Plus de 220 millions de dollars débloqués : un record

L’aide internationale face aux urgences multiples

31 décembre 2004

Des centaines de tonnes de vivres, d’équipement de premier secours et de matériel de traitement des eaux usées sont acheminées vers l’Indonésie, le Sri Lanka, la Thaïlande et les autres pays durement éprouvés. Cinq millions de personnes restent privées des moyens de subsistance.

(Page 8)

À mesure qu’elles arrivent en Asie, les équipes internationales de secours d’urgence prennent conscience de l’ampleur vertigineuse de la tâche qui les attend. Foule affamée, villes rasées, infrastructures routières, totalement ou en partie détruites... Par quel bout commencer ? Comment établir des priorités ?
"Des villages entiers ont été emportés. L’eau potable est la question la plus urgente à ce stade. Mais nous devons nous assurer qu’une attention immédiate sera également portée à la reconstruction. Des routes jusqu’aux écoles, tout doit être reconstruit"
, résume Rod Volway, de l’organisation internationale CARE-Canada, un des premiers à avoir gagné la province indonésienne d’Aceh, la plus meurtrie par les tsunamis.
Face à cette catastrophe sans précédent, les Nations-unies continuent de mettre en place la plus grande opération humanitaire de leur histoire tandis que le président américain George Bush parle d’une coalition internationale pour coordonner l’aide.

La frustration des rescapés

Cinq jours après le séisme et les vagues géantes qui ont semé la mort sur les rivages asiatiques (et sur une partie des rivages africains) de l’océan Indien, les sommes débloquées pour répondre à la crise dépassent les 220 millions de dollars.
"Dans ce type d’effort d’assistance, la générosité des contributeurs est phénoménale (...) et c’est la première fois qu’au troisième jour d’une crise, on dispose déjà de 220 millions de dollars", a commenté au siège new-yorkais des Nations-unies Jan Egeland, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence.
Des centaines de tonnes de vivres, d’équipement de premier secours et de matériel de traitement des eaux usées sont acheminées vers l’Indonésie, le Sri Lanka, la Thaïlande et les autres pays durement éprouvés par les vagues géantes.
Mais, reconnaît Jan Egeland, seule une petite partie de cette aide a été redistribuée aux populations démunies et la frustration des rescapés pourrait augmenter dans les jours et les semaines à venir. "Il faudra peut-être 48 ou 72 heures pour toucher les dizaines de milliers de gens attendant une assistance aujourd’hui - ou qui l’attendaient hier, plutôt", admet le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.

L’Indonésie est la plus touchée

Selon David Nabarro, chargé des situations de crises à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cinq millions de personnes sont pourtant privées des moyens de subsistance : "Soit elles n’ont pas accès à l’eau, soit leur système sanitaire est insuffisant, soit elles ne trouvent pas de nourriture."
L’Indonésie a payé le tribut le plus lourd à la catastrophe. Aux vagues géantes s’est en effet ajouté l’impact direct du séisme de dimanche matin, dont l’épicentre était situé à 150 kilomètres au large des côtes de Sumatra.
Des largages aériens de vivres ont été entrepris au-dessus de régions totalement isolées et l’ONU étudie la mise en place d’un pont aérien vers la province d’Aceh. "Une grande partie de cette province, la plus proche de l’épicentre du séisme, a été rasée et les populations locales ont un besoin urgent d’abris et de moyens de subsistances", note Ruud Lubbers, qui dirige le Haut Commissariat des Nations-unies pour les Réfugiés (HCR).

"Il faudra des milliards de dollars"

Les tsunamis, qui se déplacent à plus de 500 km/heure, ont non seulement balayé des dizaines de milliers de personnes et englouti des villes et des villages, mais aussi dévasté les systèmes de collecte et de traitement des eaux usées et pollué des réserves d’eau douce.
Les spécialistes des situations d’urgence y voient la principale source de propagation de maladies contagieuses, choléra, paludisme, dengue, pneumonie, qui menacent les survivants. Le risque épidémique pourrait, selon l’OMS, faire autant de victimes que les vagues sismiques.
CARE-Indonésie prépare la distribution de 100.000 bouteilles équipées de système de filtration. Quelques cachets d’une solution chlorée peuvent traiter jusqu’à 20 litres d’eau.
À la FAO, l’organisation des Nations-unies chargée de l’alimentation et de l’agriculture, on met en avant la destruction des champs cultivés. "À l’évidence, l’aide médicale, l’eau potable, les vivres, des abris et des installations sanitaires constituent les besoins les plus pressants, mais les communautés touchées doivent aussi relancer aussi tôt que possible les travaux agricoles pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins et éviter un exode massif vers des villes déjà surpeuplées", note Fernanda Guerrieri, responsable des opérations de crise à la FAO.
Face à ces besoins, les financements mis à disposition par une soixantaine de pays, aussi généreux soient-ils, ne seront pas suffisants. L’ONU a d’ores et déjà demandé 130 millions de dollars supplémentaires (70 pour le Sri Lanka, 40 pour l’Indonésie et 20 pour les Maldives).
"Je pense qu’il faudra des milliards de dollars", a avancé mercredi soir le secrétaire général des Nations-unies, Kofi Annan, qui lancera le 6 janvier prochain un nouvel appel de fonds.


Des centaines de touristes manquent à l’appel

Dans le monde entier, des pays s’inquiètent pour leurs touristes portés disparus. Beaucoup d’étrangers qui passaient leurs vacances sur les plages asiatiques figurent parmi les morts, notamment dans les stations du Sud de la Thaïlande, où la mort de 473 ressortissants étrangers originaires de 36 pays a été confirmée.
L’Allemagne et la Grande-Bretagne ont confirmé chacune le décès de 26 de leurs ressortissants, tandis que le bilan français est passé à 20 morts. Mais des milliers de touristes, dont plus de 2.000 Scandinaves, manquaient encore à l’appel.


La plus grande collecte de dons en ligne

Suite au raz-de-marée géant qui a ravagé plusieurs pays d’Asie, les organisations humanitaires permettent de faire des dons en ligne. Les ONG (organisations non gouvernementales) françaises enregistrent des records.
Même si Internet reste un mode de collecte largement minoritaire, de l’aveu même des ONG, les différents webmestres interrogés évoquent une fréquentation et des donations en ligne records.
Les sites de Médecins sans frontières, Médecins du monde, le Secours catholique ou encore la Croix-Rouge, ont été mis à jour rapidement pour permettre aux donateurs d’affecter spécifiquement leur argent aux missions concernant le drame asiatique.
Certains le seront très prochainement, tel le site d’Action contre la faim, qui ne permet pas encore d’affecter ses dons aux victimes du tsunami mais uniquement à l’association en général.
L’amélioration du taux d’équipement et des connexions à haut débit font espérer aux ONG une place grandissante du Web dans la collecte de fonds à l’avenir. D’autant que pour elles, le don en ligne présente de nombreux avantages, comme la possibilité de collecter des sommes rapidement, à moindre coût (comparé à un mailing papier par exemple), ou encore de toucher des populations nouvelles, plus jeunes. De plus, le Web est "un bon baromètre pour mesurer la mobilisation de l’opinion", estime Agnès Lesage de la Croix-Rouge.


Le bilan en Somalie s’alourdit

Au moins 114 Somaliens sont morts dans les raz-de-marée provoqués dimanche par le puissant séisme qui a frappé l’Asie méridionale et une partie de l’Afrique, ont rapporté mercredi les Nations-unies. L’ONU a souligné que certains villages avaient été engloutis dans le Nord-Est de la Somalie, et que de "nombreuses autres personnes" étaient portées disparues, tout comme plus de 100 bateaux de pêche.
"Nos efforts" pour évaluer l’ensemble des dégâts sont "gênés" par le mauvais état des réseaux de transport et de communication, qui affectent également la distribution des secours d’urgence, a souligné Elballa Hagona, coordinateur humanitaire de l’ONU par intérim pour la Somalie.
Mardi, le Premier ministre somalien Ali Mohammed Gedi avait affirmé qu’au moins 100 Somaliens étaient morts et qu’un nombre indéterminé de pêcheurs étaient portés disparus après le déferlement des raz-de-marée.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus