Au milieu des prises de position publiées à la suite des événements du Tibet, l’une d’entre elles amène à réfléchir. Il s’agit d’Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires étrangères. Il est l’auteur du "Rapport sur la France et la mondialisation". Invité sur I-Télé, l’ancien chef de la diplomatie française insiste sur l’angle selon lequel les informations doivent être appréhendées.

Hubert Védrine insiste notamment sur le fait que le boycott ne réglera rien. Il note également que le Dalaï-Lama est contre le boycott, et souhaite maintenir le dialogue avec la Chine. Pourquoi vouloir alors aller plus loin que le Dalaï-Lama ?

Des appels au boycott des JO de Pékin proviennent essentiellement de l’Occident. Or, dans ces pays, un système de développement est en place. Et il ne permet pas de régler les problèmes de quelques centaines de millions d’habitants. Et pour se maintenir, ce système a besoin de piller les ressources humaines et naturelles de la Terre. C’est précisément pour développer ce modèle que l’Occident a colonisé le monde. Et la Chine est un des pays qui ont souffert de la colonisation occidentale et japonaise.

Au 19ème siècle, plusieurs guerres menées par les puissances européennes alliées au Japon permettent à ces pays d’occuper plusieurs régions et d’avoir la mainmise sur les richesses de la Chine. Cette occupation s’accompagne de nombreux pillages. C’est notamment le cas du Palais d’Été. Comparable à Versailles, cet édifice est brûlé en 1860 puis en 1900 (voir ci-après).
Vient ensuite la répression de la révolte des Boxers en 1900. Huit pays s’unissent pour maintenir la Chine sous le joug colonial : Allemagne, Autriche-Hongrie, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie. Les coalisés sont bientôt une armée de 100.000 soldats. Ils s’emparent de Pékin et mettent à sac la Cité Interdite. Parmi les membres de cette expédition, figure Pierre Loti. À Pékin et autour de la capitale, des dizaines de milliers de Chinois sont massacrés par les armées coloniales. Et à ces exactions s’ajoute donc la mise à mal du patrimoine et de la culture chinoises.

Il est à noter qu’en 1900, les Jeux Olympiques ont été organisés à Paris, en 1904 à Saint-Louis aux Etats-Unis, et en 1908 à Londres, 3 puissances occupantes en Chine.

À la domination conjointe de l’Europe et du Japon succèdera celle de l’Empire nippon qui occupera une grande partie de la Chine de manière tout aussi brutale. Des généraux japonais sont responsables de la mort de millions de civils. Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que commence la décolonisation de la Chine. Et ce n’est qu’il y a moins de 10 ans que la dernière enclave européenne fut rendue aux Chinois.
Les séquelles restent profondes. Au Japon, le Premier ministre s’est déjà officiellement rendu sur les tombes des généraux criminels de guerre. Il est à noter que ce geste n’a pas suscité de la part de l’Occident une vague de protestations.

À la lumière de tous ces faits historiques, il est donc bien difficile de s’ériger en donneur de leçons et de vouloir mettre au banc des nations un pays de plus de 1 milliard d’habitants.

Manuel Marchal

Chine : La décolonisation date de 1999

Occupée dès 1841 par les Britanniques, Hong-Kong est sans doute l’ancienne colonie européenne la plus connue en Chine. Cela ne fait que 11 ans que cette province peuplée de plusieurs millions d’habitants a été rendue à la Chine.

Macao est quant à elle le premier comptoir occupé par les Européens en Chine. Dominée par les Portugais, cette région peuplée par plus de 400.000 habitants ne sera décolonisée qu’en 1999. Cela fait donc moins de 10 ans que les Chinois sont totalement libérés du régime colonial.

Mis à part Hong-Kong et Macao, d’autres régions de la Chine ont été occupées pendant près de 1 siècle par les puissances coloniales occidentales et japonaises. Dénommées concessions, ce terme ne doit pas cacher la réalité. Ces zones faisaient partie des vastes empires coloniaux qui ont permis aux pays européens notamment de trouver une solution à leur accroissement démographique.