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Procès des violences du 7 mars 1994
25 juin 2008
L’audience du mardi s’est poursuivie avec les interrogatoires des deux prévenus. Tour à tour, Alain Michelot et Charles Gamet ont répondu aux questions et donné leur version. Si un avocat a pu parler de « vérité évolutive », devant l’effondrement de quelques gros mensonges, les deux hommes gardent des versions divergentes : ils sont en désaccord sur presque tout. Alain Michelot, après avoir été longtemps le seul à parler, se réfugie dans l’obéissance. Charles Gamet, quant à lui, a admis que le silence des autorités judiciaires et préfectorales lui avait servi de caution.
Toute la journée de mardi, les deux prévenus sont revenus sur leur version des faits du 7 mars 1994, dans un jeu de questions posées tour à tour par le président du tribunal, les avocats, l’avocat général, plus rarement les jurés.
Les débats ont essentiellement tourné autour des faits au moment de la confrontation entre dockers et forces de l’ordre, et du silence organisé sur ces mêmes faits dès le 7 mars après-midi.
Il est apparu que les deux hommes ont longtemps menti, et longtemps souffert de leurs mensonges - c’est ce qu’ils ont dit l’un et l’autre hier - l’un par « obéissance » et l’autre « pour protéger [sa] hiérarchie ».
Sur les faits eux-mêmes, les deux gendarmes n’ont pas la même appréciation, sauf pour évoquer « la faiblesse du dispositif ».
« Très vite, on s’est sentis débordés » dit Alain Michelot, qui évoque « un risque de débordement par les côtés ou par l’arrière » et qui explique que c’est à ce moment-là qu’il va chercher, de sa propre initiative, le fusil à pompe - une arme non réglementaire en opération de « maintien de l’ordre » et une munition, qu’il choisit « à tâtons » lui fera-t-on préciser. Le gendarme persiste à dire sa certitude d’avoir pris « une gomme-cogne » - munition non réglementaire, et très imprécise. « Et là, stupeur ! Je vois la personne s’effondrer dans une mare de sang (...) Je ne réalise pas, je ne comprends pas comment un projectile en caoutchouc, que je connais, peut causer cette blessure » répond Alain Michelot au président.
Toute la matinée, l’avocat de Théo Hilarion essaie de lui faire lâcher cette version commode de la munition choisie « par erreur » (voir encadré).
Intervenant à son tour, l’avocat général obtiendra d’Alain Michelot l’aveu que, pour la première fois depuis quatorze ans, il mentionne « Théo Hilarion baignant dans son sang ». Un bout de vérité se fait jour par la description des conséquences de l’acte, mais l’acte lui-même reste dans le flou. Alain Michelot dira à un officier qu’il pense qu’il y a eu « autre chose, un autre tir ». Je est un autre ?
Il dira ensuite qu’il « a choisi le silence » parce que « l’affaire le dépasse » et parce qu’il rencontre « le même silence dans sa hiérarchie ».
Sur les faits eux-mêmes et sur la manifestation, Charles Gamet n’a pas la même version. Le haut gradé, présent sur les lieux dès 6h du matin, constate lui aussi très vite « que le dispositif est inefficace, totalement “inopérationnel” ». En contact avec la Préfecture, il demande et obtient une réquisition complémentaire spéciale - qui permet l’utilisation de moyens eux aussi “spéciaux”... Il parle de « climat insurrectionnel » et dit aussi « qu’à un moment, ce n’était plus du maintien de l’ordre », suggérant que, du côté des forces de l’ordre, « le stress, la montée d’adrénaline » ont pu conduire certains à se sentir en droit de faire usage de la force.
Il reconnaît avoir vu Michelot le fusil à pompe à la main, qui se dirige vers le dispositif. « Je n’ai pas réagi sur le moment... J’étais en train de donner des ordres sur l’usage des armes aux tireurs de grenades du premier rang » répond le lieutenant-colonel au président. Le Président lui fait observer que lors de l’instruction et lors du procès de 2002, il niait farouchement avoir vu Alain Michelot le fusil à pompe à la main.
Des vérités par bribes
A-t-il ou non donné à Alain Michelot l’ordre de tirer avec le fusil à pompe ? Charles Gamet le nie obstinément. Mais il dira aussi « Si Michelot est allé le chercher, j’ai pensé qu’il avait de bonnes raisons », laissant voir une frontière ténue entre les circonstances dans lesquelles des militaires peuvent ou ne peuvent pas utiliser ce type d’arme. Et des connivences tacites entre les deux hommes, sur lesquelles ils refusent de s’expliquer plus avant. Charles Gamet, qui reconnaît aujourd’hui avoir vu l’arme (fusil à pompe), dit aussi que lorsqu’il voit le gendarme Michelot passer avec l’arme à la main, il sait qu’elle contient une « munition létale » (mortelle) et que son collègue de l’ELI « a de bonnes raisons » d’être allé la chercher. Dès lors, reconnaître qu’il aurait donné l’ordre de tirer dans ces conditions, reviendrait à admettre qu’il aurait pu donner un “permis de tuer”.
Charles Gamet ira jusqu’à dire qu’il a pu « y avoir une confusion sur les ordres donnés ».
L’Avocat général, piqué au vif peu avant par des révélations de Charles Gamet sur le rôle joué par le procureur Legras (le procureur de l’époque) dans l’organisation du silence (voir ci-après), pousse le lieutenant-colonel dans ses derniers retranchements. « Si l’ELI, comme vous le dites, est de très grande valeur, expliquez comment l’un de ses meilleurs hommes pourrait agir, dans une situation critique, sans ordre ? » Et comme Charles Gamet évoque « le stress » des hommes, l’avocat général lui rappelle une déclaration précédente, dans laquelle le militaire notait au contraire « que ses hommes avaient connu des choses plus graves en 1991 ». « Alors, M. Gamet, quand dites-vous la vérité ? » s’impatiente l’avocat général.
Ainsi Alain Michelot, tout en assumant les faits, s’est-il plusieurs fois, hier, dérobé aux questions « par pudeur » - une pudeur qui ressemble à des mensonges par omission. Mais il continue à dire qu’il « a tiré sur ordre ».
Plus tard, dans l’après midi, l’expertise balistique permettra de montrer aux jurés les différences - très grandes différences : de taille, de couleur...- entre munitions gomme-cogne et Alsetex Alca 12 (voir ci-contre). Les questions à l’expert en balistique fera même sortir de leurs gonds les avocats des deux gendarmes. L’un d’eux ira jusqu’à mettre en doute « l’honnêteté intellectuelle » du défenseur de Théo Hilarion. - « Comment ! Vos clients ont expliqué ce matin qu’ils avaient menti tous les deux et c’est mon honnêteté intellectuelle qui pose problème !? » rétorque l’avocat de la partie civile.
Les questions vont reprendre aujourd’hui, avec l’audition des témoins, dont le colonel Guillaume... s’il se rend à la convocation.
P. David
Théo Hilarion : Vivre et pardonner
Une première fois, le matin, l’ancien docker est venu à la barre à la demande du président. Alain Michelot venait de se dérober à un feu de questions posées par l’avocat de la partie civile sur ce qu’il savait, lui Michelot, ou pensait savoir, de l’opinion de Charles Gamet sur la munition utilisée.
- « Vous me demandez de faire des suppositions... » dit le gendarme en s’esquivant. Puis il termine en s’adressant indirectement à Théo Hilarion. « Mes regrets sont quotidiens vis-à-vis de M. Hilarion, de son handicap. Sachez que mon esprit ne sera apaisé qu’après l’obtention de son pardon... Seul ce pardon peut me rendre la sérénité. »
Le président appelle alors l’ancien docker. « C’est sûr qu’après le pardon, on est libre. Mais pour moi, pour donner le pardon, il me faut la vérité... » dit le docker qui ajoute que « ce n’est peut-être pas pour aujourd’hui ». Il ne finit pas sa phrase, qui s’étrangle dans un sanglot.
Il revient à la barre l’après-midi pour compléter cette pensée et répondre à des interrogations soulevées par la version des gendarmes. Ceux-ci le désignent constamment comme « meneur » et expliquent que c’est parce qu’“on” le leur a désigné comme tel qu’il a été visé. Sur sa "part de responsabilité" dans les événements du 7 mars, Théo a dit qu’il ne pouvait que s’en remettre à ce que ses amis l’ont aidé à reconstituer par la suite : Il était là le matin, tôt, puis est reparti assez vite. Et quand il revient, le “bèzman” avait déjà éclaté. Comme il avait laissé sa moto à la barrière - que les forces de l’ordre venaient de fermer - il s’avance vers son engin, en faisant de grand geste des bras, peut-être en s’adressant aux gendarmes mais, dans le vacarme de l’échauffourée, quel parole pouvait être entendue distinctement ? Théo s’avance vers la barrière sans voir que, sur sa gauche, dans le dispositif des forces de l’ordre, un gendarme armé d’un fusil à pompe s’est agenouillé pour s’appuyer sur l’épaule d’un autre gendarme à genou, abrité derrière son bouclier...
« J’ai déjà pardonné à M. Michelot » dit Théo Hilarion en ajoutant qu’il a entendu « la douleur » du gendarme, qu’il sait ce que c’est et que « cela ne s’invente pas ».
Il avait juste avant exprimé sa propre douleur, au réveil, en découvrant son nouveau visage. « J’aurais voulu mourir » a-t-il dit, avant de se reprendre et de se dire : « Maintenant il faut vivre et il faut pardonner ». Douleur encore lorsqu’il se rend compte qu’il ne peut plus travailler, même avec le soutien de ses amis dockers : il n’a plus un champ de vision assez large ; un jour il manque d’avoir un accident parce qu’il n’a pas senti une odeur de gaz...
Douleur aussi lorsqu’il s’aperçoit que de la poudre, restée incrustée dans sa tête avec un morceau de munition, dégage une odeur pestilentielle. Sa mère lui dira qu’elle ne le reconnaît plus, qu’elle ne peut plus le regarder. Ce regard de sa mère qui se détourne est, dira-t-il, l’une de ses plus grandes souffrances. Une première compagne aussi s’écarte.
Il finira par rester vivre à Marseille, où il doit suivre son traitement, se faire opérer plusieurs fois. Et c’est à Marseille qu’il a rencontré une nouvelle compagne.
L’histoire n’est pas finie, mais Théo Hilarion compte beaucoup sur ce procès pour en finir avec les “pourquoi ?”
P. D
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