Débat sur RFO : Face à face UMP - L’Alliance

La tête de liste UMP démasquée !

18 mars 2004

Hier soir, le dernier débat avant le premier tour des élections régionales organisé par Télé-Réunion réunissait cinq têtes de listes : Paul Vergès pour l’Alliance, Alain Bénard pour l’UMP, Georges Arhiman pour Initiative citoyenne pour l’emploi, Giraud Payet (Pour une nouvelle alliance) et Vincent Défaud (Parti fédéraliste réunionnais). L’impression générale dégagée de ce débat est celle d’une dérobade de la tête de liste UMP sur toutes les questions embarrassantes. Mais Alain Bénard s’est démasqué devant la question soulevée par Paul Vergès sur l’incompatibilité des mandats. Il a avoué sa préférence à la Région plutôt qu’à Saint-Paul - en cas d’improbable victoire. Un forfait de plus de la tête de liste de l’Union des Menteurs Professionnels ? Ou un aveu déguisé d’un homme politique qui part battu ? Les Saint-Paulois sont prévenus.
Notant un large mécontentement de la part des différents candidats, Paul Vergès a conclu sur la nécessité de sanctionner un gouvernement dont la politique est « l’obstacle principal au développement du pays » et que c’était favoriser la « cacophonie et les mensonges » que de « tout mettre à la charge des collectivités locales » comme veut le faire le gouvernement.

Le dernier débat de RFO avant le premier tour du 21 mars a réuni cinq candidats têtes de liste pour l’élection régionale. La nature des listes en présence - trois listes catégorielles, aux côtés de celles de l’UMP et de l’Alliance - a favorisé un face à face entre ces deux dernières listes, données comme les principales du scrutin, n’en déplaise à certains.

L’impression générale dégagée de ce débat - souvent confus, de par son organisation - est celle d’une dérobade de la tête de liste UMP sur toutes les questions embarrassantes : la continuité territoriale, l’emploi, l’éducation, la santé... Mais la dérobade la plus caractéristique a porté sur le problème d’incompatibilité des mandats. Interrogé sur son choix - au cas, très improbable, où il aurait à choisir - Alain Bénard s’est d’abord dérobé avant de répondre implicitement qu’il donnerait la priorité au mandat régional, au détriment de celui qu’il détient à la Mairie de Saint-Paul. Un forfait de plus de la tête de liste de l’Union des Menteurs Professionnels ? Ou un aveu déguisé d’un homme politique qui part battu ? Les Saint-Paulois sont néanmoins prévenus.
Sur tous les sujets qui accusent la politique du gouvernement Raffarin, l’ensemble des candidats avaient des griefs mais ils étaient rares à désigner clairement les véritables responsables. C’était tellement plus simple de prêter à la Région des compétences qu’elle n’a pas et de se livrer à des attaques directes contre les personnes, à commencer bien sûr par celle du président sortant.

Un autre trait marquant était l’alliance objective des listes catégorielles pour dénigrer le bilan de la Région. Ils le trouvent tous « mauvais », mais que ne l’ont-ils dit plus tôt ? Ils se plaignent d’entendre toujours « les mêmes discours » ? Pourquoi attendre une campagne électorale pour le dire. Le plus pitoyable de tous dans ce registre est sans doute le pourfendeur d’une « démocratie confisquée » qui a participé de cette “confiscation”, en silence, tout le reste du temps.

D’où l’ironie cinglante de Paul Vergès pour rappeler le rôle de l’État et celui d’une collectivité territoriale. Entre deux avalanches de bavardage sur des sujets de diversion, le candidat de l’UMP a lâché quelques magnifiques bourdes qui ne vont pas lui simplifier la suite de sa campagne. Ainsi, selon lui, le SAR (schéma d’aménagement régional) « paralyse La Réunion » ! Un document « soumis à toutes les communes de l’île qui l’ont toutes approuvé », a rappelé Paul Vergès - y compris Saint-Paul qui, pas plus que l’ensemble des communes de l’île - à l’exception du Port depuis 1971 - n’a fait l’effort de se constituer des réserves foncières.

Le débat a souvent dérapé sur des discours complètement « farfelus », mettant Paul Vergès dans le rôle de leader d’une classe politique qui semblait le désespérer. « Si je devais intervenir sur tout, il faudrait tout redresser », a-t-il protesté après avoir épinglé un énième mensonge de l’UMP sur... la coopération régionale, alors qu’on venait d’interroger Alain Bénard sur... la continuité territoriale. Encore la dérobade.

Arrivés aux conclusions, qui était pour le gouvernement Raffarin ? Pas Giraud Payet, pas Vincent Defaud (il est contre tout le monde), pas Georges Arhiman (qui, après un dérapage à caractère raciste - voir encadré - a interpellé Alain Bénard sur la politique du gouvernement)... Paul Vergès a dû cependant rappeler à tous que « les dégâts de la politique du gouvernement [sont] l’obstacle principal au développement du pays » et que c’était favoriser la « cacophonie et les mensonges » que de « tout mettre à la charge des collectivités locales » comme veut le faire le gouvernement.

À l’exception de la tête de liste de l’Alliance, ils étaient tous plus ou moins sur cette lancée “abracadabrantesque”.

Cela devrait aider les électeurs à faire le tri et à ne pas perdre de vue que, selon la loi électorale régissant ce scrutin, la liste arrivée en tête se voit créditer d’une avance en nombre d’élu(e)s.

David Pascale


Georges Arhiman : Dérapage raciste

Dans sa conclusion, Georges Arhiman a gravement dérapé en s’en prenant nommément à la première femme de la liste de l’Alliance. Un dérapage devant lequel Paul Vergès a exprimé tout son « mépris ». « Chaque Réunionnais, avant de mettre le pied dans l’île, a eu des “étrangers” dans ses antécédents », a-t-il dit en substance en dénonçant « l’insulte à tous les Réunionnais » que constituent de tels propos.


Invité sur Radio-Réunion

Alain Bénard “goute” la jeunesse réunionnaise

Les jeunes ont dénoncé les mensonges de la liste Raffarin et son soutien à la politique de casse sociale du gouvernement.

Hier soir, le maire de Saint-Paul, tête de la liste Raffarin aux élections régionales, était l’invité du débat quotidien organisé par Radio-Réunion avec des jeunes. Des jeunes d’opinions et d’origines sociales diverses - étudiants, employés... - ont fait part à Alain Bénard de leurs inquiétudes devant les graves problèmes que leur crée la politique du gouvernement Raffarin : « il y a 120.000 chômeurs à La Réunion, quelle en est la première cause ? », demande une jeune fille. Pas de réponse d’Alain Bénard. Nassimah Dindar répond à sa place : « nous préférons vendre l’égalité des chances aux jeunes ». Réplique d’un jeune homme : « le gouvernement sacrifie la recherche et l’université ».

L’adjointe au maire de Saint-Denis n’hésite pas à répondre : « on peut dire aux petites gens : “sanctionnez le gouvernement Raffarin”, mais pas à vous qui êtes des étudiants et donc des personnes intelligentes ». Bravo pour le mépris des électeurs...

Une jeune fille proteste : « jamais vous n’avez dit que vous êtes contre la casse sociale du gouvernement...! »

Une autre ajoute : « nous avons accompli des cursus universitaires et aujourd’hui on nous propose le SMIC ».

Un étudiant en STEPS (professorat d’éducation physique) fait part de son mécontentement devant le fait que le nombre de postes offerts dans cette branche diminue de 40% et lance à Alain Bénard : « l’État se désengage de l’enseignement et vous soutenez ce gouvernement ».

Sergio, du Port, dénonce le fait que « le gouvernement supprime les emplois-jeunes et les laisse au bord du chemin, il attaque les érémistes et les plus pauvres et les élus qui se trouvent sur la liste Raffarin sont complices de cette politique ».

Un jeune dénonce ceux qui attaquent l’Alliance sur la langue créole et il dénonce leurs mensonges : « ce n’est pas là une compétence de la Région, ce n’est pas elle qui fait les programmes de l’Éducation nationale ».

Alors que Alain Bénard lance des attaques mensongères contre la liste de Paul Vergès, accusée d’être « isolationniste », une jeune fille se félicite au contraire de la politique d’ouverture de la Région sur le monde au cours de la dernière mandature, avec les actions de co-développement dans notre zone et bien au-delà.

Un autre jeune réplique à Alain Bénard et à ses procès d’intention malveillants : « à chaque élection vous nous ressortez le problème du statut ; or pour les jeunes réunionnais, il n’y a pas de problème de statut ».

Un jeune portois souligne également les contradictions d’Alain Bénard, qui met en cause aujourd’hui le projet de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, alors que le 30 juillet dernier, lors de la visite du président du Conseil régional à Saint-Paul, il n’en avait dit que du bien.

À la fin du débat, on revient aux problèmes d’emploi : « ma sœur est emploi-jeune au Conseil général et son contrat n’est pas renouvelé, que va-t-elle devenir ? » demande une jeune fille.

Un étudiant dénonce le fait que « le gouvernement a supprimé 780 postes dans l’enseignement » et que les élus de la liste Raffarin n’ont rien dit. C’est dire à quel point on ne peut pas compter sur eux demain à la Région pour défendre les intérêts des Réunionnais.

Le débat se termine. « C’était animé », lance Alain Bénard, apparemment soulagé que cela se termine. On entend un jeune : « nous sommes déçus par les réponses que nous avons reçues ».

L. B.


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