Après la relaxe de Maurice Gironcel

« Que la Vérité finisse par éclater ! »

30 mars 2007

Mardi dernier, un tract informant la population de la tenue dune réunion publique, ce vendredi au stade Repiquet, a été massivement distribué au marché forain. Au centre de ce prochain grand rendez-vous, le point sur les affaires examinées les 22 et 23 février dernier par le tribunal correctionnel et sur lesquelles le maire de la commune s’est largement expliqué. Ces dossiers ont été mis en délibéré et les décisions judiciaires sont intervenues le 23 mars : au final, sur les 3/4 des accusations du procureur, l’élu a été relaxé.
Décision a été prise de convier la population à une réunion afin de « décider de la suite à donner pour que dans cette ultime et mineure partie dossier, la Vérité finisse par éclater au grand jour ».
Dans la perspective de cet événement, qui se tiendra en présence notamment d’Élie Hoarau, secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais, “Témoignages” a rencontré Maurice Gironcel.

Témoignages : Quel a été votre sentiment à l’énoncé des jugements ?

Maurice Gironcel : Tous ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas homme à livrer publiquement mes états d’âme personnels.
Cela dit, s’agissant de supposés faits liés à la gestion communale, il est de mon devoir de faire toute la lumière sur ces dossiers. C’est ce que je compte faire, vendredi soir. Pour l’instant, tout ce que je peux dire, c’est que j’ai pris acte de tous les jugements émis, et si commentaire il doit y avoir, j’en informerai en priorité la population avec laquelle j’ai toujours travaillé en concertation et dans la confiance réciproques .

Les observateurs soulignent qu’en prononçant votre relaxe dans les quatre dossiers majeurs, le tribunal a établi que l’accusation s’était trompée et avait accumulé les erreurs.

- Effectivement, dans tous ces dossiers, l’auteur du réquisitoire définitif a soutenu bec et ongles ses accusations et souvent contre l’évidence. Un peu comme si persister à clamer des contrevérités pouvait finir par les rendre réelles.
Or, le tribunal a clairement établi que les accusations ne tenaient pas la route. Pour parvenir à cette conclusion, il a suffi au tribunal de lire les lois et de constater que nous les avions correctement appliquées contrairement à ce qu’avait fait l’accusation.

Toutes ces affaires ont été examinées après presque six années d’instruction. D’où les questions que se pose la population : nécessités de l’enquête ou acharnement ?

- Je laisse à chacune et à chacun le soin de tirer ses propres conclusions. Si j’entends bien la question que vous me posez, il semble bien que chacun a déjà sa petite idée. Car au fond, ces deux éléments : lenteur judiciaire ou harcèlement ne sauraient en aucune manière constituer une cause mais bien une conséquence de ce procès qui m’a été fait et qui continue. Le résultat - escompté ou pas - est en effet le même ! À mon avis, la vraie question est ailleurs et pour l’instant, comme je n’ai pas encore en main tous les éléments nécessaires, elle reste en suspens.

Certains ont également noté que l’examen de ces affaires est intervenu dans un contexte préélectoral. S’agit-il selon vous d’une pure coïncidence ou d’un détail qui aurait son importance ?

- C’est précisément ce qui, à l’instant, me faisait dire qu’il ne fallait pas confondre “cause” et “conséquence”.
En tout cas, si l’objectif est de m’abattre pour telle ou telle raison inavouée parce que bien trop inavouable, que la population se rassure et j’aurai l’occasion de le lui rappeler demain (ce soir-ndlr) : avec elle, à ses côtés, je continuerai à mener le combat car, au travers de Gironcel, c’est la lutte pour une vraie et même justice pour tous qui est en jeu. Ensemble, nous poursuivrons le combat pour le respect de la dignité des Réunionnaises et Réunionnais. Et je ne me fais trop de souci car quand une cause est juste, elle finit toujours par triompher. Tout le monde doit en être persuadé : la vérité finira par éclater au grand jour, même si pour y parvenir, la lutte peut être longue et difficile. Et à ce propos, une pensée de Victor Hugo m’aide à tenir bon : « Seuls vivent ceux qui luttent ».

Aborde t-on une audience se tenant près de six années après la dénonciation des faits allégués dans le même état d’esprit qu’à propos d’une affaire jugée dans un délai “plus raisonnable” ?

- Le temps fait son œuvre, c’est sûr. Dans un sens ou dans un autre. Mais quand on a la conscience tranquille, quand on n’est pas un habitué des tribunaux, au-delà des interrogations que vous pouvez légitimement avoir, vous n’avez qu’une hâte : celle d’en finir. C’est le cas dans toutes les familles réunionnaises. I di a ou « mieux vaut ou la point pour manger mais ou nana rien à faire ni voir avec la loi ». En tout cas, cette véritable guerre des nerfs, même si - je le reconnais - elle m’a affecté sur bien des plans n’aura fait que me renforcer dans ma volonté de me battre pour faire entendre ma voix et obtenir que la lumière soit faite sur tous les dossiers.

La relaxe prononcée suffira-t-elle pour mettre fin aux calomnies diffusées auprès de l’opinion publique ?

- C’est un lieu commun de dire que la calomnie vise à vous salir à jamais. Mais je ne suis pas un amateur des lieux communs. C’est pourquoi, je voudrais balayer l’adage qui dit « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». En effet, je pense qu’à partir d’un certain âge, on est ce qu’on a bâti : quand, toute votre vie, vous avez eu une certaine ligne de conduite à laquelle vous vous êtes toujours conformé, en bien, votre réputation n’est plus à faire : les gens vous connaissent. Toutefois, par loyauté vis-à-vis d’une population qui vous a élu, vous vous devez de tout lui expliquer. Non pour vous justifier mais tout simplement pour dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on a voulu les présenter pour tenter de vous nuire. Toutes les calomnies mourront de leur belle mort et resteront peut-être la seule arme des esprits chagrins dépourvus du moindre argument un tant soit peu crédible.

La relaxe prononcée constitue t-elle une réparation eu égard aux préjudices subis ?

- Près de six longues années d’instruction, de nombreuses auditions, de multiples placements en garde-à-vue, des campagnes de désinformation, des actions de dénigrements, etc. N’importe quel être humain normalement constitué serait affecté par une telle épreuve. Je suis un être humain comme les autres. Pensez-vous réellement que l’on puisse rattraper le temps perdu et qu’une décision de justice - quatre relaxes en l’occurrence - puisse véritablement réparer les préjudices causés sur tous les plans ? Les 3 et 4 juillet 2001, j’ai fait 48 heures de garde-à-vue, 2 nuits au cachot. Pourquoi ? Pour rien, sur de simples calomnies montées en épingle puisque, sur ces dossiers précisément, j’ai bénéficié d’un non-lieu et de relaxes.

Pourquoi tenez-vous à associer la population à la décision que vous allez prendre ?

- Dans le cadre du contrat de confiance avec la population, nous avons pris, mon équipe et moi, l’engagement de travailler avec la population sous le signe d’une concertation et d’une confiance sans cesse renforcées. Et c’est ce que nous avons toujours fait. En associant ainsi au maximum militantes et les militants, acteurs de la vie économique, culturelle et sociale, associations et comités de quartiers aux différents projets de la commune et intercommunaux nous avons créé un lien de confiance réciproque. Et, c’est ce même contrat de confiance que je voudrais honorer demain (ce soir - ndlr) en m’exprimant sur toutes ces “affaires”, et ainsi répondre aux questions des uns et des autres. J’estime normal d’expliquer et si besoin est, de rendre des comptes à ceux qui vous ont confié un mandat pour défendre au mieux l’intérêt général. Et je n’ai jamais dérogé à cette règle. J’en ferai une nouvelle fois la démonstration demain (ce soir- ndlr).

S’exprimant dans un contexte particulier, Paul Vergès soulignait que les élus de terrain étaient à portée de gifle. Au vu de l’actualité judiciaire mettant en cause nombre d’entre eux, diriez-vous qu’ils sont également, sinon à portée de poursuites, du moins de démêlés judiciaires ?

- Sincèrement, je ne pense pas qu’il m’appartienne de répondre à cette question. À mon avis, l’interlocuteur privilégié serait dans le camp de l’institution judiciaire. Je refuse de généraliser à partir de mon cas personnel. Je dirais simplement qu’à partir du moment ou un est un élu : associatif, consulaire, syndical ou politique, il faut sans cesse redoubler de vigilance et veiller à ce que l’intérêt général ne soit pas lésé. Il s’agit de faire tout simplement son travail consciencieusement et alors, on n’a rien à craindre : pas même les accusations mensongères, ni les procès d’intention non plus que les procès, tout court. Moi, lorsque je fais mon travail d’élu, je le fais avec le souci permanent de sauvegarder les intérêts de la population et je ne m’embarrasse de considérations ni de questions quant aux éventuels coups bas qui pourraient m’être portés. Je n’ai qu’une seule priorité, c’est servir la population, le reste importe peu. L’essentiel, c’est surtout de toujours pouvoir marcher la tête haute, regarder chacun dans les yeux parce qu’on sait être en parfaite harmonie avec le peuple.

Entretien : M.S.

Sainte-Suzanne : Ce soir à 17 heures, réunion publique d’information


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