Blocage de médicaments génériques pour les pays en développement

L’Inde va porter plainte contre l’Union Européenne

7 août 2009, par Risham Badroudine

L’Inde va porter plainte auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Elle accuse l’Union Européenne (UE) d’avoir laissé les grandes compagnies pharmaceutiques tirer profit de ses lois très strictes sur les brevets pour obtenir des douanes qu’elles bloquent des médicaments génériques en transit en Europe, à destination de pays en développement.

Sanofi-Aventis et Novartis, entre autres, auraient ainsi fait bloquer pendant huit mois certaines cargaisons de médicaments. L’Inde est le premier fournisseur mondial de médicaments génériques à prix abordable aux pays en développement : environ 67% de ses exportations leur sont destinées.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 30% de la population mondiale n’a toujours pas accès aux médicaments essentiels. 74% des médicaments contre le VIH/SIDA sont toujours sous monopole (sous brevets) et 77% des Africains n’ont toujours pas accès aux traitements. Si plusieurs raisons expliquent cet état de fait, la concurrence des médicaments génériques reste essentielle pour faire baisser les prix et promouvoir l’accès aux médicaments pour tous.

L’accès aux médicaments pour tous dans les pays en développement passe par les génériques bon marché produits dans les pays en développement. Les grands groupes pharmaceutiques européens menacent cet accès.
La législation indienne permet par exemple aux compagnies locales de vendre des versions génériques d’un médicament contre le cancer, Glivec®, dix fois moins chères que la version de Novartis.

Les médicaments génériques sont essentiels et vitaux, notamment les médicaments contre le SIDA, non seulement pour l’Inde mais aussi pour les autres pays en développement qui importent des génériques indiens.

Selon Rolf Marti, directeur du secrétariat scientifique de la Ligue Suisse contre le Cancer : « Notre objectif est clair : toutes les personnes concernées doivent avoir accès aux médicaments anti-cancéreux les plus efficaces, à des prix abordables et socialement acceptables ». Le comportement des pays de l’Union Européenne est donc aujourd’hui inacceptable.

Rappelons qu’en mai 2006, Novartis avait intenté deux actions en justice en Inde sur la conformité de la loi indienne sur les brevets par rapport aux accords de l’Organisation Mondiale du Commerce. Dans une Lettre ouverte à Novartis, 52 organisations et diverses personnalités de tous les continents avaient demandé à Novartis de renoncer à ces actions en justice au nom de la santé publique.

Risham Badroudine


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