Vietnam

Le delta du Mékong cherche à s’adapter au changement climatique

29 juillet 2010

Vers la fin de ce siècle, avec une augmentation moyenne de température de 2°C à 3°C, le Vietnam risque de voir des milliers de kilomètres carrés du delta du Mékong engloutis par la mer.

La sécheresse provoquée par El Nino en 2009-2010 a placé le fleuve Rouge et le Mékong dans la pire situation avec le niveau d’eau le plus bas enregistré depuis un siècle.

Le changement climatique a modifié les conditions de vie des êtres vivants, provoqué la disparition de certaines espèces et la croissance des maladies. Ces 2 dernières années, certaines épidémies ont évolué de manière très compliquée et ont endommagé la culture intensive et la productivité.

L’aquaculture et l’exploitation aquatique du delta du Mékong sont aussi ravagées à cause du changement de température et du niveau d’eau. D’ailleurs, les grandes tempêtes et pluies, la grave pénurie d’eau en saison sèche provoquent l’entrée de l’eau salée dans les terres soumises à la pollution de l’environnement et à la dégradation de la biodiversité. Les tempêtes peuvent entraîner en outre la ruine de dizaines de foyers astacicoles et agricoles. Le changement climatique qui détruit les écosystèmes maritimes diminue les ressources aquatiques du littoral.

Des prévisions scientifiques indiquent que les dangers de fléaux naturels et d’épidémies sont graves sous l’effet du changement climatique dans le delta du Mékong, s’il n’y a pas de mesure prises dès maintenant. Selon l’Institut de la planification hydraulique du Sud, les fleuves Tiên (bras antérieur), et Hâu (bras postérieur) du Mékong rejettent chaque année environ 408 milliards de mètres cubes d’eau dans le delta. Les crues qui commencent en juin et juillet et se terminent vers novembre ou décembre, avec un débit de 28.000-30.000 mètres cubes par seconde sont de plus en plus graves et compliquées dans le delta du Mékong qui est considéré comme le point noir du Vietnam quant à l’exposition à la montée du niveau de la mer.

Lê Anh Tuân, de l’Institut de recherche sur le changement climatique (Université de Cân Tho), relève que plusieurs régions humides du delta du Mékong comme Tràm Chim, U Minh Thuong, Lang Sen, Trà Su, Hà Tiên, Vô Doi seront menacées, parallèlement à la réduction de la superficie cultivable et aquicole. Il prévoit aussi que dans l’avenir, le delta du Mékong devra non seulement faire face à l’augmentation de la superficie inondée mais encore aux tempêtes tropicales.

Protection des mangroves

Selon les différents scénarios du changement climatique, si le niveau de la mer augmentait d’un mètre, environ 70% de la superficie du delta du Mékong seraient attaqués par l’eau saline et 2 millions d’hectares de superficie cultivables disparaîtront. Plusieurs provinces seraient inondées. Bên Tre, Long An, Trà Vinh, Soc Trang, Vinh Long... perdraient 40-50% de superficie rizicole. Les inondations dureraient dans le delta du Mékong de 4 à 5 mois et 38% de la superficie de la région seraient submergées.

Pour cohabiter avec le changement climatique, les habitants du delta du Mékong ont modifié le calendrier des cultures, sélectionné des plants résistants aux caprices du climat, recyclé des déchets et eaux usées, changé l’architecture des maisons...

Jean Henry Laboyrie, de la société consultative Royal Haskoning (Pays-Bas), souligne que la protection des mangroves peut être une bonne solution pour le delta du Mékong face au changement climatique. Le Dr Geoffrey Blate, coordinateur du programme sur le changement climatique (organisation WWF-delta du Mékong élargi), déclare que les écosystèmes du delta du Mékong augmentent la capacité de résistance aux effets du changement climatique et peuvent atténuer les risques.

Koos Neefjes, conseiller supérieur sur le changement climatique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Vietnam, affirme que les organisations internationales peuvent accorder au pays de 500 millions à 2 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique.

De lourds dégâts pour l’agriculture et l’aquaculture

La dégradation des ressources en eau endommagera la production agricole et la pêche. La progression de l’eau saline est plus rapide, plus fréquente dans les localités du littoral comme Cà Mau, Bac Liêu, Soc Trang, Trà Vinh, Bên Tre, Tiên Giang, Long An où l’eau douce se raréfie. Ces changements sur l’environnement naturel et socioéconomique influenceront directement le développement durable du delta du Mékong.

L’Organisation mondiale et l’agriculture et de l’alimentation (FAO) souligne la nécessité de « se préoccuper particulièrement des effets du changement climatique sur l’agriculture, la sylviculture et l’aquaculture ». Le Vietnam est l’un des 5 pays les plus exposés au changement climatique avec de lourdes conséquences sur l’agriculture et le développement rural. Devant ce péril, le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural établit un mécanisme d’adaptation au changement climatique pour les secteurs hydrauliques et de l’hygiène environnementale rurale, agricole, sylvicole et aquatique. Il a mis en question le changement climatique dans la conception des infrastructures, les politiques en faveur des pauvres et les personnes vulnérables menacées par le changement climatique.

Giang Ngân/CVN


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