Cantonales à Saint-Denis
Trois candidats lancent un pavé dans la mare

« Le conseiller général n’est pas un adjoint au maire ! »

27 février 2008

Michel Pontiac, Eric Soret et Henri Grondin sont candidats respectivement dans les 3ème, 4ème et 5ème cantons de Saint-Denis, 3 des 7 cantons renouvelables dans le chef-lieu (sur 9 - dont deux de création récente). Ils ont pour point commun d’être “sans étiquette” et sans parti, mais pas sans convictions, et dans cette campagne, ils convergent pour dénoncer le cumul des candidatures et la « confusion » entretenue entre les deux élections, municipale et cantonale. « Le conseiller général n’est pas un adjoint au maire ! », clament-ils.

« Par rapport aux autres candidats, nous avons une démarche pédagogique et une démarche de singularité », expose Eric Soret, en replaçant chaque élection dans sa singularité, en dépit du fait qu’elles auront lieu le même jour. « C’est pour favoriser le taux d’expression des électeurs », expliquent les candidats.
« La confusion est immense. Les gens croient élire leur maire, c’est faux ; ils élisent un Conseil municipal - de 55 membres à Saint-Denis - qui, lui, élira le maire ; c’est un scrutin indirect ».
Eux-mêmes ne sont candidats qu’à un seul mandat de conseiller général et ils insistent sur le fait que les 49 conseillers généraux, renouvelables par moitié tous les 3 ans (dans une vingtaine de cantons cette année), mènent une politique départementale. Le démembrement des communes au Conseil général et la tradition clientéliste de certains maires - dont 17 sur 24 siègent au Département - donnent aux électeurs une vision très déformée de la politique du Conseil général. Aussi tiennent-ils à rappeler que les compétences du Département - politique sociale, de santé et hygiène, d’Education (collèges en particulier), d’Environnement, politique de l’eau, politique culturelle et compétence pour les routes départementales - reposent sur un budget de 1,5 milliard d’euros. « C’est l’équivalent de 2.000 euros par habitant, ou encore plus de 30 millions de budget par conseiller général. Et c’est 10 fois plus que le budget de Saint-Denis », expliquent les candidats. A l’inverse du maire, les conseillers généraux sont élus au suffrage direct. « Le Conseil général est beaucoup plus important : d’où vient que l’élection cantonale est à ce point sous-estimée dans l’opinion publique ? Qui a intérêt à ce que perdure cette confusion ? », s’interrogent-ils.
Les exemples ne manquent pas, à Saint-Denis, pour expliquer cette distorsion. Les conflits qui ont surgi entre le maire, René-Paul Victoria, et certains de ses adjoints, également conseillers généraux, a tourné au conflit entre Mairie et Conseil général. Saint-Denis a 9 élus au Conseil général, soit environ 20% de l’ensemble. Dans cette campagne, 7 adjoints au maire de Saint-Denis sont candidats dans les cantons. « C’est une vraie dérive institutionnelle, encore accentuée par le cumul des mandats : un adjoint au maire qui est aussi conseiller général devient vite un élu de la CINOR... avec le cumul des indemnités correspondantes, qui peut atteindre 1 demi-million d’euros sur 6 ans », protestent les 3 candidats. « C’est scandaleux et indigne ! ».
Ils émettent 3 propositions, soumises aux électeurs dans cette campagne, pour changer cette situation :

- réformer et rééquilibrer l’organisation administrative de La Réunion

- comme pour les Municipales et les Législatives, ils proposent de « renouveler tous les élus le même jour ».
- ... en appliquant la règle “un homme/une femme - un mandat !”
Aussi, ces 3 candidats adressent-ils aux électeurs des messages qui, parce qu’ils sont simples, peuvent faire mouche : « Ne votez pas pour un conseiller général qui est aussi en tête de liste aux Municipales : c’est un futur adjoint cumulard qui sera peu disponible et peu efficace ! ». « Faites confiance aux candidats que vous connaissez, de préférence aux “parachutés”, et élisez quelqu’un que vous savez disponible : pour la clarté de chaque institution et pour favoriser des partenariats... Pour que cessent ainsi des conflits qui ne servent pas la population ». « Libérez le Conseil général de la tutelle des mairies et faites en sorte que le Conseil général ne soit plus l’otage de ceux qui donnent la priorité à la commune plutôt qu’au Département ! ».
Pour finir, les 3 candidats appellent à la constitution d’un Collectif « contre le cumul des mandats ».
Chacun, sur son terrain, a des exemples à apporter. Henri Grondin, candidat avec Annick Gigan (remplaçante) sur Camélias/Vauban (5ème canton) a vite résumé la situation : « Il y a 10 candidats dans le canton, dont 5 sont déjà sur une liste municipale. Trois seulement sont issus du quartier ».
Dans le 3ème canton (La Montagne/Grande Chaloupe), le conseiller général sortant, un UMP, est aussi tête de liste à l’élection municipale pour laquelle il a le soutien du ... 1er adjoint au maire et conseiller général sortant du 4ème canton... Pas étonnant que la population ne s’y retrouve plus du tout ! « Il y a 4 candidats dans le canton : Gino Poninballom, le conseiller général sortant, est tête de liste ; Jean-Luc Rivière est 14ème sur la liste Victoria et Jean-François Hoareau est 21ème sur la liste de Gilbert Annette ; si Gilbert Annette remporte l’élection municipale, il sera élu lui aussi », expose Michel Pontiac, logique avec le principe du non cumul.

Le 4ème canton « complètement abandonné »

Quant à la réalité du 4ème canton (La Source-Bellepierre-Le Brûlé), c’est qu’il est « complètement abandonné », poursuit Eric Soret. « Jean-Jacques Morel a passé son temps à se battre contre le maire. Le résultat de ces luttes intestines est que ce canton est le seul de Saint-Denis à ne pas avoir de collège ! ». Le plus drôle est que ce conseiller général sortant met à son “bilan” la réalisation... d’une piscine, d’une poste : « Ce n’est pas du tout de la compétence du Conseil général et c’est exactement l’illustration de la confusion que nous dénonçons », poursuit le candidat conseiller général du 4ème canton.
« Si j’en juge au sort réservé à mes affiches, qui sont toutes déchirées, le discours que nous tenons gêne les gros candidats », ajoute Eric Soret.
Les 3 candidats, unis sur ce principe “Un mandat par candidat”, veulent expliquer leur position. « Une campagne électorale est faite pour éclairer les gens. Les élus en place laissent la population dans le fénoir pour pouvoir continuer à abuser d’elle encore plus », estiment-ils.

P. David


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