Économie

L’Afrique invitée à valoriser la demande intérieure

31 juillet 2010

Dans un livre qui vient de paraître aux Éditions l’Harmattan à Paris, l’économiste camerounais Ferdinand Bakoup invite l’Afrique à bâtir une nouvelle stratégie pour les économies nationales associant, notamment, une plus grande concentration sur la croissance économique et la création d’emplois.

Intitulé "L’Afrique peut-elle gagner sa place dans la Mondialisation ? Pour une politique économique systémique", l’ouvrage de 440 pages souligne avec force la place essentielle de la demande intérieure dans les économies nationales en tant qu’objectif final de la politique économique.

« Jusqu’ici, les pays africains n’ont pas accordé à la stimulation de la demande adressée à l’économie nationale toute l’attention que cet objectif mérite. Ils ont aussi pensé que les exportations sont la seule demande capable de soutenir la croissance. La demande intérieure dans beaucoup de pays africains représente encore un réservoir important de croissance qui, malheureusement, n’est pas exploité. Il faut donc regarder de ce côté-là aussi », a expliqué à la PANA M. Bakoup.

Sur plusieurs pages, l’économiste camerounais, spécialiste en chef pour les questions économiques à la Banque africaine de développement (BAD), exhorte les pays africains à porter autant d’attention à la demande intérieure qu’aux exportations.
« Le message-clé de mon livre est que les pays africains doivent exploiter pleinement les deux sources de demande. Cela requiert un peu d’imagination et de volontarisme, mais c’est possible », a-t-il soutenu.

L’ouvrage plaide également pour une approche alternative à la stratégie économique exclusivement orientée vers la réduction de la pauvreté.
« J’explique longuement dans le livre pourquoi la recherche d’une croissance économique forte et la création d’emplois doivent devenir l’objectif principal de la politique économique dans les pays africains, en lieu et place de la réduction de la pauvreté. D’ailleurs, c’est une voie que beaucoup de pays sur le continent empruntent déjà, je m’en réjouis », a argumenté M. Bakoup.

Présentant un état des lieux de la littérature économique générale sur l’Afrique, il a regretté qu’elle ne parvienne toujours pas à offrir aux États du continent des orientations véritablement claires et utiles en matière de politique économique.
« Beaucoup de livres aujourd’hui vous décrivent l’Afrique, ou bien font des hypothèses sur les évolutions possibles ; d’autres encore adoptent ce que j’appelle dans mon livre une approche sectorielle de la politique économique. C’est donc pour combler cette lacune que j’ai écrit cet ouvrage », a-t-il assuré.

Plusieurs autres enjeux importants pour les économies africaines parmi lesquels l’efficacité de l’Aide publique au développement (APD), l’impact de la mondialisation sur les pays africains et les expériences économiques réussies en Afrique (Afrique du Sud post-Apartheid, Tunisie) sont par ailleurs longuement abordés dans l’ouvrage.

Après avoir bâti leurs politiques économiques autour des Programmes d’ajustement structurel (PAS) sur les injonctions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), les pays africains tentent à présent de définir de nouvelles orientations économiques, en privilégiant l’intégration régionale, la coopération Sud-Sud et la transformation sur place de certaines matières premières.


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