Le monde change

Les géants chinois tournés vers l’industrie allemande

29 août 2012, par Céline Tabou

D’après le quotidien économique “Les Échos”, « les géants asiatiques lorgnent de plus en plus sur les entreprises allemandes en difficulté ». Le rachat par des compagnies asiatiques des fleurons de l’industrie allemande, comme le fabricant de chariots élévateurs Kion ou la société pionnière des énergies renouvelables Q-Cells, met en évidence l’intensification des relations sino-allemandes, devançant la France et la Grande-Bretagne.

Les Investissements directs étrangers chinois (IDE) représentés par 45 projets en Allemagne contre 22 en Grande-Bretagne et 14 en France pour l’année 2011. Depuis le début de la crise de la dette souveraine en Europe, les relations politiques et économiques entre la Chine et l’Allamagne se sont considérablement améliorées, grâce notamment à l’augmentation des échanges commerciaux entre les deux pays, en particulier les exportations de l’Allemagne vers la Chine.

Près de la moitié de toutes les exportations de l’Union européenne vers la Chine proviennent d’Allemagne et près d’un quart de toutes les importations chinoises sont faites avec l’Allemagne, ont expliqué Hans Kundnani, Directeur de la Rédaction de “Le Monde”, et Jonas Parello-Plesner, membre éminent du Conseil européen des Relations étrangères.

La Chine a des besoins de nouvelles technologies et l’Allemagne doit trouver de nouveaux marchés pour éviter la récession comme ses voisins. Les Chinois parlent de relation « réciproquement profitable » et les négociations actuelles devraient intensifier cette coopération autour des technologies écologiques comme les voitures électriques.

Près de 54% des entreprises chinoises ont l’intention d’investir à l’étranger dans les années à venir, ces dernières sont 14% à vouloir s’implanter ou se renforcer en Allemagne, selon une étude du cabinet Ernst & Young, contre 2% pour la France. La morosité due à la crise dans les pays industriels d’Europe et une hausse continue du taux de change du renminbi vis-à-vis de l’euro poussent à une recrudescence des investissements chinois à l’étranger.

Investir dans les secteurs d’avenir

Le cabinet PwC, cité par “Les Échos”, a expliqué que l’Allemagne figure « en tête de liste des places économiques où investir ». Yi Sun, responsable des affaires avec la Chine au cabinet Ernst & Young, à Stuttgart, a indiqué qu’« il faut s’attendre dans le futur proche à une acquisition dépassant le milliard d’euros en Allemagne ».

Dans le cadre de son plan de relance économique et de développement de la Recherche et l’Innovation à cinq ans, Pékin a choisi d’investir dans des secteurs industriels d’avenir « en leur assignant des taux de croissance annuels de 33% ». Les IDE concernent principalement les secteurs du solaire, de l’informatique ou de l’équipement automobile, avantagés par des conditions d’investissement assouplies.

Dans un contexte dynamique et ouvert, « les négociateurs chinois sont de plus en plus performants. Ils étaient impliqués dans de nombreuses opérations dans le passé, sans rafler la mise. Cela est en train de changer », a expliqué Yi Sun.

Le fabricant allemand de cellules photovoltaïques Q-Cells a été racheté par le groupe sud-coréen Hanwha, qui va payer près de 50 millions d’euros en liquide. Selon un communiqué de l’entreprise, Hanwha va reprendre l’usine en Malaisie du groupe allemand et son site situé en ex-RDA. Il est garanti que le trois quarts des emplois seront maintenus, a indiqué le communiqué le 26 août.

Autre société allemande reprise, le fabricant de chariots élévateurs allemand Kion, propriétaire de la célèbre marque Fenwick, a vu entrer dans son capital le producteur chinois de machines-outils Shandong Heavy Industry. Celui-ci négocie l’acquisition d’une prise de participation minoritaire, pour un montant de 700 à 800 millions d’euros.

Le rachat de compagnies allemandes en difficulté fait de la Chine le 4ème investisseur mondial en Allemagne, derrière les États-Unis, la Suisse et la Grande-Bretagne, devant France et le Japon. La crise économique et financière pourrait offrir à la Chine des possibilités d’investir dans des technologies de pointe quil lui manque sur son territoire.

Céline Tabou


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