Elections demain

Ensemble pour faire avancer le projet réunionnais

15 mars 2008, par Manuel Marchal

43 ans après la fondation du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale (CRADS) qui a réussi à remettre en cause le vieux statut colonial de La Réunion, notre île aborde un scrutin dans un contexte politique particulier. Pour sortir de la misère coloniale, le rassemblement autour du CRADS avait réussi à trouver une issue capable de transformer La Réunion à partir d’une victoire politique. 43 ans après, la dynamique du rassemblement est en marche pour changer la carte politique du pays, et renforcer le partenariat institutionnel, notamment pour faire avancer un objectif : travailler ensemble à un projet porté par tous les Réunionnais.

Le résultat des élections sera lié aux précédentes municipales de 2001 et à la présidentielle de l’an dernier.

Aux municipales de 2001, le PCR a été réduit à trois communes, le PS à deux si on compte Petite-Île. 19 communes sont dirigées finalement par des maires classés à droite. Cela a entraîné un bouleversement de l’intercommunalité à La Réunion (voir encadré).

Ces élections tiennent également compte d’un contexte post-présidentiel. En effet, elles étaient normalement prévues avant l’élection du Président de la République. L’objectif de ce changement de date était de faire bénéficier à la majorité de la dynamique des élections présidentielles et législatives. Ceux qui ont pris cette décision attendait une plus-value électorale. Or, quel est le résultat ?

D’ores et déjà, il est certain que l’UMP sera le perdant. En effet, dès dimanche dernier, ce parti a perdu la municipalité de Saint-Benoît. Il peut donc espérer au mieux la direction de 18 mairies au lieu de 19. Mais ce score paraît difficilement réalisable eu égard à l’état des forces en présence pour ce second tour.
Le PS souhaite s’imposer à Sainte-Rose, à Petite-Île où il est en concurrence avec d’autres socialistes, et à Saint-Denis.

Le PCR est arrivé en tête à Saint-André et à Saint-Louis, et en coalition avec le MoDem à Saint-Leu. Il est en bonne position à Saint-Paul, ainsi qu’à Bras-Panon et à Trois-Bassins à travers deux listes qu’il soutient.

Cette situation est là pour souligner qu’un profond renouvellement des directions politiques des communes est possible dimanche à La Réunion. Ce n’était pas le but poursuivi par ceux qui ont décidé de reporter les municipales d’un an.

Travailler ensemble

L’enjeu politique de ces élections est la capacité des Réunionnais à travailler ensemble et à se concerter pour définir un projet pour La Réunion. Elaboré au sein des municipalités, des intercommunalités, et des deux assemblées locales, ce programme fera l’objet de négociations avec l’Etat et l’Europe.

Face à la crise que connaît le pays, il n’y a pas d’autre solution que de définir ensemble un tel projet. Cette crise est structurelle. Elle se caractérise notamment par le manque d’emplois, le mal-logement, la pauvreté, l’illettrisme ou la vie chère. Cette situation spécifique nous oblige à fédérer les énergies pour arriver à proposer un projet acceptable par tous. Ce qui veut dire que quelle que soit la tendance politique des équipes qui seront élues dimanche, elles devront participer à l’élaboration de la réflexion.

Cette attitude tournée vers le développement du pays doit tordre le cou au sectarisme partisan. L’intérêt public nous pousse à travailler ensemble. Face à la situation actuelle, et avec la perspective du million d’habitants, existe-t-il une autre voie ?

Manuel Marchal


Vers quelle intercommunalité à La Réunion ?

Les élections de 2001 ont marqué des changements majeurs pour l’intercommunalité à La Réunion. Au lendemain de l’élection, c’est l’effondrement de la CIVIS au terme d’une expérience de plus de 15 ans. Cela a conduit à une recomposition de l’intercommunalité.

Le Port et La Possession créent avec Saint-Paul, Trois-Bassins et Saint-Leu le TCO. L’expérience des deux communes PCR va pouvoir enrichir le TCO, de la même manière que celle de Sainte-Suzanne contribue au développement de la CINOR.

Ces sept dernières années ont vu la création de plusieurs communautés d’agglomération. Aujourd’hui, toutes les communes de La Réunion sont en intercommunalité. C’est le résultat de la démarche pionnière lancée au lendemain des élections de 1983 par les communes dirigées à l’époque par le PCR. Le SIVOMR a été très critiqué par ses détracteurs. Aujourd’hui, plus personne ne conteste la nécessité de l’intercommunalité. Cette dernière va même se renforcer avec la mise en place de quatre communautés d’agglomération correspondant aux quatre microrégions de l’île.

De part son fonctionnement, l’intercommunalité a permis aux élus de sortir du sectarisme et du chauvinisme communal pour travailler en partenariat avec d’autres élus n’ayant pas la même étiquette politique.

Un des enjeux du scrutin de dimanche est le devenir de cette expérience de l’intercommunalité. Va-t-on utiliser ces structures à des fins électoralistes ? Ou va-t-on en faire des outils de développement au service de l’intérêt général ? C’est sans doute un tournant qui se prépare.


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