Les cadeaux du gouvernement avant les Municipales

9 février 2008

A la veille de Municipales périlleuses, l’exécutif multiplie les gestes d’apaisement, quitte à fragiliser les finances publiques, donner le sentiment de céder aux lobbys et risquer de fâcher les partenaires européens. Alors que le chef de l’Etat expliquait, il y a encore quelques semaines, que les caisses étaient « vides », une hausse du salaire des fonctionnaires et du minimum vieillesse ont été annoncées coup sur coup ces derniers jours.
La revalorisation de 3,7% de la rémunération moyenne des fonctionnaires coûtera environ 3 milliards d’euros, selon le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth.

Quant à la hausse de 25% du minimum vieillesse promise par le chef de l’Etat d’ici 2012, elle est estimée à environ 2,45 milliards d’euros par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques.
A ces mesures s’ajoute le plan pour les banlieues qui a été chiffré à 1 milliard d’euros par la Secrétaire d’Etat à la Ville, Fadela Amara.
Cette série d’annonces intervient alors que la popularité du chef de l’Etat chute dans les sondages. Le Premier secrétaire du PS, François Hollande, a jugé mercredi que « la pression des Municipales ne doit pas être étrangère » à l’annonce du versement en avril d’un à-valoir de 200 euros aux bénéficiaires du minimum vieillesse. Une mesure qualifiée d’« opération électorale » par le Secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qui a souligné que son financement n’était pas précisé.
La difficile réforme du financement de la protection sociale par un élargissement de l’assiette des cotisations a été renvoyée au projet de loi de Finances pour 2009 et les membres du gouvernement assurent qu’une hausse des taxes n’est pas envisagée.

Les reculs de Sarkozy

Alors que le déficit budgétaire s’est établi à 38,4 milliards d’euros l’an dernier et celui des comptes sociaux à environ 12 milliards, toutes ces annonces ont de quoi inquiéter les Européens qui accentuent actuellement leur pression pour que la France accélère la stabilisation de ses finances publiques.
« Malgré toute la sympathie que j’ai pour la France, les règles sont les règles et un seul pays ne peut s’en exonérer », a déclaré lundi le Président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. La semaine précédente, la Commission européenne avait « invité » la France « à renforcer considérablement le rythme de la consolidation budgétaire et la réduction de la dette ».
Autre risque pour l’exécutif : sembler céder aux lobbys qui fustigent les propositions de la commission Attali. Nicolas Sarkozy a ainsi écarté plusieurs déréglementations prônées par cette commission comme celles des pharmaciens et des taxis dont les représentants ont été reçus jeudi à l’Elysée. Le chef de l’Etat a reçu les buralistes jeudi après-midi.

Jean-Baptiste Vey, Challenges (extraits)


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