Caraïbe, où se trouve une bonne partie des 51 États insulaires.
Avec quelques mois de retard sur le calendrier initial, ce rendez-vous décennal va regrouper à Maurice plus de deux mille participants venus des 51 États insulaires membres, auxquels s’ajoutent une trentaine d’États enclavés et en retard de développement - dont quinze pays africains. Vingt-cinq chefs d’État vont faire le déplacement, ainsi que des ministres des pays donateurs, comme la France - représentée par Xavier Darcos- ou encore le ministre des Affaires étrangères de Chine. Le secrétaire général de l’O.N.U, Kofi Annan, est attendu dans l’île sœur le 12 janvier.
Le programme de ce sommet, auquel vont participer les grandes agences de l’O.N.U., est organisé autour de deux axes principaux au regard desquels est envisagée la "vulnérabilité des petits État insulaires" : les conséquences des changements climatiques (vulnérabilité environnementale) et les conséquences de la mondialisation (vulnérabilité économique).

L’île Maurice, "exemple flagrant"

La délégation de la Région, lors d’une conférence de presse hier, a voulu souligner la communauté d’intérêts liant tous ces petits pays, pratiquement tous d’anciens “confettis” d’empire éclatés dans tous les océans, à faibles populations et aux économies fragiles, orientées par les anciennes métropoles vers des productions spécialisées.
Pour ces pays, les menaces de la mondialisation du commerce voulue par l’OMC ne sont pas un vain mot. "L’île Maurice est l’exemple le plus flagrant de cette vulnérabilité, après le “miracle mauricien” construit sur les relations ACP/UE dans le marché du sucre", a commenté Paul Vergès.
Le président du Conseil régional a signalé qu’aujourd’hui, avec la nouvelle donne de l’OMC, "deux des trois piliers du miracle mauricien sont attaqués" (le textile et le sucre), tandis que le troisième (le tourisme) est menacé par les conséquences des changements climatiques.

La Réunion, base logistique

La Région Réunion va participer à cette rencontre dans l’état d’esprit d’obtenir la convergence des participants sur une demande simple : faire reconnaître par l’OMC le droit des petits États insulaires en développement à une aide accrue et à des dérogations -dans les secteurs économiques qui leur correspondent- de même que les RUP (Régions ultra-périphériques) ont obtenu de l’Union européenne la reconnaissance de dispositions différenciées.
Pour donner tout son poids à cette proposition, le président de la Région a fait un lien entre différentes rencontres internationales inscrites au premier semestre 2005 (voir nos “points de repère”) et qui toutes vont aborder des thèmes directement ou indirectement connectés à la Conférence de Maurice, ou issus de ses travaux - comme traversées par "un même fil unissant des initiatives différentes prises à des niveaux et dans des instances différentes".
Enfin, en termes de solidarité, le formidable élan suscité par la catastrophe naturelle du Nord-Sumatra pose de façon nouvelle les questions inscrites à l’ordre du jour de la rencontre. Les États feront-ils preuve de la même "solidarité planétaire pour la reconstruction ?"
Des flots d’images que l’on nous montre tous les jours, va-t-il sortir "une politique mondiale de la solidarité ?", a questionné Paul Vergès.
Sur ce point également, La Réunion va rencontrer les îles-membres de la Conférence pour proposer que notre île contribue à un système d’alerte commun et serve de base logistique pour la distribution des aides européennes, humanitaires ou autres. La délégation réunionnaise a des propositions logistiques concrètes à présenter aux organisateurs de la Conférence, pour du stockage alimentaire, pour la protection civile et les systèmes de transmission.

Pascale David


Points de repère

o A peine terminée la 2e Conférence de l’O.N.U sur les petits États insulaires en développement, vendredi 14 janvier, ce sera le tour des ministres de la Commission de l’océan Indien (COI) de se réunir, les 16 et 17 janvier à Antananarivo. Ils prépareront le sommet des chefs d’État de la COI (Antananarivo, 18-19 mars 2005) qui verra la passation de la présidence de la France à Madagascar.

o Le Réseau mondial des Régions, constitué après Johannesburg 2002 sur une initiative de la Région Réunion, chargée de l’extension “océan Indien”, devait se réunir du 15 au 17 février dans le Nord de Sumatra. Les circonstances ont conduit à repousser la rencontre de deux à quatre semaines, mais elle aura bien lieu avec à son ordre du jour : le rôle des régions dans la reconstruction des zones sinistrées.

o En juin, à Marseille, l’Observatoire des changements climatiques est invité à participer à une Conférence organisée par l’association des régions de France (PACA) en liaison avec la Conférence des Régions périphériques et maritimes. La CRPM fédère 155 régions littorales de toute l’Europe et les questions soulevées par les experts de l’ONERC, bien que traitant principalement des conséquences des changements climatiques, ne sont pas totalement déconnectées de celles de la Conférence des PEID/SIDS.


Le rapport de 2001 avait raison...

Parmi les 5 tables rondes de ce sommet, une sera consacrée sur les problèmes environnementaux de ces États. Les discussions se baseront sur le rapport de 2001 qui notait entre autres choses que les "changements climatiques et la montée des eaux auraient des effets négatifs sur les États insulaires, exemple l’érosion des sols, le système écologique et la biodiversité, l’eau, la santé...". Ce texte indiquait aussi que les conséquences d’un tremblement de terre ou d’une éruption volcanique seraient catastrophiques pour ces îles.
Par ailleurs, seront présents à ce sommet pas moins de 25 chefs d’État, dont le président des Seychelles, James Michel. Parmi les participants, on peut notamment citer le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le commissaire européen au Développement Louis Michel, le secrétaire général du Commonwealth Don McKinnon...


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