Chikungunya
Après le poison, la censure

16 février 2006

"Une certitude : l’inquiétude a gagné les plus hauts sommets de l’État. Les produits chimiques utilisés massivement n’ont pas été testés sérieusement au préalable, et l’on craint des effets secondaires inattendus", c’est ce qu’écrit hier le “Canard Enchaîné”.
Hier, à Saint-Louis, alerté par des habitants du quartier, un journaliste de “Témoignages” n’a pas pu faire son travail. Il a voulu photographier les cadavres d’oiseaux morts ramassés par des militaires après une démoustication, ces militaires lui ont refusé ce droit d’informer les Réunionnais. Or les militaires ne font qu’appliquer un ordre, celui de ne pas faire savoir que des centaines d’oiseaux, de lézards, caméléons, etc., sont tués par les pesticides utilisés. Pourquoi cette censure ? Pourquoi persister dans cette violation du droit des Réunionnais à la transparence ?
Plus les jours passent, plus les Réunionnais prennent conscience de la gravité de la situation, et déclarent à la télévision qu’ils n’ont pas confiance dans les équipes de démoustiqueurs. Ce qui s’est passé à Saint-Louis hier est un nouvel exemple du double langage des autorités de l’État responsables de la lutte contre le moustique vecteur du chikungunya. Vendredi dernier, la Préfecture annonçait le passage au BTI, lundi soir, les premières pulvérisations en misouk de produits chimiques se déroulaient dans notre île. Mardi, la médecine du Travail rappelait une fois de plus que le Téméphos est un poison. Son épandage se poursuit... et se poursuivra même lorsqu’on utilisera le Bti ?
Hier, sans doute pour mettre fin aux valses-hésitations qui ont décrédibilisé la Préfecture, c’est le Président de la République qui a lui-même annoncé qu’à la fin de cette semaine, plus de 100.000 Réunionnais auront contracté le Chikungunya.
L’utilisation d’insecticides chimiques, toxiques pour l’environnement, l’humain et tous les êtres vivants, semble avoir donné des ailes à l’épidémie qu’ils devaient terrasser. Alors pourquoi persister ? Pourquoi s’obstiner dans le déni du droit des Réunionnais à une information enfin débarrassée de toute censure ?

(Page 3 à 6)

Comme hier devant la préfecture, et comme l’a souligné le débat hier soir retransmis dans toute la France, les Réunionnais sont conscients de la toxicité des produits massivement utilisés. Ils voient aussi que l’épidémie prend chaque jour plus d’ampleur. Alors pourquoi persister ? Pourquoi s’obstiner dans le déni du droit des Réunionnais à une information enfin débarrassée de toute censure ? (photo Imaz Press Réunion)

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