Un des derniers meetings de la campagne pour le second tour des élections régionales et cantonales s’est tenu hier soir en présence de Paul Vergès, dans un lotissement de La Saline, les Muscadiers, dans le quatrième canton de Saint-Paul, où le syndicaliste de la Fonction publique Jean-Marc Gamarus tient en respect le candidat UMP de la Mairie. Pour la liste de l’Alliance, c’est un autre syndicaliste enseignant, Raymond Mollard, qui a fait le rappel du mouvement social déclaré dès 2003 contre les réformes destructrices du gouvernement Raffarin. Devant la force de ces protestations, les élus UMP de l’île ont opposé un silence complice, un silence honteux dont ils paient aujourd’hui le prix. Que reste-t-il au gouvernement et à ses soutiens locaux, après le vote du 21 mars ?
C’est ce que les différents orateurs, de Huguette Bello à Paul Vergès, de Raymond Mollard à Hary Mardenalom, Jean-Claude Melin et Jean-Marc Gamarus, ont expliqué à la population présente, en l’appelant à amplifier la protestation demain. Leurs interventions ont mis en exergue le sens du vote du 28 mars : amplifier la sanction, affirmer par une forte majorité la volonté d’une autre politique, rétablissant des services publics de qualité toujours plus étendus - pas la peau de chagrin qu’ils sont dans la commune de Saint-Paul, comme l’a rappelé Huguette Bello, députée de la circonscription - et préparant un développement durable pour l’avenir.

"Un vote de raison, un vote utile"

Raymond Mollard a soulevé un aspect important dont il faut convaincre d’ici dimanche le plus grand nombre d’indécis : sur le fond, même lorsqu’ils reconnaissent cette casse et le caractère négatif de la politique gouvernementale, les élus UMP ne sont pas prêts de changer de politique. Ils n’ont aucune alternative et leur discours sur le ton du "je vous ai compris" n’est nullement convaincant. Les seuls qui peuvent réellement apporter un changement - a dit Raymond Mollard - c’est la liste de l’Alliance à la Région, et les candidats soutenus par l’Alliance dans les treize cantons encore en ballottage.
À Saint-Paul, dans quatre cantons, des candidats soutenus par l’Alliance proposent d’aller renforcer au Conseil général le groupe d’opposition à la politique de casse du gouvernement libéral. Les résultats du premier tour ont montré que cet objectif est à leur portée ; les candidats UMP quant à eux ont reçu "la réponse du peuple au mépris, à l’arrogance, à la domination d’un gouvernement qui les écrase" et qui veut continuer à le faire. La seule solution est de l’arrêter net dans son élan. Chacun dans son canton a appelé le plus grand nombre d’électeurs à faire dimanche "un vote de raison, un vote utile pour le canton et pour la Région". Ils ont aussi expliqué pourquoi il n’était pas possible, dans les deux jours qui ont suivi le premier tour, de remettre en cause l’équilibre d’une liste composée sur plusieurs mois.
La consigne, pour dimanche, est de créer les conditions d’un “ras de marée” pour les candidats de l’Alliance, la mieux placée pour mettre en échec le gouvernement Raffarin.

Les soutiens

Paul Vergès a reçu depuis dimanche plusieurs messages de soutien et d’encouragement, y compris de la part de dirigeants et élus socialistes métropolitains - Georges Sarre (du courant Chevènement), Jean-Paul Huchon, président socialiste sortant de la Région Île de France...- qui tous lui souhaitent d’infliger une sévère défaite au chef du gouvernement. L’artisan de la liste d’Alliance sait que l’équipe patiemment construite est le seul contre-feu opposable au désir d’hégémonie de l’UMP. Celle-ci dirige déjà dans l’île 19 communes sur 24 (l’Alliance est arrivée en tête dans dix-sept municipalités) ; elle a la majorité au Conseil général, quatre mandats de députés et sénateur... Et elle voudrait mettre la main sur la seule collectivité capable d’opposer aux mesures gouvernementales la traduction de la volonté populaire. Celle-ci s’est exprimée clairement le 21 mars : il faut rendre la défaite plus cinglante encore le 28 mars, a résumé Paul Vergès, après des explications données sur l’absence de fusion avec la liste socialiste au deuxième tour. "La démonstration est faite que la stratégie de l’Alliance a répondu à la volonté populaire et que nos mises en garde faites aux socialistes avant le premier tour étaient justes : Bénard ne peut plus rattraper son retard", a expliqué Paul Vergès.
La situation au second tour invite tous ceux qui ont constitué pour le 21 mars une liste d’opposition à Raffarin, qui ne sera plus en lice le 28, à soutenir l’Alliance. Les conditions existent pour qu’une large majorité Alliance-PS l’emporte, en laissant loin derrière une UMP qui n’a pas d’autre recours que de réveiller les méthodes du passé. Et ce n’est pas ce qui la sauvera...
Constatant que la tête de liste UMP est en plein désarroi et ne sait plus comment expliquer sa position (il ne serait pas UMP mais il a accepté la tête de liste ; il reconnaît la casse mais ne peut s’opposer au gouvernement...), l’Alliance appelle à voter utile, c’est-à-dire à battre Raffarin "dans les 24 communes". Plus nous serons nombreux à nous reporter sur la liste de l’Alliance, plus il y aura de Réunionnais prêts à se dresser contre la politique néfaste du gouvernement, plus la Région Réunion pourra traduire dans le long terme la volonté populaire d’une autre politique au service des travailleurs, de la jeunesse et pour l’avenir du pays, a conclu hier Paul Vergès.

D. P.