Affaire dite du ’Comité des fêtes’

Que la lumière soit

26 juin 2007

Hier, en se rendant au tribunal de Saint-Pierre, toutes celles et ceux, justiciables, leurs proches, leurs avocats et les journalistes se demandaient si, au terme du procès de l’affaire dite du Comité des Fêtes, la lumière serait enfin faite sur ce dossier, présenté à l’époque comme un gisement d’argent sale, un trésor de guerre, et autres appellations fantasmatiques.
Je dois dire qu’en pénétrant dans la salle du tribunal, l’ambiance n’incitait guère à l’optimisme. Dans cette salle aux murs volontairement assombris par une moquette vert foncé, seules six des 14 lampes d’éclairage fonctionnent. Lugubre !

Chacun prend place. Les huit accusés prennent place pour entendre le président Vidon égrener un à un les nombreux chefs d’accusation.
Puis, ce fut le moment, innattendu, équivalent à une ampoule de plus. Résumant ses conclusions déposées en tout début d’audience, Maître Boniface, avocat d’André Hoarau, interrogea : « pourquoi renvoyer devant un tribunal pour y être jugée, une personne dont la relaxe paraît s’imposer, sinon pour qu’une telle mise hors de cause soit prononcée à l’issue d’une débat public ? », et il demandait pour la clarté des débats, qu’une nouvelle expertise comptable du dossier soit ordonnée. Mais, cette fois-ci, avec la possibilité pour le nouvel expert désigné, de disposer des mêmes pièces que celle dont M. Delautre, expert commis par le juge Redonnet, avait pu disposer pour son “rapport“.
Le Président Vidon ayant sollicité l’avis du Procureur Cambérou, celui-ci déclara qu’à son avis une nouvelle expertise ne s’imposait pas, que l’expertise de M. Delautre était critiquable à maints égards, que le tribunal allait entendre M. Le Teuff, expert-compatble cité par André Hoarau et que les détournements reprochés par l’accusation ne semblaient pas constitués.
D’entrée de jeu, de dossier “du siècle” - selon le capitaine Courquet -, le dossier dit de l’affaire du Comité des Fêtes se trouvait ainsi brutalement ravalé au rang d’affaire à traiter en dehors des emballements qui, à l’époque, avaient valu à André Hoarau et Félix Nativel notamment, de connaître les affres d’incarcérations injustifiées.

Le ton étant donné, l’enchaînement des débats ne fit que confirmer les propos du Procureur de la République.
Avec patience et minutie, le Président Vidon s’est attaché à ce que toute la lumière soit faite sur tous les points lui apparaissant poser question. Tout à tour, André Hoarau, Félix Nativel et Ghislaine Cataye s’expliquèrent.
Vint le tour de l’expert-comptable dont André Hoarau avait sollicité l’expertise.
Patrick Le Teuff fit part de son malaise face à l’expertise réalisée, à la demande du juge Redonnet - en poste à Amiens avant d’être muté à Saint-Pierre -, par l’expert, M. Delautre, exerçant à Amiens.
En termes extrêmement mesurés, et tout en s’attachant à ne pas s’acharner sur son confrère, M. Le Teuff parvint à la conclusion que le rapport de M. Delautre n’en était pas un et qu’il posait bien plus de questions qu’il n’aidait à en résoudre.
L’appréciation du Président Vidon fut de la même eau que celle, initiale, du procureur Cambérou. Le rapport de M. Delautre est insuffisant.
Et on parvint à la conclusion que l’expert Delautre s’était livré à une démonstration où il avait, pour les besoins de sa cause, additionné canards et navets puis multiplié le tout par des carottes ! Il faudrait de nombreuses pages pour décrire les acrobaties auxquelles M. Delautre d’Amiens s’est livré... pour ne pas chagriner M. Redonnet d’Amiens ?
Aujourd’hui, ce procès va se poursuivre.
Souhaitons que les nombreux moments de vérité patiemment amenés au jour, tant par les questions du Président Vidon que par la sincérité et le souci d’exactitude manifestés par les accusés, d’éclairages en éclairages, se succèderont tout au long de cette nouvelle journée d’audience.

Jean Saint-Marc


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