Cantonales : Saint-Denis 5

Dindar élu par défaut

17 mars 2008

Il suffisait d’un vote pour qu’Ibrahim Dindar soit élu hier, sans surprise, conseiller général du 5ème canton de Saint-Denis. L’électorat a néanmoins réagi à cette prise en otage des urnes, à cette candidature unique, fait rare en démocratie, par un surcroît de bulletins blancs et nuls.

«  Un scrutin à la Medvedev  »
Certes le candidat sortant est reconduit avec 3406 voix, soit plus du double de son score du premier tour (1313 voix). A participation équivalente (autour de 51%), en revanche, les votes de contestations ont flambé : 1537 bulletins blancs et nuls contre seulement 308 au premier tour. A-t-il bénéficié du report des voix (1036) du candidat PS, Philippe Naillet, retiré de la course suite aux tractations Annette/Ponin-Ballom pour rafler la mairie à René-Paul Victoria ? Peut-être. Une chose est assurée, nombreux étaient les mécontents hier au bureau de vote de l’école Azéma aux Camélias. Parmi eux Jean-Philippe, 52 ans, électeur fidèle à la gauche qui pour la première fois hier, a choisi de sanctionner « les magouilles » du PS local en faussant son bulletin. « Depuis 3 mois, on nous dit qu’il faut bat déor Dindar et là, on se retrouve sans choix, avec seulement sa candidature. C’est la première fois que je vois ça. C’est anormal. I pran anou vréman pou d’kouyon.

Si Annette i pran in kalot i sra bien fé. » Le secrétaire général du PS local n’aura cependant pas subi le revers des électeurs, en dépit du désaveu ressenti par nombreux d’entre eux suite à cette fusion de liste pour le moins inattendue avec les dissidents de la droite “anti-victorienne”. La division de l’UMP aura finalement servi la gauche. Mais cette « ouverture » contre nature laisse néanmoins un goût amer à l’électorat du 5ème canton qui voit ici un bafouage éhonté de la démocratie, « un scrutin à la Medvedev. » Marie qui n’a pas voté pour le candidat sortant au premier tour estime que l’élection est « faussée ». « Quelle est le sens de sens vote ? On a le droit d’avoir le choix, d’autant que de jeunes listes avaient quand même des propositions intéressantes. Il aurait fallu au moins leur laisser une chance. » Accompagnée de sa maman, cette dernière âgée de 74 ans n’a pas souvenir d’avoir jamais rencontré un tel cas de figure. Sa soeur Françoise, qui fait toujours le choix de s’abstenir au premier tour pour, selon ses dires, être assurée que les candidats viendront à sa rencontre pour la course au second, estime qu’il s’agit là d’une prise d’otage digne d’un état de « dictature ». Elle ne cache pas la couleur de son bulletin : il sera blanc en signe de contestation.
Ceci étant, le résultat étant joué d’avance, la désapprobation des électeurs n’aura pas eu suffisamment de poids, ni même son envie initiale de changement exprimée par les urnes. Ce cas unique doit vraiment interroger sur l’exercice de la démocratie à La Réunion, sur les limites que les candidats ne doivent pas franchir pour atteindre leurs objectifs, à savoir mépriser l’avis des citoyens.

SL


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