Claude Hoarau sait exactement où ses adversaires l’attendent et, dans la situation d’écrasement où vivent actuellement les plus démunis, après seulement quelques mois de gestion ultralibérale, il n’a aucune difficulté à « remettre les comptes en équilibre ».
Critiqué en son temps pour sa politique sociale jugée “trop généreuse” par les institutions, le candidat d’union “surfe” aujourd’hui sur une réalité sociale devant laquelle ce genre de critique est de peu de poids : depuis, les Saint-louisiens ont vu pire.

La situation a certes beaucoup changé depuis les années 80, à Saint-Louis comme ailleurs, mais pas vraiment ou pas toujours dans le bon sens. C’est certainement ce qui explique une bonne part du succès de la “Conférence extraordinaire” de dimanche, préparée conjointement par les sections de Saint-Louis et La Rivière, sous la baguette de deux chefs d’orchestre virtuoses, Yvan Dejean et Hyacinthe Hamilcaro.
Ponctué des accords humoristiques des “Océan cuivres”, le rassemblement a été organisé autour de la présentation des colistiers de Claude Hoarau et de leur programme. Ce programme est aussi pour beaucoup dans l’unité retrouvée des Saint-louisiens. A l’applaudimètre, les plus populaires des nombreux artisans de cette unité sont sans conteste Jean Piot, Yvon Bello et les deux secrétaires de section déjà nommés.

L’autre raison de souder une unité sans faille est la nécessité de « balayer » à Saint-Louis « une gestion incontrôlée et malhonnête », faite de « favoritisme et d’ententes en tous genres » - a résumé Yvan Dejean - et finalement couronnée par une affaire de chèques détournés et une caution judiciaire de 45.000 euros : de quoi écœurer durablement les “ga la kour” dont a osé se réclamer Cyrille Hamilcaro, en 2001. Et pas seulement eux.

Jean Piot est président du groupe d’opposition municipale, en première ligne dans la critique des choix faits par le maire apparenté UMP. « Le point critiquable entre tous est sa gestion du foncier », a-t-il dit, en soulignant les problèmes que vont poser pour l’avenir « l’aliénation du patrimoine communal » à laquelle s’est livrée l’équipe sortante. « Où vont se faire les équipements ? », a-t-il dit, en appelant l’assistance à travailler à mettre un terme à cette gestion « dès le premier tour ». Il a ensuite décliné à grands traits ce que serait la gestion communale conduite par son camp : dans tous les domaines, une politique aux antipodes de la “casse” menée depuis 2001 - politique que Claude Hoarau devait développer plus tard dans ses trois axes majeurs.

Mais auparavant a eu lieu la présentation de la structure de la liste. Fondée sur la parité homme/femme - que Claude Hoarau a votée avec Huguette Bello et Elie Hoarau lorsqu’ils étaient à l’Assemblée nationale -, elle fait une part égale aux habitants de Saint-Louis et à ceux de La Rivière : deux délégations de 21 membres construites sur un dosage d’union des partis de progrès (PSR, PS, PCR), de ralliements d’élus de droite déçus ou humiliés par les agissements de Cyrille Hamilcaro, et de membres de la société civile. Ils ont pris la parole à tour de rôle pour exposer le sens de leur présence dans la liste et les valeurs sur lesquelles ils se retrouvent (voir ci-après).

Et parce que tous ceux qui sont actuellement dans la campagne ne pouvaient figurer sur la liste, 350 membres actifs constituent les “Conseils de quartiers” dans les 22 secteurs de la commune. Ils sont les relais entre les candidat(e)s - ou futurs élus - et la population, et seront jugés dans 6 ans à leur façon de la servir - a dit Claude Hoarau.
Il n’y avait pas que la fête et les éclats de trombone des Océan cuivres, hier à La Rivière. Il y avait, se dégageant des discours et de la liesse qui les a accueillis, un profond sens des responsabilités envers les destinées de cette commune qui, demain, avec cette équipe, donnera naissance à la 25ème commune de l’île : La Rivière (voir le programme).

P. David

Les visages pluriels de l’unité

Avec Jean Piot et Yvon Bello (PCR), sont venus Thierry Vaïtilingom (PSR), Vincent Almar (PS), Georges Prianon, adjoint au maire sortant, Max Bénard, qui fut conseiller municipal d’opposition de 1989 à 1995 élu sur une « liste de la diversité », et plusieurs membres de la société civile dont la porte-parole dans la Conférence a été Maître Christine Lacaille-Lallemant, avocate, sur laquelle le maire sortant exerce « pressions et chantages », a-t-elle dénoncé.

Jean Piot : « Je n’ai jamais vu autant de monde réuni à Saint-Louis à l’occasion d’un meeting électoral ».

Yvon Bello : « Sanctionnons ceux qui appuient le gouvernement UMP qui agresse le pouvoir d’achat des Réunionnais ».

Thierry Vaïtilingom : « Pas même du temps de la droite ultra, un maire n’avait jamais été empêché d’entrer dans la mairie, ni de rencontrer le personnel communal. C’est un scandale ! A sanctionner dès le 9 mars ».

Vincent Alvar : « Nous mettrons en œuvre un programme pour la jeunesse : des “job-vacances” pour tous les jeunes, un complexe sportif (là où le maire sortant veut faire un cimetière !) et des aides aux étudiants - dès la rentrée scolaire, en juillet-août ».

Georges Prianon : « Les “marmay la kour” ont de quoi se sentir humiliés par le comportement de celui qui se réclamait d’eux, en 2001. Ecartez les candidats fantômes et votez utile, dès le 9 mars ! ».

Christine Lacaille-Lallemant : « Mon accord avec Claude Hoarau est un accord sur ses valeurs politiques et sur un programme ».

Max Bénard : « Je suis aujourd’hui sans étiquette, mais pas sans conviction. Gaulliste, j’en appelle à ceux qui refusent la fatalité et le fait accompli. (...) Un certain nombre de Saint-louisiens, en liesse en 2001, ont aujourd’hui la gueule de bois. Trop, c’est trop ! Nous avons été trompés ! Il faut sauver Saint-Louis, ou plutôt... ce qu’il en reste ».

Claude Hoarau

« Souvenez-vous de l’immense misère de Saint-Louis en 1983... »

Claude Hoarau a dit son espoir de voir son équipe élue dès le 1er tour, le 9 mars. « Le maire fait distribuer ses tracts par les contrats d’avenir qu’il vient d’embaucher (...) et ses amis attendent de voir comment le vent va tourner ». Aussi, l’espoir est grand, dans son camp, de voir « le réveil de 1983 » lui donner au moins « 1.500 voix d’avance ». C’est le sens du rassemblement géant de dimanche, rappelant celui du 18 février 1983 à Pont Neuf...
Claude Hoarau n’a pas honte du bilan de ses mandats passés à la Mairie de Saint-Louis. « Tout ce qui a été fait à cette époque est toujours là », a-t-il dit, estimant aussi que « le plus grand nombre se souviendra du travail fait en faveur des plus pauvres ». « Aujourd’hui, la question n’est plus de remplir les marmites, mais de conduire ses enfants à la majorité, à la responsabilité, à l’emploi », a poursuivi le candidat, en déclinant les axes de l’action future au service des Saint-louisiens : 1/ Protéger les plus faibles 2/ Faire rayonner la commune 3/ Placer la jeunesse au premier rang.
Le slogan de cette campagne, tel qu’il s’est dégagé du discours du candidat, est : « Claude Hoarau, c’est mon poto » ; Un poto fier de ses 350 zarboutan (les membres des Conseils de quartiers) et de son équipe et qui ne cache pas qu’il sera un maire vers lequel pourra se tourner la population écrasée par la politique du gouvernement. « Un gouvernement incapable de tenir ses engagements et qui va prendre l’argent chez les plus pauvres », a-t-il dit en donnant l’exemple de la taxe télévisuelle imposée aux 700.000 personnes âgées, et du décret scélérat sur le RMI « que Sarkozy a fait signer à Martin Hirsch ».
Pour faire rayonner Saint-Louis, la première mesure sera de créer la commune de La Rivière, pour le développement de projets en intercommunalité. Cette partie du programme comporte le désenclavement routier, de grands projets d’aménagement du littoral et des projets touristiques dans les Hauts - entre autres « un camping de bon standing ».
Pour la Jeunesse, de nombreux chantiers attendent les élus pour améliorer les conditions faites aux enfants dans les écoles (bâti scolaire, restauration et service d’accompagnement scolaire) ; pour développer les équipements sportifs (une piscine en intercommunalité) ; réduire les « discriminations numériques » et développer la vie associative, comme moteur de la vie culturelle des quartiers. Le projet est de « récréer l’OMS et d’augmenter les disciplines sportives ».

P.D.