Trois ans après le tsunami en Indonésie, la reconstruction progresse

27 décembre 2007, par Sophie Périabe

Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,3 au large de l’île de Sumatra générait des vagues géantes qui faisaient entre 220 et 250.000 morts dont 168 à 180.000 dans la région indonésienne d’Aceh. Au total, 12 pays de l’Océan Indien étaient ravagés. A Jakarta, les autorités avaient estimé le coût de la reconstruction d’Aceh à 4,78 milliards de dollars. Ce tsunami a entraîné une mobilisation internationale sans précédent, et la province a finalement bénéficié d’une enveloppe d’environ 6 milliards de dollars fournie par la communauté internationale, un record pour l’Indonésie.

Trois ans après le tsunami qui a frappé une dizaine de pays autour de l’Océan Indien, les donateurs saluent les progrès de la reconstruction en cours en Indonésie, la nation la plus touchée.
Ces trois années de reconstruction sont visibles le long des côtes de la province indonésienne d’Aceh, où vivent 4,2 millions d’habitants. Certains considèrent même cette région, la plus durement touchée, comme un modèle de reconstruction post-catastrophe. Mais lorsque les travaux de reconstruction les plus importants seront achevés, vers la mi-2008, certains redoutent le contre-coup.

Et l’après-reconstruction ?

L’aide internationale qui a permis de construire des routes, des écoles et plus de 100.000 maisons individuelles a aussi renforcé les économies locales. Les organisations humanitaires emploient des milliers d’ouvriers du bâtiment, des chauffeurs et des traducteurs, louent des maisons ou bureaux et fréquentent les hôtels et restaurants.
L’économie de la région d’Aceh en Indonésie, basée essentiellement sur l’agriculture, est aujourd’hui stimulée par l’injection massive d’argent. Dans la capitale, Banda Aceh, les hôtels, cafés et boutiques poussent comme des champignons et les voitures et motos encombrent toutes les rues.
« C’est dangereux, c’est comme une bulle. Quand l’ONU et les ONG partiront, il faudra que nous ayons d’autres moyens de subsistance », s’inquiète Zainul Arifin, qui dirige le bureau des investissements d’Aceh. Comme beaucoup d’autres, il a gagné des milliers de dollars pour louer sa maison à une organisation humanitaire occidentale.
En attendant, les progrès sont unanimement salués : en Thaïlande, plus de 1,4 milliard d’euros ont été consacrés à la reconstruction de la côte Sud, où 8.000 personnes sont mortes et où les stations balnéaires ont été dévastées. Selon les autorités, le travail est pratiquement terminé.
Au Sri Lanka, deuxième pays le plus touché, « le tableau est plutôt satisfaisant », estime David Evans, un responsable des Nations Unies, même si une partie de la reconstruction est ralentie par les combats entre le gouvernement et les rebelles tamouls.
En Indonésie, au contraire, la catastrophe a amené le gouvernement et des rebelles d’Aceh à faire la paix après des décennies d’une guerre qui a fait 15.000 morts.
Avec la fin des opérations humanitaires, les régions sinistrées placent leurs espoirs de création d’emplois dans l’investissement privé. Mais pour l’heure, seule une grande société, les ciments français Lafarge, investit de façon significative. Elle dépense 62 millions d’euros pour reconstruire la cimenterie de Lhokgna, à la sortie de Banda Aceh.
Environ 200 ouvriers locaux supervisés par des ingénieurs chinois retirent ce qui ne peut pas être réparé et rebâtissent le reste. Une nouvelle centrale électrique de 32 mégawatts va être ajoutée sur le site.
« Les investisseurs nous tournent autour, ce qui est un bon signe, mais il reste du chemin à faire », résume David Lawrence, qui dirige une agence de la Banque mondiale chargée d’aider la province à attirer des investisseurs.
Même si les habitants d’Aceh disposent désormais d’un foyer, les experts ne prévoient pas de relance des secteurs industriel et agricole, en pleine stagnation.

Sophie Périabe
(Avec AFP)


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