Jouer avec la vérité, c’est blesser Théo de nouveau

24 juin 2008

Depuis le premier jour où il a repris conscience, Théo Hilarion n’a cessé de dire et répéter qu’il ne veut pas la vengeance, mais la vérité et la justice.
Et du prix qu’il les a payées et ne cessera de les payer jusqu’à la fin de ses jours, la vérité et la justice lui sont dues.
Alors, il faut tout de suite stopper le spectacle auquel nous avons assisté hier.
Soit on est - comme le disent MM. Michelot et Gamet - des hommes d’honneur et alors on dit la vérité, soit on se réfugie dans le mensonge.

M. Michelot explique être inspiré par la droiture enseignée par un père exemplaire. Fort bien. Expliquant le déroulement de sa carrière, il démontre être formé aux missions les plus délicates dans des contextes extrêmement périlleux - exfiltration de citoyens français expatriés et menacés par des conflits armés, par exemple - où tous les détails d’une intervention sont minutieusement pesés, soupesés, bref, des situations où l’improvisation n’est pas admissible. Et c’est la moindre des choses car, ainsi que le disent les militaires, « lorsqu’on a la responsabilité de la vie ou de la mort d’êtres humains, on a le devoir d’être d’une rigueur absolue ». Entendu par les commissions spéciales de l’Assemblée nationale, l’amiral Jacques Lanxade insiste sur la nécessité impérieuse, lorsqu’il s’agit d’arrêter le choix des armes, de tenir compte de tous les éléments sans exception, y compris de la météo.
C’est cela le devoir d’un militaire. En sa qualité de professionnel, il n’a pas le droit d’agir avec légèreté, car trop de vies dépendent de ses choix.
Or, M. Michelot nous demande de croire que, lorsqu’il se rend sur le théâtre d’une opération de maintien de l’ordre, à La Réunion et au Port tout particulièrement, il garnit trois cartouchières en “passant la main” dans des munitions en vrac dont, nous dit-il, il « pense qu’il s’agit de cartouches gomme-cogne ». Devons-nous lui rappeler que dans l’armée, lorsqu’on a reçu un ordre de mission, on n’a pas “à penser que”, “à croire que”, “à imaginer que”. Chaque jeune recrue, lorsqu’elle reçoit son instruction de base, s’entend interdire de répondre « j’ai pensé que ». Et M. Michelot, militaire rompu aux opérations les plus délicates, les plus sensibles, voudrait faire croire que, ce 7 mars 1994, son supérieur, le capitaine Gamet, aurait accepté de son subalterne qu’il agisse ainsi, “au feeling” ?

M. Gamet lui aussi tient à se présenter comme un homme d’une droiture exemplaire. Au nom de cette droiture revendiquée, il déclare nier les faits qui lui sont reprochés. Et voilà que l’expert psychologue qui l’a examiné nous apprend hier que M. Gamet lui a caché avoir été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour subornation de témoins. Cette subornation de témoins a fait prendre 4 années de retard à l’enquête ordonnée pour rechercher les auteurs et complices de la mutilation infligée à Théo Hilarion. C’est pourtant cette condamnation dont il n’a pas fait appel, ce point essentiel que M. Gamet a si bien dissimulé à l’expert au point que celui-ci lui avait décerné un brevet de droiture et d’homme d’honneur... avant d’être informé de la condamnation en plein procès par l’Avocat général.

Alors, au terme de cette première journée d’un procès attendu depuis 14 ans par Théo Hilarion, sa famille, ses amis et toute La Réunion, il est temps que MM. Michelot et Gamet se conduisent réellement en hommes d’honneur et cessent de jouer avec la vérité et la justice.

Jouer avec la vérité ainsi qu’ils ont eu la faiblesse de le faire hier, c’est aggraver les blessures de leur victime.

Jean Saint-Marc

Théo Hilarion

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