Coup de tonnerre en Asie

Le tir de fusée nord-coréen inquiète

13 décembre 2012, par Céline Tabou

Le lancement du missile a eu lieu sur le site de Tongchang-ri, proche de la frontière chinoise, dans l’Ouest du pays, le 12 décembre, passant à la verticale de l’île japonaise d’Okinawa. Selon les autorités nord-coréennes, ce tir était un moyen de placer en orbite un satellite météo, a précisé l’agence de presse nord-coréenne “KCNA”.

Les fragments sont tombés en mer Jaune, en mer de Chine de l’Est et dans le Pacifique, soit à environ 200 km des côtes sud-coréennes et philippines. Il s’agit du deuxième tir d’un engin à longue portée des autorités nord-coréennes cette année après un lancement mené en avril.

La communauté internationale s’active

Allié de son voisin nord-coréen, la Chine a regretté mercredi le tir d’une fusée par la Corée du Nord, lancé apparemment pour la première fois avec succès. Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, a déclaré devant la presse : «  Nous exprimons nos regrets à propos du lancement de la Corée du Nord en dépit des graves inquiétudes de la communauté internationale » .

De son côté, le Ministère des Affaires étrangères russe a regretté «  profondément le lancement du missile nord-coréen effectué contre l’avis de la communauté internationale et malgré les appels de la Russie. Moscou relève que par cet acte, Pyongyang a violé la résolution du CS de l’ONU lui interdisant de tirer des missiles balistiques  », a noté le site “La Voix de la Russie”.

La Maison-Blanche a qualifié ce tir d’ «  acte hautement provocateur  » et a annoncé son intention de travailler avec ses partenaires internationaux à une «  action appropriée » contre Pyongyang.

Dans sa suite, l’Union européenne a envisagé de nouvelles restrictions, après celles imposées en 2009, à travers notamment les résolutions 1718 et 1874.

Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a dénoncé «  une violation claire de la résolution 1874 dans laquelle le Conseil demande à la Corée du Nord de ne pas procéder à des lancements utilisant la technologie de missiles balistiques  ». Les Nations unies avaient adopté des résolutions interdisant à la Corée du Nord de procéder à ce genre de tirs et à des essais nucléaires après les tests opérés en 2006 et 2009.

La colère monte au sein des gouvernements sud-coréen et japonais qui, en pleine élection présidentielle, ont convoqué chacun de leur côté des réunions de crise de leurs Conseils de sécurité.

De plus, selon des médias japonais, cités par l’“AFP”, le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud ont convenu de demander au Conseil de sécurité de l’ONU un renforcement des sanctions à la hauteur de celles frappant l’Iran.

Les trois pays alliés souhaitent geler les avoirs à l’étranger, à partir d’une liste élargie d’institutions financières, d’entreprises et de personnalités nord-coréennes.

Les ministres européens des Affaires étrangères ont, quant à eux, indiqué qu’un tir de fusée serait considéré comme « une provocation », qui entraînerait sans doute des mesures de rétorsion.

Second tir de longue portée

Ce lancement, selon Pyongyang, a pour but de placer en orbite un satellite météo, information confirmée par le commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad) qui a indiqué que la fusée a déployé dans l’espace un objet qui aurait atteint son orbite. « Le lancement de la seconde version de notre satellite Kwangmyongsong-3 depuis le centre spatial de Sohae (...) est réussi » et « le satellite est entré en orbite comme prévu » , a annoncé l’agence de presse officielle du régime nord-coréen, “KCNA”.

Cette fusée est symbolique, car son lancement intervient au moment du premier anniversaire de la mort de Kim Jong-il, père et prédécesseur de Kim Jong-un, actuel dirigeant nord-coréen. Les observateurs, cités par l’Agence de presse “Reuters”, ont estimé que ce tir de fusée a également une portée sur le plan intérieur, car elle vise à consolider l’autorité de Kim Jong-un.

«  C’est un coup de pouce considérable pour asseoir le pouvoir de Kim Jong-un  », a indiqué Cho Min, analyste auprès de l’Institut coréen pour l’unification nationale. En effet, selon un responsable du gouvernement sud-coréen, «  la transition à la tête du pouvoir ne se déroulait pas aussi facilement que prévu pour le jeune homme et certains signes laissaient penser à la possibilité de voir apparaître une dissidence », a révélé “Reuters”.

Céline Tabou


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