Et quand ces idées sont politiques au sens premier de polis, à savoir qui engagent la vie de la cité, elles possèdent bel et bien des couleurs : Bleu, Blanc, Rouge. Les couleurs primaires, on les enseigne bien à tous les enfants à l’école. Elles sont un repère, un incontournable, un précis des nuances que la vie nous offre. Mais voilà que ces élections sont avant tout marquées par une dilution de ces teintes primaires. Qui n’affiche ne se fiche ? Bien au-delà d’une étiquette, assumer son parti, c’est assumer ses idées, avoir une vision politique pour sa commune, son département.

Une ville, une île, un DOM, une RUP

Certes, un maire a en charge la gestion d’une ville, d’un micro-territoire compris dans un plus large territoire, en l’occurrence La Réunion, une île, un département français, un DOM, une Région ultra-périphérique. Peut-il sciemment prétendre face à l’électorat gérer sa ville sans vision politique ? Pour désorienter une partie de l’électorat, on préfère ne pas afficher la couleur, comme si avant l’élu de parti, l’on votait pour l’homme. Ma foi, l’homme en lui-même peut ne pas être “désagréable” ; par contre, le même homme, adhérent d’un parti, sympathisant d’un mouvement d’idées, peut être moins agréable car correspondant moins à ses idées de la vie et de l’avenir. On veut occulter dans ces élections les enjeux communs qui lient la gestion politique des communes à l’avenir de notre territoire. Prenons un exemple : le foncier.
On parle solidarité, mais pas foncier, et pourtant. Savoir gérer le foncier quand on est maire, c’est savoir gérer le présent mais aussi l’avenir. Préempter pour constituer des réserves sur son territoire, c’est développer le logement social, les implantations économiques (nombre de jeunes novateurs n’ont pas les terrains pour impulser une dynamique économique et donc sociale), c’est avoir une vision politique qui privilégie l’intérêt collectif plutôt que la donne partisane, le gâchis intéressé. Celui qui ne sait pas gérer son foncier va renvoyer son incompétence sur les communes mitoyennes : à vous d’accueillir les postulants de plus en plus nombreux aux logements sociaux ; à vous encore d’inventer la mixité sociale, la ville de demain...
De la même façon, on parle environnement avec un grand E globalisateur, mais on ne parle pas assainissement. Dit-on aux électeurs que l’Europe est en colère contre nous ? Que nous enregistrons d’importants retards sur la question ? Qu’en plus d’être amendables pour ne pas respecter les consignes européennes de mises aux normes, nous engageons aussi la biodiversité et la santé des citoyens ? Mieux encore, le maire UMP dira-t-il que l’installation d’infrastructures est inévitable et que le même gouvernement UMP dégage ses billes financières sur la question ? Non ! Bien sûr que non. Et puis, pourquoi en parler ? Ça n’intéresse pas les électeurs. Ce que l’on veut, ce sont des aires de jeux, des festivités pour le peuple... C’est pour cela que les électeurs vont couler leurs bulletins... Foutaise !

On a besoin d’une vision politique

Encore un exemple, si besoin. Celui des déchets. Ah ! Les fameux déchets. Incinérateur ou pas incinérateur ? On veut communaliser le débat, pourtant le dossier des déchets se gère au niveau départemental. Michel Fontaine, Maire reconduit de Saint-Pierre, après des va-et-vient incessants, finira par dire, impopularité oblige, qu’il n’y aura pas d’usine à brûler sur “sa” commune tant qu’il sera maire. Formidable comme argument électoral, mais que propose-t-il comme alternative ? Suffit-il de renvoyer la balle aux autres ? On pourrait encore aborder ici le sujet du tram-train et de ces maires omnipotents qui engagent l’avenir, que dis-je, le quotidien de leurs concitoyens en refoulant le projet par simple et pugnace opposition d’hommes.
Et l’Ecole ? Parlons-en. Le maire qui met son étiquette de droite dans le dos en prétendant lutter contre l’échec scolaire et dont le parti vilipende les mauvais élèves, effectue un tri sélectif, par sur-évaluations incongrues, juste pour limiter les dépenses et se décharger des “cas” difficiles, liquider des outils éducatifs, comme les classes-contrat, à La Réunion par exemple ? Non, vraiment, Municipales ou Cantonales (dernières élections qui mériteraient vraiment une autre période pour être reconnaissables auprès des électeurs), s’il est important d’avoir un maire, d’avoir un conseiller général pour défendre les dossiers sociaux, il est important de donner aux électeurs, en toute franchise, une vision politique, une orientation d’idées. Vous me direz alors pourquoi le PCR ne mentionne-t-il pas son appartenance ? Elie Hoarau tromperait-il les électeurs en ne précisant pas qu’il est communiste ? Quelqu’un l’ignorerait-il encore à La Réunion ? Serait-il, qui plus est, dénué de projets, de vision politique quand, depuis 20 ans, le PCR formule des propositions, des projets qui engagent non pas un homme, mais les femmes et hommes du pays ? Il ne faut pas avoir raison trop tôt. C’est sur. Accepter de se fondre dans le moule actuel de l’hypocrisie électoraliste, médiadico-populo-démago... and gogo à souhait ? Rien n’est moins sur. Zéléktèr lé pa kouyion kom i kroi. Souvan défoi, lé mamay, lé vré, i pèrd konfians sinon i vot lo zié férmé, soman di pa in zéléksion i fé san lo pèp.

« ... les valeurs de l’intérêt général, du travail et de la sécurité »

Et justement. M.Fillon, notre Premier ministre, ne nous rappelait-il pas, hier soir, de son estrade scintillante élyséennne, tout « l’attachement à la démocratie locale » de ces élections ? Pas de confusion entre le pouvoir en place et les scrutins locaux : Sarko à fait marche arrière, impopularité oblige, là encore, il a finalement décidé de ne pas s’immiscer. Néanmoins, si tout le monde se réjouit de la participation du peuple français à ce scrutin, l’enjeu reste national : va-t-on donner ou non pleine mansuétude à l’UMP ? Comme l’a dit encore François Fillon en substance : l’opposition, vilaine, cherche à exacerber les clivages politiques. Elle se revêche sans alternative, elle lutte encore en dépit du choix unanime des Français en 2007 qui ont légitimé le président actuel. Et François, dans son interlocution, de reconnaître alors que la voix du peuple veut que ceux qui votent aujourd’hui encore pour ces nouveaux enjeux soient ceux qui « reconnaissent les valeurs de l’intérêt général, du travail et de la sécurité ». Vérifiez bien les étiquettes des candidats pour le second tour !

SL