Débat Paul Vergès-Alain Bénard sur Antenne Réunion

La politique du gouvernement sur la sellette : « Elle met le désordre et appauvrit le pays »

19 mars 2004

Après le débat de la veille sur Télé-Réunion, les Réunionnais ont eu une nouvelle démonstration publique hier soir de l’affolement de la liste de l’U.M.P. (Union des Menteurs Professionnels). Dans le débat qui l’a opposé à Paul Vergès sur Antenne Réunion, le chef de file de la liste Raffarin a multiplié les mensonges sur le bilan de la Région au cours des six ans passés ; il a enfoncé des portes ouvertes en proposant des actions que la Région mène déjà ou qui relèvent de la responsabilité de l’État.
Alain Bénard a aussi montré son incompétence - ignorant même le montant du budget de la collectivité qu’il prétend diriger -, ainsi que son absence de projet global et cohérent pour permettre aux Réunionnais de construire leur avenir. Et surtout, il a apporté son soutien total à la politique de Raffarin, qui « met le désordre et appauvrit le pays », comme a dit Paul Vergès en lançant un appel à l’unité des Réunionnais face aux « obstacles considérables » qui nous attendent.

Dans le débat qui l’opposait hier soir à Paul Vergès sur Antenne Réunion, Alain Bénard a tout fait pour policer son discours, pour donner à ses phrases creuses sur la vieille rengaine de « l’indépendance, le repli sur soi... » un air attrayant ; à ses mensonges sur l’égalité... une énième version, attribuant la politique d’égalité à la droite réunionnaise alors qu’elle l’a combattue et qu’il a fallu la démission des deux députés communistes réunionnais, en 1987, pour combattre la parité voulue par Jacques Chirac... inspiré par Virapoullé et consorts.

Peu convaincant - comment l’être sans un minimum de projet cohérent et global ? - celui qui conduit la liste Raffarin a déroulé un discours fait de propositions sans consistance : plus d’intégration à l’Union Européenne, par exemple... sans dire comment et sans dire surtout que l’élargissement de l’Union est un défi majeur à relever pour les régions ultrapériphériques (RUP).

Arrivé au bout, il ne restait plus qu’à enfoncer des portes grandes ouvertes : Internet dont le gouvernement est responsable en tant qu’actionnaire majoritaire de France Télécom, le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) que tous les maires avaient approuvé et qui de toutes façons doit être révisé l’an prochain... C’est prévu ! Le plan de formation, qui est déjà en route...

Alain Bénard veut “réveiller la Région”... en faisant payer aux Réunionnais leur propre continuité territoriale et d’une manière générale, en exonérant le gouvernement de tous ses devoirs envers la collectivité. Le “réveil” en effet risque d’être brutal et surtout de ne pas être celui qu’il croit.
Depuis le début de la campagne, l’UMP (Union des menteurs professionnels) ressasse sur le “bilan” des propos creux qui passent sous silence les réalisations de la Région dans les communes... à commencer par celle de Saint-Paul, que dirige Alain Bénard, et où ces actions sont nombreuses. Plus importantes que celles de la commune elle-même !
La tête de liste de l’UMP s’est beaucoup réclamé hier de l’action de Pierre Lagourgue... en taisant la participation de Paul Vergès à sa majorité, en qualité de vice-président. A l’époque, les ultras - dont certains rescapés figurent sur sa liste - insultaient Pierre Lagourgue pour son alliance avec les communistes. Au total, la base de son argumentation, qu’il a beaucoup ressassée, est une variante affadie du discours traditionnel de la droite réunionnaise sur « l’appartenance à la France et à l’Europe », comme si cela pouvait constituer l’axe d’un projet ambitieux pour une région européenne qui est déjà une RUP.

« C’est l’hommage du vice à la vertu »

Il n’a pas été trop difficile à Paul Vergès de rappeler son concurrent à plus de sens des réalités. Dans le bilan de la Région figurent tous les grands chantiers qui ont été mis en route pour soutenir l’emploi et la formation : les projets routiers, le tram-train, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise... Des projets qui vont améliorer la vie des Réunionnais et leur “vivre ensemble”.

Encore faudrait-il que ces grands projets - qui sont créateurs d’emplois - continuent d’être portés par une équipe volontariste. Un point important a été marqué par Paul Vergès sur son adversaire à propos de la continuité territoriale, que le gouvernement fait payer aux passagers aériens alors qu’elle est un droit reconnu aux Corses et financé par l’État sans comparaison possible à l’aumone faite aux Domiens.

Face aux discours creux d’Alain Bénard sur “l’Université fabrique à chômeurs”, Paul Vergès a rappelé que la proposition de préparer les jeunes Réunionnais aux emplois et responsabilités de la Fonction publique est refusée par les gouvernements depuis dix ans, depuis le PDA qui en a fait la première proposition.

« Pourquoi vouloir à tout prix sauver le gouvernement ? » a fini par demander le président sortant de la Région, en démontrant notamment que les « monopoles » qu’Alain Bénard dit vouloir pourfendre sont des monopoles d’État, appuyés par le gouvernement, comme celui de France Telecom - principal actionnaire du SAFE et de Mauritius Telecom - qui impose à La Réunion pour le haut débit (ADSL) des tarifs trois fois supérieurs à ceux en cours à Maurice.

Le coup de grâce a été porté au chef de file de l’UMP par la question qui tue : « Quel est le budget de la Région ? » L’aspirant gestionnaire n’en avait pas la moindre idée.

Face à un Alain Bénard en culotte courte, renvoyé sur les bancs de l’école et qui s’enmêlait les pinceaux entre les francs et les euros dans le prix de la bouteille de gaz, Paul Vergès a appelé à soutenir « les grands projets commencés, qui sont sans précédent » et à voter contre la politique du gouvernement. « C’est elle qui met le désordre et appauvrit le pays », a-t-il dit en lançant un dernier appel à l’unité, face aux « obstacles considérables » qui nous attendent.

Finalement, ce dont parle l’UMP aujourd’hui, c’est le programme des communistes qu’elle combattait hier, a noté Paul Vergès en donnant l’estocade : « C’est l’hommage du vice à la vertu ».

D. P.


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