Méthode d’alphabétisation cubaine

Plus de dix millions de personnes ont été alphabétisées grâce au programme "Yo sí puedo"

20 avril 2023

Le programme cubain, "Yo sí puedo", est l’une des nombreuses œuvres humanistes du commandant en chef Fidel Castro Ruz, ayant contribué à réduire les taux d’analphabétisme dans 32 pays, selon Wennys Diaz Ballaga, sur Granma, ci-dessous son explication.

L’analphabétisme est l’un des principaux indicateurs d’exclusion et de discrimination dans le monde. En plus d’être un obstacle à l’accomplissement d’une vie pleine, il accroît le phénomène de la pauvreté et empêche de transformer la vie des gens en vue d’assurer leur dignité, d’améliorer leurs opportunités économiques et de les encourager à participer à la vie publique.

Dans la lutte contre ce fléau dans le monde, Cuba a apporté une contribution importante avec la mise au point du programme d’alphabétisation Yo, sí puedo (Moi, oui je peux), qui a une vocation internationaliste marquée, notamment latino-américaniste, et qui est prêt à s’adapter à différentes réalités sociales et à différentes langues.

Cette méthode d’alphabétisation trouve ses antécédents précisément dans notre Campagne nationale d’alphabétisation, menée au milieu du 20e siècle, au caractère éminemment présentiel, et dont les fondements théoriques et les principes conservent toute leur validité et toute leur actualité.

Elle trouve également ses racines dans l’étude de sources théoriques d’auteurs nationaux et étrangers, en tant que références nécessaires à l’utilisation des médias dans des programmes d’alphabétisation, ainsi que dans des rapports et des documents de différents organismes et organisations.

On ne saurait oublier que Yo, sí puedo est aussi le résultat de l’accompagnement par Cuba de campagnes d’alphabétisation dans d’autres pays, ainsi que de l’expérience acquise dans la mise en œuvre de l’alphabétisation par radio en Haïti.

En 2003, à la demande du commandant en chef Fidel Castro Ruz, le programme cubain d’alphabétisation Yo, sí puedo a été créé à la Chaire d’alphabétisation et d’éducation des jeunes et des adultes de l’Institut pédagogique d’Amérique latine et des Caraïbes (Iplac), dirigé par Leonela Inés Relys DIaz, docteure en sciences pédagogiques.

Ce programme, qui vise à réduire les taux d’analphabétisme dans le monde, fête cette année son 20e anniversaire, depuis sa création dans la République bolivarienne sœur du Venezuela.

Le journal Granma s’est entretenu au sujet de la mise en œuvre de ce programme au cours des deux dernières décennies avec Nora Isaac Diaz, docteure en sciences pédagogiques, chercheuse à l’Institut central des sciences pédagogiques (ICCP) et responsable de la ligne de recherche qui coordonne le programme Yo, sí puedo.

– Quel est l’objectif principal du programme d’alphabétisation Yo, sí puedo ?

– Il vise à contribuer de manière effective, avec une économie de ressources humaines et matérielles, à la réduction des taux d’analphabétisme existants dans les pays les plus démunis, à travers l’application d’un programme d’alphabétisation, capable d’atteindre de larges groupes de personnes en peu de temps, sans nuire à la qualité du processus d’enseignement-apprentissage.

Il comprend une méthodologie générale pour sa mise en œuvre et son développement, une méthode d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, les moyens d’enseignement, un système d’enseignement-apprentissage pour la formation des personnes qui vont intervenir dans le programme, un modèle d’évaluation des apprentissages, ainsi que de l’impact social, curriculaire et financier du programme.

– Dans quels pays le programme a-t-il été appliqué ?

– Plus de dix millions de personnes ont appris à lire et à écrire grâce au programme cubain, qui a été utilisé dans 32 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique, d’Océanie et d’Europe.

Les résultats de l’évaluation de l’impact social, pédagogique et de gestion de l’apprentissage ont été très satisfaisants, en particulier au Venezuela, au Nicaragua, en Bolivie et en Équateur, des pays qui ont réussi à réduire le taux d’analphabétisme à moins de 4 %.

De 2003 à 2018, plusieurs contextualisations de la méthodes Yo, sí puedo ont été réalisées en espagnol, pour le Mexique, l’Argentine, l’Espagne, le Guatemala et dans d’autres langues comme l’anglais, le français et le portugais, et des langues comme l’aymara, le guarani, le créole, le tetum et le swahili, entre autres.

– Quelles sont les méthodes pédagogiques et participatives utilisées ?

– Le caractère scientifique de ce programme d’alphabétisation se manifeste dans la stratégie de mise en œuvre éducative, dans les possibilités d’étude in situ des conditions socioculturelles, dans une conception méthodologique dans laquelle les chiffres sont associés aux lettres pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, dans son système d’évaluation de l’apprentissage, ainsi que dans les possibilités qu’il offre de poursuivre des études par la voie formelle ou non formelle.

On utilise une méthode basée sur la maîtrise des nombres par les apprenants, grâce à leurs diverses expériences empiriques (pratiques), ce qui favorise le processus d’apprentissage, car elle progresse du connu et plus concret à l’inconnu et plus abstrait.

Par ailleurs, elle est basée sur l’application des principes didactiques d’abordabilité et d’accessibilité, qui favorisent un apprentissage progressif et ascendant, ainsi qu’un processus personnalisé, participatif, dialogique et conscientisant.

Quant à la participation et à l’inclusion, ce programme est conçu de telle sorte que la dynamique de l’instruction-éducation est mise en œuvre par les citoyens du pays, qui y participent volontairement, qu’ils soient ou non des professionnels de l’enseignement, qui disposent de vidéos enregistrées, afin de favoriser une formation qui assure l’unité du processus dans la diversité des facilitateurs-éducateurs en matière d’alphabétisation.

Elle favorise également l’inclusion majoritaire des femmes, en leur permettant de mener le processus d’apprentissage chez elles ou dans des lieux proches.

– Compte tenu des conditions éducatives et sociales dans lesquelles le programme est mis en œuvre, quels ont été les principaux résultats du programme dans le monde ?

– Dès le nom du programme Yo, sí puedo (Moi, oui je peux), l’être humain est placé au centre du processus, ainsi que ses savoirs et ses expériences, afin de contribuer à l’amélioration de son estime de soi et à la transformation de ses manières d’agir.

La méthode ne sert pas seulement à éliminer la méconnaissance de la lecture et de l’écriture, mais aussi à éveiller ces personnes plus par les actions que par la parole.

En ce sens, les résultats ne sont pas seulement basés sur l’alphabétisation, mais aussi sur le fait que les gens se sentent inclus, qu’ils font partie d’un projet émancipateur et transformateur, comme l’est l’apprentissage.

En matière de technologie, les avancées contemporaines sont devenues des moyens très utiles pour l’éradication de l’analphabétisme, avec une utilisation rationnelle des ressources humaines et matérielles.

MISE À JOUR DU PROGRAMME D’ALPHABÉTISATION YO, SÍ PUEDO

Le projet d’alphabétisation et de post-alphabétisation, géré par l’Institut central des sciences pédagogiques (ICPP) approfondit l’étude sur la conceptualisation, les méthodes et les procédures de l’éducation des jeunes et des adultes, et en particulier sur les programmes d’alphabétisation et de post-alphabétisation que Cuba offre au monde, a déclaré la Dr Nora Isaac Díaz.

Elle a ajouté que, compte tenu du développement et de l’utilisation des nouvelles technologies, des objectifs fixés par l’Agenda 2030 de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le développement durable, notamment l’objectif numéro quatre : Assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous », et en assumant que ce programme a été mis en œuvre depuis 20 ans déjà, il a été jugé pertinent de le mettre à jour et de l’améliorer pour l’associer aux technologies de l’information et de la communication (TIC).

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), 773 millions de jeunes et d’adultes n’ont pas acquis les compétences de base en lecture et en écriture, et plus de 617 millions d’enfants et d’adolescents n’atteignent pas les niveaux minimaux de compétence en lecture et en mathématiques.

De nos jours, a-t-elle ajouté, l’utilisation de l’alphabétisation pour partager des savoirs évolue constamment, à mesure que la technologie progresse : depuis l’internet à l’envoi de SMS sur les téléphones portables, et la disponibilité croissante des médias qui favorise une participation sociale et politique accrue.

C’est pourquoi, a-t-elle fait remarquer, même si l’alphabétisation signifie l’accès à la lecture, à l’écriture et aux premiers calculs, elle signifie également permettre aux individus de s’insérer dans la société, de prendre conscience de leur environnement afin de pouvoir le transformer.

Et de conclure que, afin de contribuer au maintien et à l’augmentation des taux d’alphabétisation atteints avec le programme cubain Yo, sí puedo, celui-ci s’adresse désormais, grâce à l’utilisation des TIC, aux personnes qui, pour une raison ou une autre, ont abandonné leurs études de l’éducation primaire.

https://fr.granma.cu/cuba/2023-04-11/plus-de-dix-millions-de-personnes-ont-ete-alphabetisees-grace-au-programme-yo-si-puedo


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