Tensions sociales en Afrique du Sud

Mineurs et ouvriers agricoles sud-africains en grève

17 janvier 2013, par Céline Tabou

Des centaines de travailleurs se sont rassemblés devant une mine d’Amplats mercredi à Rustenburg, dans le Nord, pour décider de l’action à mener après l’annonce de 14.000 licenciements par le numéro un mondial du platine, Anglo American Platinum.

Quelques semaines plus tôt, des ouvriers agricoles de la région du Cap ont lancé une grève afin d’obtenir une augmentation de leur salaire journalier de 6 euros à 13 euros (70 à 150 rands). En réponse à leurs revendications, les ouvriers ont dû faire face à la police sud-africaine qui a tiré des balles en caoutchouc sur les 3.000 manifestants présents.

Suppressions massives des emplois

Anglo American Platinum (Amplats), premier producteur mondial de platine, a annoncé mardi 15 janvier un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 14.000 emplois. Après les grèves dans la mine de Marikana en fin d’année et celle des ouvriers agricoles, il y a peu, cette nouvelle choque le pays. Selon Mikaël Deb, secrétaire général de Justice et Paix en Afrique du Sud, cité par “Afriquinfos”, ces deux situations doivent se lire ensemble, car celles-ci mettent en exergue l’exaspération des travailleurs sud-africains vis-à-vis de leurs conditions de travail et de leur place dans la société. Une situation qui pourrait conduire le gouvernement à prendre des mesures concrètes.

Amplats va mettre à l’arrêt deux mines et en fermer une troisième afin de réduire d’un cinquième sa production de platine. Face à ces annonces, les syndicats ont menacé d’une grève dans l’ensemble des sites du groupe en Afrique du Sud. « S’ils mettent des mines en arrêt ou en maintenance, tous les sites se mettront en grève. Rien de tel ne sera permis », a affirmé Evans Ramogka, représentant syndical dans les mines de la région de Rustenburg, selon “Le Monde”.

Les mineurs du site de Rustenburg du groupe Amplats ont refusé de descendre dans la mine suite à l’annonce de l’entreprise, a annoncé mercredi un dirigeant syndical. Une porte-parole de la société a, de son côté, indiqué que la Direction attendait des informations des responsables du site sur place pour faire le point.

Les 14.000 emplois représentent 3% de la force de travail du secteur minier en Afrique du Sud. Cette suppression massive vient à contre-pied des mesures du gouvernement pour ramener le taux de chômage sous les 25%, a précisé l’agence de presse “Reuters”.

« Vous êtes des employeurs apartheid »

Les Sud-Africains s’inquiètent de l’intensification des conflits sociaux, comme au Cap, où des travailleurs agricoles demandent une hausse de salaire. Les manifestations concernaient des saisonniers de la province viticole et très touristique du Cap occidental. Cette manifestation est la seconde du genre, après les émeutes de décembre qui s’étaient achevées par la mort de deux manifestants. Cette fois-ci, la grève a repris le 9 janvier 2013, conduisant à nouveau les forces de l’ordre à charger les manifestants.

Sur les pancartes étaient inscrit : « Vous êtes des employeurs apartheid » . En dépit de la tension autour des différentes cultures de la région, les négociations entre délégués syndicaux et représentants des fermes concernées ont été arrêtées, en raison du caractère raciste de certaines déclarations faites par les représentants du patronat viticole. Selon Nosey Pieterse, secrétaire général du syndicat des travailleurs agricoles, cité par “SlateAfrique”, « les représentants des propriétaires ont fait preuve de racisme à peine caché et d’arrogance blanche ».

La chaîne américaine BBC a indiqué dans l’un de ses reportages que « la plupart de propriétaires de ferme sont des blancs alors que leurs employés sont majoritairement noirs ». Ces conflits sociaux mettent en évidence une société inégalitaire et encore basée sur des préjugés raciaux. D’autant qu’un recensement publié en octobre 2012 indique que les revenus d’un foyer blanc sud-africain sont en moyenne 6 fois supérieurs à celui d’une famille noire.

Céline Tabou


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