Brigitte Girardin insulte encore les Réunionnais

24 mars 2004

La ministre de l’Outre-mer a exprimé son mépris à l’égard de la tête de liste UMP en déclarant qu’il connaît un déficit de notoriété.

Invitée mardi matin par Radio-Réunion à donner son sentiment sur les résultats du premier tour des régionales dans notre île, la ministre de l’Outre-mer a affirmé qu’elle n’avait "jamais constaté qu’à La Réunion, la politique qui était menée outre-mer était une politique que l’on voulait sanctionner".
"Il y a peut-être des interrogations",
ajoute-t-elle. "Mais en ce qui concerne la politique outre-mer, je n’ai pas entendu vraiment de volonté de qui que ce soit de sanctionner. Je n’ai pas vu cela dans les déclarations des uns et des autres au cours de la campagne".
Il faut croire que Mme Girardin est soit sourde soit aveugle, sinon les deux à la fois !
Invitant à relativiser les choses, elle affirme que "Alain Bénard avait sans doute un déficit de notoriété" et qu’il n’est pas "un leader connu de la droite à La Réunion".
L’opinion qu’a la ministre de l’outre-mer sur la tête de liste UMP est étonnante.
Mme Girardin laisse clairement entendre que les dirigeants de droite réunionnais ont choisi pour les conduire à la bataille électorale une personne manquant de notoriété. Selon elle, face à Paul Vergès, le maire de Saint-Paul manque de poids. Interrogé sur ce sujet par Radio-Réunion, Alain Bénard a répliqué par une insolence : "les gouvernements passent et nous nous restons", a-t-il dit.
Jusqu’à quand la ministre de l’outre-mer va-t-elle humilier les Réunionnais et son propre camp ?
Elle a dit des chefs d’entreprise locaux qu’ils sont des "enfants gâtés". Elle a dit des Réunionnais qu’ils réclament "la bouche ouverte". Quand elle vient dans notre pays, elle dit "devoir se déplacer avec son chéquier". Dernièrement, elle a déclaré que le gouvernement en a "ras-le-bol des Réunionnais".


Les D.O.M. dans l’opposition au gouvernement ?

Il n’y a pas qu’à La Réunion où l’UMP est en perte de vitesse. C’est également le cas dans les trois autres Départements d’outre-mer (DOM).
Ainsi, en Guadeloupe, la présidente sortante UMP, Mme Michaux-Chevry (36,8%), est en ballottage difficile derrière la liste Guadeloupe pour Tous (44,6%). La Région est vraisemblablement perdue pour la majorité.
En Martinique, la liste conduite par Alfred Marie-Jeanne (indépendantiste) arrive loin en tête, avec 37,3% des voix, devant celle de Mme Grandmaison (17, 2%) qui représente le Parti progressiste Martiniquais. La liste UDF et une autre liste conduite par M. Samot, le maire du Lamentin, devancent la liste UMP, qui ne fait que 6,9% des suffrages.
En Guyane, Antoine Karam, le président sortant, membre du Parti socialiste guyanais (22,4%), résiste à l’UMP et au ministre Léon Bertrand 24,9%). Deux autres listes progressistes, celles de Mme Taubira (18,2%) et de M. Othily (19,5%), peuvent faire pencher la balance en faveur de la gauche. Il y a donc un risque pour le gouvernement que tous les DOM soient dans l’opposition au gouvernement avec un outre-mer totalement transformé sur le plan politique.


Un avertissement aux élus de l’U.M.P.

Selon Alain Bénard, les Réunionnais ont voulu sanctionner le gouvernement et cette sanction, dit-il, est sévère. C’est là un démenti à tout ce que les candidats UMP ont dit pendant la campagne électorale.
La tête de liste UMP a indiqué qu’elle transmettra au gouvernement l’expression du mécontentement des Réunionnais. Mais ce vote sanction s’adresse d’abord aux élus UMP de La Réunion et, à travers eux, au gouvernement.
Quant ils disent qu’ils vont demander au gouvernement d’en tirer les leçons, pourquoi ne l’ont-ils pas fait au moment où toutes les mesures impopulaires, qui frappent toutes les catégories de Réunionnais, ont été décidées ou votées ?


Ne donnons pas tous les pouvoirs à l’U.M.P.

En 2001, après avoir gagné plusieurs municipalités (Saint-Pierre, Saint-Louis, Saint-Denis, Saint-Benoît...), l’UMP voulait réaliser le grand chelem à La Réunion : prendre la majorité des communes, avoir la majorité des députés et sénateurs, diriger le Conseil général et puis prendre le Conseil Régional. L’UMP veut tout prendre pour pouvoir faire appliquer ici sans contestation la politique du gouvernement.
Or, c’est un membre de l’UMP qui est Président de la République. Ce même parti dirige l’Assemblée Nationale, le Sénat, le Conseil Constitutionnel, le CSA, etc...
Si nous voulons donner un coup d’arrêt à la politique de Raffarin, nous ne devons pas donner tous les pouvoirs à l’UMP. La Région doit rester un pôle de résistance, un lieu où les Réunionnais pourront dire haut et fort : "non à la casse sociale !"


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