La méthode des alliés de Raffarin

Aux Réunionnais de payer la décentralisation !

27 mars 2004

Le projet d’augmenter la taxe d’habitation de 44% à Saint-André préfigure la méthode que compte employer les soutiens du gouvernement Raffarin pour régler la question de la décentralisation : augmenter les impôts locaux pour permettre au gouvernement de ne pas assumer en totalité les transferts financiers nécessaires aux nouvelles compétences des collectivités. Car on sait très bien que jamais les alliés de Raffarin ne se lèveront pour défendre l’intérêt des Réunionnais face à des mesures néfastes décidées à Paris, ils ne cessent de le montrer depuis deux ans.

Lors du meeting de l’Alliance jeudi soir à Saint-André, Éric Fruteau et Paul Vergès ont révélé ce qui attend les Saint-Andréens : Jean-Paul Virapoullé veut augmenter la taxe d’habitation de plus de 44%.
Les deux candidats de l’Alliance aux cantonales ont informé plus largement les habitants de Saint-André hier. Éric Fruteau a indiqué que "la population est étonnée, surprise et montre son incompréhension". "Beaucoup nous ont fait part d’un sentiment d’injustice", a poursuivi le candidat de l’Alliance qui a diffusé dans son canton un tract qui reproduit le projet de délibération envoyé par Jean-Paul Virapoullé aux élus, en vue du prochain Conseil municipal qui se tiendra mardi.
Quant à Yvon Virapin, il a informé les citoyens de son canton du projet du porte-parole de la liste Raffarin aux régionales. Cette augmentation qui touchera tout le monde, et en particulier les plus démunis, a suscité de nombreuses réactions : "les gens ne sont pas heureux d’entendre cela", a dit Yvon Virapin. Un tract diffusé hier par le candidat de l’Alliance "alerte la population de Saint-André". Ce tract condamne non seulement la décision que le candidat de la liste Raffarin veut imposer dans sa commune, mais aussi le silence de Jean-Paul Virapoullé et des candidats qu’il soutient à Saint-André : Serge Camatchy et Jean-Claude Ramsamy. Ces derniers n’ont jamais informé la population, et si la loi n’avait pas obligé Jean-Paul Virapoullé à faire voter le budget primitif avant le 30 mars, les Saint-Andréens n’auraient jamais été au courant avant d’élire les conseillers généraux et régionaux. "Ils ne divulguent pas ces informations dans leurs réunions publiques", ajoute le tract d’Yvon Virapin qui se conclut par cette phrase : "raison de plus pour les sanctionner le 28 mars". À Saint-André, Jean-Paul Virapoullé veut faire payer au peuple les conséquences de sa gestion, mais cette décision a une portée très symbolique.

Désengagement

Ce qui se passe à Saint-André n’est pas isolé et préfigure la manière dont les alliés de Jean-Pierre Raffarin veulent régler la question de la décentralisation à La Réunion. Rien ne garantit que le gouvernement accordera aux collectivités locales des moyens financiers à la hauteur des nouvelles compétences transférées de gré ou de force. Cette situation a été dénoncée à de nombreuses reprises à La Réunion par la Région. Elle préoccupe en France métropolitaine des élus de toutes tendances politiques, même de l’UMP. L’Association des présidents de Région, composée en majorité d’élus de l’UDF et de l’UMP, a averti le gouvernement.
Par ailleurs, dans son édition du 11 février dernier, “le Figaro” avait interrogé le vice-président de Dexia Crédit local sur une estimation de la hausse de la fiscalité locale. Le responsable du “premier banquier des collectivités locales” situe l’augmentation des impôts locaux en France à environ 3%. Mais il "ne manque pas de souligner que, si le coût du RMI dépassait les 5 milliards d’euros que le gouvernement a prévu de compenser aux Départements, ceux-ci seraient obligés d’avancer la différence", rapporte “le Figaro”. Le journal précise que "cela pèserait sur les ménages par une nouvelle augmentation de la fiscalité locale". Et de rappeler que "le mécanisme a déjà été éprouvé avec la montée en charge de l’aide aux personnes âgées. Les dépenses de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) sont parties de 1,8 milliard en 2002 pour atteindre, selon les projections, 3,7 milliards d’euros en 2004".

Un choix décisif

Que risque-t-il de se passer si le gouvernement arrive à transférer de nouvelles compétences sans que les moyens financiers suivent ? D’ores et déjà, on sait que l’on ne pourra jamais compter sur la liste Raffarin pour s’opposer aux décisions du gouvernement. En effet, ceux qui composent cette liste ont toujours accepté tout ce qu’impose le gouvernement Raffarin depuis deux ans. Ce qui veut dire que si Paris veut se désengager à bon compte de plusieurs responsabilités au détriment des collectivités locales, Jean-Paul Virapoullé, Alain Bénard et leurs soutiens ne se lèveront jamais pour défendre l’intérêt des Réunionnais, ils se coucheront devant le gouvernement et n’hésiteront pas à faire payer aux Réunionnais le prix de la décentralisation à la mode Raffarin. Et si les Réunionnais sont trop pauvres pour payer, ce sont des services publics qui seront détruits : équipement, éducation, santé... Ainsi serait approfondie la politique de casse sociale que le gouvernement mène depuis 2 ans, avec la passivité complice de ses soutiens locaux.
Cette question est un enjeu important du scrutin, car au-delà de sanctionner tous ceux qui ont soutenu l’entreprise de casse sociale du gouvernement, il s’agit également pour les Réunionnais de faire le choix de la résistance, d’élire une équipe qui sera capable de se lever contre des projets néfastes pour notre île, quelle que soit la tendance politique du gouvernement qui souhaite les imposer.

M.M.


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