Au Conseil général

L’effet “Alliance” augmente la représentation de toutes les formations anti-UMP

31 mars 2004

Certains commentaires présentent les résultats des élections cantonales 2004 à La Réunion de façon très partisane et sectaire, attribuant la plus grande victoire au Parti socialiste. Cette vision, qui s’en tient à l’écume des choses, est très contestable. Si l’on considère les faits de façon objective, on constate que globalement, les formations politiques anti-UMP représentées au Conseil général confortent leur position : l’Alliance compte 3 élus de plus que n’en comptait le groupe EDDE (Egalité, Développement, Démocratie, Environnement) et le PS renforce sa représentation de 4 élus au Département.

Avant les élections cantonales des 21 et 28 mars 2004, l’opposition au Conseil général de La Réunion se composait de 6 élus PCR, de 3 élus du Mouvement La Réunion Autrement (MRA) - tous réunis dans le groupe EDDE - et de 3 socialistes. De cette opposition de douze élus, huit étaient concernés par le renouvellement : cinq communistes, deux MRA et 1 socialiste.
Sept membres sur neuf du groupe EDDE ont donc remis leur mandat en jeu dans les dernières élections. Cette dernière indication montre où était le plus grand risque et pourquoi il était important de faire jouer, dans l’élection cantonale également, une dynamique unitaire.
Avec la perte du 4ème canton de Saint-Paul (à 9 voix près...!) (voir encadré) , le PCR a renouvelé quatre élus sur cinq au premier tour - Yvon Bello, Jean-Yves Langenier, Roland Robert et Monica Govindin - pendant que le socialiste Philippe Leconstant était réélu. À noter aussi les deux élus socialistes gagnés sur la droite à Saint-Joseph dès le premier tour.
La situation était plus contrastée pour le MRA, dont les deux sièges renouvelables sont allés au deuxième tour au socialiste Gérald Maillot et au candidat de Saint-Paul 3 soutenu par l’Alliance. Soit deux sièges finalement remportés dans la dynamique des désistements républicains du 2ème tour.
C’est cette dynamique, nourrie de l’émulation de la triangulaire du 2ème tour, qui a permis d’ajouter aux élus du premier tour huit nouveaux élus, dont sept ont repris leur siège à la majorité UMP : trois communistes (Eric Fruteau et Yvon Virapin à Saint-André, Maurice Gironcel à Sainte-Suzanne) ; deux divers soutenus par l’Alliance (François Léa à Saint-Paul, Maurice Hoarau au Tampon) ; un MRA (Alain Zanéguy à Saint-Denis) et deux socialistes élus par le jeu des désistements et du soutien républicain.
Au total, les élus EDDE rassemblés aujourd’hui dans l’Alliance sont passés d’un groupe de neuf élus à douze, dont six ont été gagnés sur la droite - 8 PCR, 2 MRA et 2 divers - pendant que le PS passe à sept élus, dont trois ont été gagnés sur la droite dans ce scrutin.
Ceci montre que ce qui a fait progresser l’opposition, dans ses différentes composantes et ensemble, c’est la dynamique de l’Alliance transposée à l’élection cantonale et particulièrement les désistements du deuxième tour. Ce qui relativise quelque peu les cris de coqs lancés ici ou là...

P. D.


Jean-Marc Gamarus : Rester mobilisés en vue de l’annulation de cette élection

Le candidat soutenu par l’Alliance dans le 4ème canton de Saint-Paul, Jean-Marc Gamarus, a publié hier le communiqué suivant :
"Mesdames & Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s de Saint-Paul,
Les résultats du 2ème tour des élections cantonales viennent de tomber.
Je remercie les 3.588 (49,94%) électrices et les électeurs qui m’ont apporté leurs suffrages.
Je remercie les ami(e) s militant(e)s qui m’ont aidé avec beaucoup d’enthousiasme et de dévouement durant toute cette campagne.
Je remercie la députée Huguette Bello ainsi que l’Alliance conduite par Paul Vergès pour leur soutien.
Après des contorsions arithmétiques liées à des manœuvres électorales déloyales, d’une manière discutable, mon adversaire UMP a été proclamé élu avec neuf petites voix d’avance.
Je constate que malgré un handicap de 971 voix sur mon adversaire UMP au 1er tour, au 2ème je fais jeu égal avec celui-ci, malgré tous les moyens et les procédés déloyaux utilisés.
Ce résultat marque un certain recul du candidat soutenu par le maire UMP de Saint-Paul.
L’action politique continue. J’invite la population du 4ème canton à rester mobilisée en vue du 3ème tour qui se prépare dans l’objectif de l’annulation de cette élection.
D’ores et déjà, un recours en annulation sera déposé".




Qui est hégémonique ?

Entre les deux tours des élections, certains dirigeants de la fédération socialiste sont allés loin dans le dénigrement de ceux qu’ils considéraient en même temps comme leurs alliés puisqu’ils prétendaient vouloir “fusionner” les listes. Ils ont taxé le PCR de parti hégémonique et insulté leurs anciens camarades socialistes plus durement que Mme Girardin, ministre de l’Outre-Mer, n’a osé traiter les dirigeants locaux de l’UMP, c’est dire...
Mais si l’on doit considérer une quelconque hégémonie, force est de constater qu’on en trouve la manifestation la plus éclatante dans les commentaires favorables à la fédération socialiste. D’abord, dans une façon très déplaisante d’escamoter la présence d’alliés sur une liste prétendûment “PS-Verts”, dont le succès est détourné au seul profit de la fédération socialiste. Quelle formation, après le premier tour, a cherché à s’attribuer dix sièges sur la liste de l’Alliance (soit 33% d’un résultat potentiel, pour 15% des suffrages), alors que son influence électorale ne lui en apporte que sept au deuxième tour ?
À l’inverse, il faut croire le PCR si peu hégémonique qu’il disparaît presque complètement de certains commentaires. “Le Quotidien” ne lui reconnaît que deux élus supplémentaires au Conseil général alors qu’ils passent de quatre à huit entre 1998 et 2004. “Le JIR” fait du PS "incontestablement le principal gagnant" des élections au Conseil général. Sauf votre respect et si nous savons encore compter, c’est tout à fait contestable... (voir l’article sur le Conseil général)
Quant aux commentaires sur les Régionales, ils ont parfois témoigné - du 1er au 2ème tour - d’un même manque de discernement. Avant le 1er tour, certains n’avaient pas assez de larmes dans le corps pour déplorer l’effacement des communistes sur la liste conduite par Paul Vergès. Certains ont développé à partir de cela la thèse de la disparition ou du déclin du PCR, rien de moins ! C’est par exemple Yves Mont-Rouge, dans “le JIR”, qui décrit lundi dernier l’Alliance comme une liste "composée des partis de gauche non communistes et des représentants de la société civile...". Exit donc le PCR, dont le président mis en disponibilité est pourtant l’artisan de l’Alliance !
Le confrère a tellement envie d’enterrer les communistes qu’il spécule déjà, avec les dirigeants socialistes, sur "l’après-Vergès" (quelle élégance !) et sur un PCR "toujours contraint de s’acoquiner avec les autres pour avancer". Plus sectaire, c’est la mort !
Au total, sur les 27 élus de l’Alliance au Conseil régional, sept sont issus du PCR. Pas de quoi crier à l’hégémonie.
Mais curieusement, à l’approche du second tour et dans les commentaires des résultats, ce même PCR ignoré, “zapé”, vilipendé, redevient par miracle hégémonique au point de refuser la fusion des listes avec le PS. Comprenne qui pourra...

P. David


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