Débat d’entre deux tours sur Télé Réunion

Au-delà des logiques partisanes...
Un seul vote : l’Alliance

25 mars 2004

Paul Vergès, pour l’Alliance, a d’emblée refusé de polémiquer avec la tête de liste socialiste au sujet de la non fusion des deux listes qui totalisent ensemble plus de 50% des suffrages au premier tour. Le fait qu’il n’y ait pas eu fusion n’induit pas une division, et la liste de l’Alliance a alerté à ce sujet sur l’inopportunité de développer une querelle qui ferait le jeu de l’adversaire. D’autant que l’adversaire présent sur le plateau, le représentant de la “liste Raffarin”, n’avait pas beaucoup d’arguments à faire valoir, si ce n’est un mensonge éculé, asséné comme un axiome de la méthode Coué : "la Région ronronne", a-t-il radoté pendant toute la campagne.
Hier, la contre-vérité la plus flagrante était sa fixation sur la "liste PCR", mensonge assorti de toutes les ringardises sorties des placards de la guerre froide. Après les mensonges, les procès d’intention - sur l’"isolationnisme" - et une lecture délirante d’un extrait d’un article de “Témoignages”, reprenant une assertion de... Raymond Barre, dangereux séparatiste devant l’éternel. Chaque mensonge a trouvé sa réponse, la plus cinglante de toutes étant peut-être celle qui a constaté "le ronronnement fécond" par lequel "les investissements les plus importants de la mandature 98-2004 ont été faits dans l’Ouest".
Un moment comique a mis devant son fantasme de "parti totalitaire" le représentant d’une formation (l’UMP), à qui Paul Vergès a dû faire observer qu’elle avait absorbé toutes les autres à droite et qu’elle dirigeait dans l’île le Conseil général et 19 communes sur 24... "Et elle voudrait s’emparer du seul pôle d’opposition qui reste... Ce n’est pas un parti dominateur, cela...?" Le représentant de l’UMP s’est fait tirer l’oreille de la sorte après chaque outrance - elles n’ont pas manqué - mais il lui est arrivé aussi de se contredire tout seul. Invoque-t-il avec des trémolos dans la voix le devoir d’une "défense intransigeante et exigeante des intérêts de La Réunion" ? C’est pour prévenir tout de suite après qu’il ne faut pas "tout demander toujours au gouvernement" - par exemple sur la continuité territoriale : pour Alain Bénard, les Réunionnais peuvent payer ! - et il ne faut pas attendre non plus de lui qu’il se "désolidarise du gouvernement"... Mais cela, les Réunionnais le savent et l’ont déjà sanctionné.

"Osons le culot !"

Chacune des outrances du leader de l’UMP a trouvé sa réponse. "Osons le culot !", a ironisé la tête de liste socialiste devant les sorties d’Alain Bénard. Mais au-delà de l’ironie, le bilan de l’action régionale détaillé par Paul Vergès a fait ressortir le nombre et l’importance des actions engagées - avec une délectation particulière pour celles qui ont concerné la commune de Saint-Paul... Le caractère impartial de l’action régionale est également ressorti, de même que la recherche d’un rééquilibrage des micro-régions. Devant la complexité des problèmes de l’emploi, de la continuité territoriale ou des déplacements, Paul Vergès s’est toujours efforcé de mettre les données en perspective, faisant ressortir la responsabilité de l’État, là où ce dernier est défaillant et, en vis-à-vis, l’action de la Région (la mobilité, les communications...), indéniablement marquée par les grands chantiers que la prochaine mandature devra concrétiser.
En conclusion, à côté de deux formations qui, à droite (UMP) comme à gauche (PS), s’abritent chacune derrière une tutelle métropolitaine, le calme et le sens des responsabilités déployés par l’Alliance des Réunionnais ouvrent une troisième voie : celle de la dignité réunionnaise et de la défense des intérêts de l’île, dans laquelle peuvent aussi se retrouver l’ensemble des listes régionales écartées du second tour. C’est à elles, autant qu’aux abstentionnistes, que Paul Vergès a lancé son dernier appel, "Votez pour la seule liste, l’Alliance, capable d’abattre la liste Raffarin".

David Pascale


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