Un an après le tsunami et son effroyable bilan

L’Asie toujours endeuillée

27 décembre 2005

Dans son édition du 24 décembre dernier, “l’Humanité” apporte un éclairage sur les enseignements que l’on peut tirer du tsunami de l’an passé. Peut-on en effet parler encore de catastrophe naturelle, lorsque dans le Cachemire ravagé en octobre dernier par un tremblement de terre, des sinistrés continuent à mourir car la solidarité internationale est insuffisante ?

Il y a 1 an, le 26 décembre 2004, une gigantesque secousse tellurique au large de Sumatra, suivie d’un raz-de-marée géant ravageant les côtes de l’océan Indien, provoquait l’une des catastrophes les plus meurtrières de ces dernières années. Plus de 230.000 personnes ont été tuées ou sont portées disparues, la plupart en Indonésie et au Sri Lanka, 5 millions d’autres ont été déplacées. S’ajoute le caractère international du désastre : 8 pays asiatiques et 5 pays africains sont frappés le même jour par le cataclysme. La présence d’occidentaux et le nombre élevé de victimes (10.000 ressortissants de quelque 45 autres pays du monde) ont contribué au retentissement planétaire de la catastrophe. La couverture médiatique a été d’une dimension exceptionnelle, nourrie par les images de vagues déferlantes semant destructions et désolation. L’émotion a été à la dimension de la tragédie et de la détresse humaines. Elle s’est traduite par une forte volonté d’aider et par une chaleureuse dynamique de solidarité.
Rarement auparavant, - selon les organisations humanitaires, une générosité d’une telle ampleur, aussi bien publique que privée, ne s’était manifestée. Telle n’aurait pas été le cas si la tragédie avait été circonscrite à sa seule dimension asiatique, estiment-elles rapidement. "La réaction de la communauté internationale au tsunami est la meilleure qu’on ait jamais connu", se félicitait à l’époque le coordinateur des Nations-unies pour l’aide d’urgence, Jan Egeland. Au total, l’aide publique des gouvernements et celle d’agences multilatérales, comme la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, atteignent la promesse de 7 milliards de dollars. Les dons privés versés s’élèvent à 5 milliards. Chacun se félicite de l’importance de ces sommes. Rappelons pourtant que, dans les jours qui ont suivi le cataclysme, la générosité des citoyens mettait cruellement en avant la mesquinerie des États que le même Jan Egeland n’hésitait pas à traiter de "pingres". Même revues à la hausse, les avances publiques en direction de l’Asie sont toujours à relativiser comparées à d’autres dépenses. Après le cyclone Katrina qui, là aussi, a frappé les plus démunis de La Nouvelle-Orléans, Washington a débloqué 3,1 milliards de dollars pour reconstruire et renforcer les digues et il a alloué 5,2 milliards en assistance directe aux victimes.

11 pays pauvres ou très pauvres touchés

En Asie, les besoins les plus pressants ont été satisfaits et les épidémies évitées, mais la grande majorité du 1,8 million de personnes sinistrées sont toujours logées dans des abris temporaires. Plus globalement, les sommes promises sont bien maigres au regard des nécessités des États endeuillés par le tsunami. Un dur constat dû au fait que l’ensemble des 11 pays touchés (Indonésie, Sri Lanka, Inde, Thaïlande, Somalie, Maldives, Malaisie, Birmanie, Tanzanie, Bangladesh et Kenya) sont économiquement émergents ou très pauvres. Leur dette extérieure fin 2003 s’élevait à 406 milliards de dollars, et la réunion du Club de Paris proposant un moratoire sur leur créance ne devait pas faire illusion. C’est "sur la pauvreté que cette catastrophe naturelle aura l’impact le plus fort", pronostiquait, il y a 1 an, un des responsables de la Banque asiatique de développement (BAD), Ifzal Ali. Car à l’inverse d’un Japon qui investit chaque année des millions de dollars dans un système d’alerte, les pays frappés se sont retrouvés démunis, faute d’équipements de prévention ou même de sensibilisation des populations.

Catastrophes naturelles ?

Dressant ce constat, le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) se demandait très judicieusement, dans un rapport intitulé “Réduire le risque des désastres”, publié le 2 février 2004, s’il faut continuer de parler de catastrophes "naturelles". Chaque année, des catastrophes touchent environ 211 millions de personnes, relève le rapport. Les deux tiers d’entre elles se situent dans les pays du Sud où la pauvreté aggrave leur vulnérabilité. Que dire encore des tragédies de l’ombre, que l’on ne veut pas voir ?.
Depuis le tremblement de terre du 8 octobre qui a frappé le Cachemire indien et pakistanais et les provinces du Nord de ce pays, les rescapés du séisme meurent faute d’assistance suffisante de la part de la communauté internationale.
Malgré les appels à l’aide des organisations humanitaires redoutant "un désastre dans le désastre", la solidarité n’est pas au rendez-vous. Les 73.000 morts, les dizaines de milliers de blessés et les plus de 3 millions de personnes sans abri des régions sinistrées n’ont pu susciter l’élan de générosité de Noël dernier. Sur les cimes enneigées de l’Himalaya, le froid, les conditions d’hygiène et les difficultés d’accès à l’eau font leur ravage au sein d’une population fragilisée. "Des blessés vont mourir car on n’a pu accéder jusqu’à eux, et les personnes vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées, succomberont de faim, car on ne pourra pas leur donner de nourriture", déclarait, il y a 3 semaines, dans nos colonnes, la directrice générale d’Action contre la faim-USA, Cathy Soula, de retour d’une mission dans les régions frappées. "2,5 millions de personnes sont concernées", estimait-elle.

Lenteur de l’aide financière internationale

Le 19 novembre, une réunion des pays donateurs promettait une aide globale de 5,4 milliards de dollars. Début décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) déplorait la "lenteur" de l’aide financière internationale : "Nous avons besoin de 75 millions de dollars pour financer les besoins logistiques et le transport, notamment pour payer les hélicoptères, et environ 30 autres millions de dollars pour la nourriture", lançait James Morris, directeur exécutif de cette organisation de l’ONU. Qui l’entendra ?
(Un article paru dans l’édition du 24 décembre de “l’Humanité”)


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