Regards sur les élections

Christian Ballet, Délégué Général Adjoint de la Fondation Abbé Pierre

8 mars 2008, par Sophie Périabe

Quel regard portez-vous sur cette campagne électorale ?

- Un constat général : il y a beaucoup de candidats. A priori, c’est une bonne chose, car cela montre que les citoyens sont intéressés par la vie de la cité et veulent imprimer leur marque personnelle dans la gestion de la commune. Alors, quels sont les programmes de chaque parti, de chaque candidat, et particulièrement en direction des plus démunis et sur la question du mal logement ? Et notamment dans les 3 communes de l’île qui ne respectent pas le quota des 20% de logements sociaux.
Car, quelque part, il y a une différence entre les paroles des candidats, leur bonne volonté et la réalité du terrain, et c’est sur cette dernière donnée qu’il faut juger les candidats, il me semble.

Vous avez adressé, par voie de presse, une lettre ouverte aux candidats récemment. Avez-vous eu des réponses ?

- En effet, nous avons adressé une lettre ouverte aux candidats, mais aussi au grand public, et aujourd’hui, nous avons reçu une centaine de lettres. Dès la semaine prochaine, nous enverrons notre lettre à l’ensemble des candidats où l’on rappellera la situation en Métropole et à La Réunion concernant le logement social, le logement insalubre, pour voir s’ils sont prêts à s’engager sur ce terrain.
Voici un extrait de la lettre publiée :
« Nous avons besoin d’engagements forts de votre part, en particulier :

- Respecter la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) et notamment l’article 55 qui impose aux communes de disposer de 20% de logements sociaux sur leur territoire ;

- Vous engager à réaliser des programmes de construction d’habitat pour tous pour permettre l’application du droit au logement opposable ;

- Lutter contre le logement indigne afin d’éradiquer les 600.000 taudis recensés dans notre pays...
Ces dispositions sont inscrites dans la Loi, vous devez avoir le courage de les appliquer. Je serai attentif à vos propositions pour le mandat à venir et je veillerai à ce que vos promesses soient tenues si vous êtes élu ! ».

Quels sont les grands enjeux qui devraient animer cette campagne électorale, et notamment dans votre domaine, le logement ?

- Il faut savoir que la politique de logement d’une commune dépend des financements de l’Etat, mais cela passe également, pour beaucoup, par les financements de la commune. Sur ce terrain donc, les municipalités ont leur rôle à jouer, notamment sur les réserves foncières, sur la programmation des logements, etc...
Est-ce que les élus font le nécessaire pour faire appliquer la loi. Je pense bien sûr à l’application du droit au logement opposable, à l’article 55 de la loi SRU sur les 20% de logements sociaux. A l’heure actuelle et à ma connaissance, il y a 3 communes qui ne respectent pas cette loi : Saint-Paul, Sainte-Marie et le Tampon. Comment ces maires sortants vont-ils faire pour atteindre les 20% de logements sociaux ?

Il y a des maires qui préfèrent payer les amendes que construire des logements. La commune du Tampon, par exemple, est à 12% de logements sociaux et a payé 90.000 euros d’amende, qu’en pensez-vous ?

- On n’approuve pas du tout ces maires-là. C’est une manière de contourner la loi, alors qu’ils devraient l’appliquer. D’ailleurs, nous avons demandé au niveau national de supprimer cette possibilité de contournement du dispositif.

Propos recueillis par Sophie Périabe


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