Quelle place pour l’environnement ?

Le M.G.E.R. s’insurge de la faible place de l’écologie dans le débat

17 mars 2004

Il n’est guère question d’écologie dans cette campagne, regrette le Mouvement de la gauche écologiste réunionnaise (MGER). Pourtant, la question de l’eau, des énergies renouvelables, de la protection de l’environnement etc… est primordiale pour le développement de La Réunion.

« Seule l’Alliance parle d’Écologie dans ses discours et dans ses meetings. Mais rien n’est retranscrit dans une certaine presse », dénonce Guy Ratane-Dufour au nom du MGER. Il regrette qu’aucun média audio-visuel (si ce n’est KOI et Free Dom) n’ait invité des écologistes. « La Réunion est en danger et personne ne veut en parler », poursuit-il tout en affirmant : « on est toujours Verts », puisqu’aucune radiation n’est venue de Paris à l’encontre de ceux qui ont fondé le MGER.
Et contrairement à ce que d’autres écologistes tentent de faire croire. Des "Verts" que Guy Ratane-Dufour accusent d’avoir pratiquement vendu leur âme politique contre trois places sur la liste socialiste. « Le MGER a une seule place sur la liste de l’Alliance, une place non éligible. Mais la démarche qui nous a conduit à signer avec l’Alliance, c’est l’accord sur des principes clairs », poursuit-il.

Avec bien sûr en premier lieu, la place que doit avoir l’écologie dans un tel débat. Accord sur une méthode. Accord sur des projets « comme la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ». Et surtout accord sans faille pour la poursuite de la mise en place de l’Agenda 21. Sur ce dossier, les "Verts" de la liste Vergoz ne semblent pas très motivés. Selon Guy Ratane-Dufour, en cas d’union au deuxième tour, les "Verts" de la liste Vergoz ne prendraient en compte l’Agenda 21 « que par obligation ».

Et de souligner, dans la foulée, que Michel Vergoz avait confisqué la parole aux Verts, puisque ceux-ci « ne s’expriment jamais dans les meetings et les discours ».

Le « gadget » G.P.L.

De plus, Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du MGER, dénonce le fait que la seule proposition "Verte" reprise par la liste Vergoz soit celle du GPL (gaz de pétrole liquéfié). Un sujet sur lequel est revenu Cyrille Lebon (président du MGER), qui soulignait que la mise en œuvre d’une telle solution ne serait en aucun cas adaptée à La Réunion. « C’est un gadget. Une tarte à la crème. Une promesse démagogique. De la poudre aux yeux. Le GPL, c’est peut-être bon pour des voitures roulant dans un centre-ville plat. Et encore, il ne faudrait pas mettre la clim, sinon le véhicule roulerait à 20 km/heure ».

Et qui plus est, l’utilisation du GPL est dangereuse : risques accrus d’explosion grave (deux pompiers avaient été tués en France à cause d’une voiture au GPL), obligation de construire des stations services à plus de 300 mètres de toute habitation ; obligation de construire une sorte de centrale, elle aussi dangereuse. Et l’approvisionnement - par voie maritime - représente un danger tout aussi important.

La question de l’eau

Autre dossier soulevé par le MGER : celui de l’eau. Avec non seulement le gaspillage lié au chantier du basculement, - sujet abordé par la presse de manière uniquement polémique - mais surtout cette "escroquerie" qui fait croire que l’eau en bouteille serait meilleure pour la santé que l’eau du robinet. Une affirmation que réfute Guy Ratane-Dufour qui va plus loin : « Chaque jour, des centaines de milliers de bouteilles sont livrées à La Réunion. Les industriels importent la pollution : la question du recyclage des bouteilles n’est pas encore réglée ».

La question de l’eau est primordiale. Le MGER a des idées. Cyrille Lebon évoque la création d’une usine de désalinisation, fonctionnant dans un premier temps avec des énergies fossiles, avant de "tourner" aux énergies renouvelables. Hervé Toulorge, trésorier du mouvement, parle lui de la nécessaire interconnexion. « Une idée contenue dans le SAGE et le SDAGE, auxquels participait Michel Vergoz ». Et de s’étonner de la disparition de cette option dans ses discours.

Les énergies renouvelables

Autre dossier développé, celui des énergies renouvelables : solaire, géothermie, houlomotrice, photovoltaïque... « Arriver à une autosuffisance énergétique, c’est possible », poursuit Hervé Toulorge. « Par exemple avec l’opération 15.000 toits », renchérit Cyrille Lebon. Il s’agit d’équiper des habitations - ou des bâtiments publics - de capteurs photovoltaïques. L’énergie récupérée peut alors être revendue à EDF ; beaucoup plus qu’un appoint, mais qui permettrait de connaître moins de délestage (coupures de courant lorsque la consommation est supérieure à la production). Et, à terme, l’équipement de telles maisons permettrait de produire 75 mégawatts, l’équivalent de deux centrales à combustion. Comme celle de La Possession, qui, elle, pollue, est bruyante et porteuse de risques pour l’être humain. Sans compter qu’elle consomme un volume d’eau, pour son refroidissement, assez conséquent.

Quelle écologie ?

Quant à la place laissée à l’écologie sur les autres listes, comme celle conduite par Alain Bénard, c’est assez aléatoire. Le MGER dénonce le maire de Saint-Paul qui se targue de préserver l’environnement, mais qui n’a jamais été capable de traiter de manière satisfaisante et durable la question du lagon. « Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de station d’épuration ? C’est l’absence de cette station qui tue le lagon. Énormément plus que les pêcheurs de capucins », constate le trésorier du mouvement.

Quelle place pour l’écologie dans la recherche ? (et d’une manière générale, quelle place pour la recherche dans les autres programmes) ? « Nous devons arrêter de vivre sur des acquis importés, notamment de métropole. Nous devons répondre à nos besoins », poursuit Hervé Toulorge. Et ces besoins sont immenses. Le trésorier du MGER cite, en vrac, le biocarburant, les supra-conducteurs, et tout ce qui va être mis en place avec les énergies renouvelables. « La Réunion peut être un pôle de développement régional. Elle doit continuer à faire du co-développement », précise-t-il. Les besoins en énergie - et en énergies renouvelables - vont être croissants.

Le MGER compte bien continuer à alimenter le débat, à proposer des solutions. S’il n’est pas présent cette année aux cantonales, il le sera vraisemblablement en 2007. Avec l’Alliance. Car la plate-forme signée entre les composantes ne court pas uniquement pour 2004. Elle est appelée à durer au moins 10 ans.

D. B.


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