Cantonales du 21 mars

Dominique Atchicanon : les Réunionnais au cœur des décisions

Assemblée générale des communistes de Saint-Benoît vendredi dernier

12 janvier 2004

Vendredi soir, les communistes de Saint-Benoît tenaient leur assemblée générale, à un peu plus de deux mois des élections cantonales et régionales. L’assemblée comptait près d’une cinquantaine de personnes.
Sous la présidence de Gilbert Ramin, les participants ont pu faire le point de l’activité de l’année écoulée : 2003 a été l’année de la relance de l’activité militante à Saint-Benoît. De nombreuses initiatives ont été menées à bien : l’information de la population sur la politique du gouvernement Raffarin et du député UMP, Bertho Audifax, la formation des jeunes communistes par des membres du Comité central, reconstruction d’une organisation de terrain...
Le débat a ensuite évidemment porté sur les élections. Dans deux mois, les élections cantonales et régionales donneront aux Réunionnais la possibilité de s’exprimer sur la politique de l’UMP et ses conséquences désastreuses pour La Réunion.
Jean-Max Hoarau a rapidement résumé les mesures prises par le gouvernement, toutes votées par le député Bertho Audifax : la première fut le presque doublement des salaires des ministres : "Bann la té i fé pityé". Puis une suite ininterrompue de coups durs pour les plus pauvres : suppression des emplois jeunes ; grave remise en cause des retraites ; raccourcissement de l’ASS pour les chômeurs en fin de droit (une mesure dramatique pour plusieurs milliers de Réunionnais) ; la scandaleuse transformation du RMI en RMA (véritable agression contre les plus démunis) ; diminution du nombre de CES ; médicaments non remboursés entraînant l’augmentation de 35% des mutuelles pour 2004 ; le transfert des personnels de l’Éducation nationale au Département, avec une droite réunionnaise qui se disait contre mais qui a voté le texte à Paris ; la diminution des crédits pour le logement social. Toutes ces mesures touchent très durement les plus démunis d’entre nous.
Des coups encore plus durs sont annoncés, en particulier la remise en cause de la Sécurité sociale, ou l’abandon de la responsabilité du logement par l’État et son transfert aux communautés de communes.
Il n’y aura plus de consultation des électeurs pendant trois ans. Ces élections cantonales et régionales sont donc la chance unique pour les Réunionnais de faire entendre leur voix sur ce qui se passe.

Pour une démocratie participative

L’assemblée générale a ensuite fait le point sur l’action de Paul Vergès au Conseil régional. Le bilan est connu de tous : pour le mandat qui vient, notre île en récoltera les fruits, avec des chantiers qui donneront du travail à beaucoup d’entre nous : tram-train, route des Tamarins, développement des énergies renouvelables, développement des échanges économiques avec la Chine, le Mozambique,
Madagascar, et bientôt l’Inde ; effort de formation des adultes sans équivalent dans la zone ; soutien à la formation des plus jeunes avec la construction de lycées, et l’aide à la rénovation des écoles primaires qui normalement revient aux Communes...
Dominique Atchicanon a enfin fait le point sur la situation politique à La Réunion et à Saint-Benoît concernant les élections à venir.
Les communistes de Saint-Benoît ont décidé de soutenir sa candidature au siège de conseiller général du 2ème canton (Sainte-Anne). Déjà soutenu par un comité issu de la société civile, Dominique Atchicanon reçoit donc le soutien des communistes, du PSR, de Camille Sudre et de FreeDOM, de La Réunion Autrement et d’une large fraction des Verts. Outre une lutte résolue contre l’application par le Conseil général des mesures de l’UMP, Dominique et le groupe "S’Associer pour Agir Ensemble" veulent développer une autre façon de faire de la politique, associant les Réunionnais aux décisions et à l’action, en développant le mouvement associatif, la démocratie participative, la proximité ; l’ensemble de la Confiance à Beaufonds, avec Bras-Fusil, Bras-Canot, Beaulieu, la Ville doit devenir un canton à part entière, le 3ème de Saint-Benoît ; Sainte-Anne doit être préparée à devenir rapidement une commune.
Il veut engager les moyens du Département dans le développement de l’économie alternative, de l’économie solidaire et des entreprises d’insertion ; permettre aux petits exploitants agricoles, étranglés aujourd’hui, de sauver leur exploitation et d’en vivre correctement ; développer une vraie politique pour les personnes âgées, dont le nombre va être multiplié par quatre dans l’Est, pour les exclus, et pour les personnes marginalisées par notre société soumise aux lois du marché.
L’objectif attendu par les communistes de Saint-Benoît est clair : le candidat qu’ils ont choisi de soutenir devra être présent au second tour des élections cantonales, puis tout mettre en œuvre pour remporter l’élection. Par la politique irresponsable de l’UMP, par l’aspiration des électeurs à l’unité des Réunionnais pour résoudre leurs problèmes, tous estiment ces deux objectifs réalisables.
Les communistes de Saint-Benoît se sont séparés sur un pot de l’amitié.

Réflexions sur une liste et les candidatures d’alliance
Une lettre de lecteur, parue dans "le JIR" d’hier (« Militants désemparés », page 46), soulève pour les militants du PCR une problématique intéressante, même si son objectif est trop visiblement de semer le trouble dans les rangs du parti politique réunionnais qui s’avère être le plus fervent partisan de l’union. Sans être dupe de la démarche, il faut prendre dans la question posée ce qu’elle contient de positif pour la stratégie du PCR.

La substance de cette lettre est une protestation contre la stratégie d’alliance prônée par le PCR pour les prochaines élections, sous prétexte que cela oblige à accueillir sur la liste commune pour les régionales, ou comme candidat(e)s d’union pour les cantonales, à la place de communistes "purs et durs" qui - paraît-il - « attendent d’être pris en considération depuis des années », des gens « qui viennent de n’importe où », « sans grande influence » et même « sans avenir » (?).

Laissons de côté le fait que cette lettre cible une composante particulière de l’alliance : théoriquement, le cas pourrait se poser pour n’importe lequel des autres alliés. Débattons plutôt du fond en rappelant un certain nombre de principes très simples.

Dès lors qu’un parti politique veut aller à une élection comme les prochaines régionales sur une base de rassemblement, il doit évidemment songer à faire une place à d’autres composantes politiques, dans le respect de ce qu’apporte chacune et de son influence réelle dans la société réunionnaise. Si les électeurs et électrices qui se reconnaissent dans les candidat(e)s d’un parti donné avaient le sentiment que leurs "champions" ne servaient que de faire-valoir d’une autre formation à tendance hégémonique, ils pourraient être tentés de se détourner du scrutin et de la liste où les candidatures d’alliance ne rempliraient pas leur rôle, qui est de créer une dynamique d’entraînement majoritaire.

Dans cette dynamique, chacun a un rôle à tenir et à partir de ce moment-là, il n’est plus possible de dire que tel ou telle candidat(e) vient « à la place » d’un(e) autre. Et c’est encore cette dynamique qui sera, après l’élection, la garante de l’application du programme de l’alliance pendant la mandature, sous le contrôle des citoyen(ne)s électeurs et des militant(e)s.

Autre chose : la lettre de ce lecteur entretient une confusion entre « militants » et « candidats », comme si les premiers avaient forcément vocation à devenir des candidats potentiels en période électorale. Le processus par lequel un parti comme le PCR désigne ses candidats est un processus complexe dans lequel les dirigeants communistes ont à exercer un haut niveau de responsabilité ; mais il est une chose que, surtout au PCR, le militantisme nous apprend : il n’attend aucune espèce de récompense ou de « considération », pour parler comme le lecteur du "JIR" (qui manifestement n’est pas un communiste... ouf !).

La vocation des militants est de faire vivre leur parti, à travers des actions politiques et des thèmes de campagne qui traduisent l’identité de ce parti dans l’alliance. Elle est aussi de garantir la capacité d’intervention de ce parti dans la vie sociale, culturelle et politique au-delà de la seule traduction électorale. Il faut garder en mémoire les leçons tirées du passé.

En faisant vivre leur parti, les militant(e)s entretiennent avec leur direction une relation de respect mutuel et de confiance dans laquelle la suspicion et le « désemparement » n’ont pas leur place.

La façon dont leur "identité politique" sera traduite ensuite par des hommes et des femmes, à la fois issu(e)s du parti et membre d’une alliance qui le dépasse, est une question beaucoup trop complexe pour pouvoir être réduite à une équation simpliste du type de celle que propose ce lecteur du "JIR". Une alliance réussie n’est pas un simple conglomérat, pas la seule addition mathématique et comptable des candidat(e)s qui la composent : elle doit comporter quelque chose de plus qui en scelle l’unité et la cohérence.

Chaque période électorale voit fleurir ce genre de préoccupation, dont l’intention est trop orientée pour qu’on lui prête le moindre crédit. Il n’y a qu’en période électorale que les médias dominants ouvrent leurs colonnes à ces "gardiens du temple non identifés" débordant de sollicitude envers les militants communistes.

Le rôle des vrais militants est de se saisir de cette sollicitude pour poser les vraies questions : celles du contenu programmatique de l’alliance, du projet de développement durable pour La Réunion et de toutes les questions sociales à partir desquelles il est possible de réaliser de nouvelles avancées. En sachant que ces avancées ne seront effectives que si nous sommes capables de rassembler très largement les Réunionnais(es), pour faire échec aux opérations de division, d’où qu’elles viennent.

Pascale David


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