Disparition d’Aafifoudine Aboudou

Zones d’ombres

3 mai 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Le 30 avril 2010, Aafifoudine Aboudou s’élançait sur le parcours choisi par l’éducation nationale pour le déroulement d’une épreuve sportive comptant pour le baccalauréat. Le 2 mai, le corps sans vie du jeune homme était retrouvé au pied du rempart de la route du Littoral. Depuis lors, la famille cherche la vérité… et se heurte depuis le commencement à des obstacles qui ne tiennent pas seulement aux circonstances de la disparition elle-même. Synthèse.

Le comportement des forces de l’ordre et de l’administration scolaire
Premier dysfonctionnement : au lieu de signaler la disparition du jeune homme aux parents, l’établissement ne l’a notifiée qu’aux gendarmes. Seconde anomalie : le jour même, ces derniers se rendaient au domicile de la famille Aboudou. Selon plusieurs témoins, les militaires ont alors pénétré dans la maison des parents du jeune homme, sans y avoir été invités ni disposer d’une autorisation. À l’intérieur, ils énoncent immédiatement leur conviction : le jeune homme a « fugué ». Absurdement, les parents sont accusés de « couvrir la fugue ». Avant de partir, les gendarmes tentent de dissuader la famille Aboudou de recourir à des moyens de recherche. Ils sont, entre autres, menacés d’avoir à « payer les frais d’hélicoptère » si le jeune homme est retrouvé.
Après la découverte de la dépouille du jeune homme, le Rectorat a brillé par son absence. En revanche, des lettres de convocation continuent d’arriver au domicile de la famille Aboudou. Elles émanent de l’autorité scolaire qui, une année après la disparition très médiatisée du jeune homme, demande que ce dernier justifie ses absences. Convié à la journée organisée à la mémoire du jeune homme, le recteur ne s’est pas déplacé et n’a pas communiqué.

Les points aveugles de l’enquête
De manière générale, la famille, les amis et les citoyens solidaires regroupés dans l’association "Vérité et Justice pour Aafifoudine" (AVJA) pointent le biais général pris par l’enquête. Celle-ci, disent-ils, cherche plus à démontrer une thèse préétablie – celle de l’accident - qu’à rechercher les faits et les responsabilités. Un travers qui, selon eux, a conduit les enquêteurs à écarter ou à ignorer délibérément de nombreux faits et à délaisser des pistes. Ainsi, les membres de l’association se demandent pourquoi les professeurs et camarades de classe du jeune homme n’ont pas tous été entendus par les enquêteurs. Ils rapportent avoir demandé la saisie des SMS échangés avant et pendant le drame dans l’entourage scolaire de la victime, sans qu’il soit donné suite à leur demande. D’autres mentionnent l’état de la dépouille du jeune homme, qui n’évoque pas celui d’un corps ayant fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Plusieurs membres de l’association ayant participé aux recherches mentionnent la propreté relative du linge porté par Aafifoudine, fort surprenante dans un contexte météorologique marqué par de fortes pluies et des coulées de boue. À cela s’ajoute l’énigme que constitue la découverte de l’I-Pod du lycéen, trouvé encore chargé, avec écouteurs, au sommet de la falaise. Mystère, enfin, d’une photographie du jeune homme prise à quelques centaines de mètres de l’arrivée par l’un de ses accompagnateurs.

Un nouvel élément
Un an plus tard, le père du défunt a appris que son fils n’avait pas, à l’instar des autres élèves, emprunté le bus scolaire en direction du lieu de l’épreuve. Pourquoi cette information, essentielle, n’intervient-elle qu’aujourd’hui ? Qui étaient les mystérieux conducteurs ? Ce transport intervenait-il dans un cadre scolaire ? Les enquêteurs prendront-ils ce fait nouveau en compte ?

Geoffroy Géraud-Legros

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