Virapoullé et sa vision de l’humain

Ce n’est pas un poisson d’avril

3 avril 2006

Samedi, l’association Momon Papa lé la proposait à la presse réunionnaise, un parcours de l’humain sur Saint-André. Cela pour étayer la déclaration du sénateur-maire Jean-Paul Virapoullé, qui clamait haut et fort que l’humain était sa priorité. Consternant.

Cela part d’un triste constat. Rien n’est fait sur Saint-André. Si tout allait pour le mieux du monde, pourquoi existerait-il une telle association, Momon Papa Lé la ? Jean-Paul Virapoullé n’a tout simplement pas de projet pour sa commune, et encore moins pour sa population la plus indigente. Où est donc la maison-relais ? Comment pense-t-il mettre en place son SAMU social ? Rien, je vous dis, rien n’est fait. Et Patrick Savatier de nous concocter avec son équipe une petite visite de terrain instructive. Ô combien instructive ! Et je vous assure, cela n’est pas un poisson d’avril. C’est un triste constat.

Une certaine conception de l’humain

Visite du plateau sportif couvert de La Cressonnière, abandonné ou offert aux pigeons et autres oiseaux sportifs. Le Saint-Andréen doit courir entre les excréments des volatiles. Quel sport ! Aujourd’hui, les murs du complexe font la seule affaire des tagueurs. Petit détour au marché couvert de Saint-André, où quelques commerçants investissent encore les lieux. L’état y est tout aussi déplorable. On ressent ici tout l’intérêt que porte Jean-Paul Virapoullé à la qualité de vie saint-andréenne. À quand un vrai marché couvert accueillant dignement les Réunionnais et offrant une belle image aux touristes de passage ? "i paré nana in prozé po rofèr lo marshé, n’i atann touzour" nous confie un commerçant. Allée des cocos, quartier des Mahorais. On sait maintenant que le sénateur-maire de Saint-André a du mal à prononcer le sigle RHI, ou du moins à en faire appliquer les bienfaits. Résorption de l’habitat insalubre, il ne connaît pas. Juste avant, nous passions aux abords de la maison Martin Valliamé, visiter une maison - propriété de la Mairie - occupée par une famille de 7 enfants, qui doit quitter les lieux pour que leur demeure devienne un charmant salon de thé.

Appel à la solidarité réunionnaise

Et puis, cerise sur le gâteau, qui pourrait donner à tout Réunionnais un haut-le-coeur, tellement cela est indigne d’un élu qui prétend accorder la priorité à l’humain.
René Marcel et Charlette Allier, respectivement 62 et 54 ans, vivent d’une maigre pension de retraite, 700 euros. Il y a deux ans de cela, pour ne pas avoir payé quelques mois de loyer, ils se retrouvent expulsés de leur maison, 8 impasse Bois-Rouge. Aujourd’hui, ils demeurent dans un taudis type bidonville, sans eau, sans électricité, pour la seule et simple raison qu’il leur est impossible de sortir 3.000 euros de 700 euros de revenu. La Mairie, pour qui l’humain est le seul centre d’intérêt, leur distribue - avec un retard de surcroît - des bons de nourriture à valeur de 30 euros. Déjà, dans cette affaire, la SOFIDER, l’AGPSH, ainsi que la CAF brillent par leur manque de cœur. La Mairie quant à elle, par le biais de son CCAS, excelle par son indifférence totale à la misère humaine. Comment se fait-il, qu’avec autant d’humanisme, elle conçoive que des Réunionnais, qui ont œuvré toute leur vie dans les champs de canne, puissent vivre dans des conditions aussi néfastes ? Aujourd’hui, leur maison “décente” est entièrement vide depuis deux ans. L’association Momon Papa lé la appelle la population réunionnaise à la solidarité pour pallier aux carences d’un service communal d’aide social pris en flagrant délit d’abandon de population. Un numéro de compte sera ouvert à cet effet. Notre journal vous le transmettra ultérieurement.

Virapoullé, mauvais copieur

La semaine dernière, l’association Momon Papa lé la décroche une "convention cadre pour une politique de solidarité et de cohésion sociale sur Saint-André". Ici, c’est un flagrant délit de tentative de récupération politique de l’association. Tout passe par le Sénateur-Maire. C’est avec lui qui faut parler social. Or, tout ce qui y est mentionné fait d’ores et déjà partie des missions que s’est fixée l’association. Lors de la visite de Jean-Louis Borloo, ministre de la cohésion sociale, Jean-Paul Virapoullé vantait les mérites de l’association Momon Papa lé la, qui "s’occupe depuis sa création en 2004, de nombreux sans abris sur la région Est de Saint-André, notamment en développant les échanges avec les personnes démunies et reçues à la pension de famille Les Pluies d’or située à La Cressonnière". Depuis, rien dans les actes n’a été fait. Parole, parole, parole ! "Il y a 5 mois, Jean-Paul Virapoullé nous avait demandé de choisir un terrain sur la commune pour la construction d’une maison-relais, un projet validée par la DRASS et la Préfecture depuis 4 ans", explique Patrick Savatier, qui attend toujours. Par ailleurs, et c’est notable, Virapoullé et son équipe, notamment son ancien Directeur général des services Pascal Denis - aujourd’hui, tantôt monsieur chik’, monsieur social, monsieur 3ème âge, monsieur cohésion sociale - semble puiser son inspiration dans une note de l’association Momon Papa lé la dans son Plan communal de cohésion sociale (sans citer les véritables auteurs, cela va de soi), et sans rien faire non plus sur le terrain. C’est du pipeau. Du moins, Jean-Paul Virapoullé se montre précoce joueur de flûte, enchanteur comme pas deux, qui promet, c’est tout. Oh ! quel intérêt pour l’humain, pour les Saint-Andréens !
Entre temps, notons que l’association a reçu l’appui d’un artiste en devenir, qui appelle à "la révolution des cœurs". Jerrick Pausé, dit Gégé, chante pour l’action de Momon Papa lé la. Voilà enfin un doux soutien !

Bbj


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