De porte en porte, à Rivière du Mât les Bas

Les habitants osent parler de leur espoir de changement

14 mars 2008

Chaque jour, les équipes d’Eric Fruteau vont rencontrer les habitants des différents quartiers. Nous avons suivi l’une d’elles, hier, à la Rivière du Mât les Bas, dans le 3e canton de Saint-André, que Robert Nativel veut enlever à Virapoullé fils.

Quatre jeunes, âgés de 14 à 16 ans, sont passés à la permanence électorale pour rencontrer “le jeune candidat dont tout le monde parle à Saint-André”. « Je compte sur votre soutien moral, dimanche » leur a dit Eric Fruteau.
(photos PD)

L’équipe de trois personnes quitte la permanence électorale en début d’après-midi sous une pluie capricieuse qui ne la lâchera pas. Justin Antier est celui qui “connaît tout le monde” dans le quartier, où il habite depuis des lustres. Il emmène avec lui deux colistières d’Eric Fruteau, Yolinde Laï Yock, qui habite ce secteur rural de Saint-André depuis huit ans et Viviane Soune Seyne, directrice de l’école maternelle et primaire de la Rivière du Mât les Bas. Cette dernière connaît les familles d’abord par leurs enfants.
Rivière du Mât, c’est la campagne de la ville. Le littoral offre un potentiel touristique superbe... laissé en friche par l’équipe actuelle. Dans la partie haute, le potentiel est surtout agricole et tout aussi délaissé. Bien que situé dans un périmètre irrigué, les cultures souffrent d’un manque chronique d’eau. Plus il pleut, plus les agriculteurs risquent d’être privés du précieux liquide : c’est l’absurdité à laquelle conduit un système qui a été ou mal étudié, ou trop vite fait, sans bassin de décantation. « Kan la rivièr i koul an bou, i fèrm lé vann é delo la pï » explique Justin Antier. Les agriculteurs disent alors (en créole), pour se moquer, qu’ils ont « des tuyaux superbes et pas d’eau dedans ».
L’équipe s’enfonce à une extrémité du chemin Vassal et discute avec un couple occupé à refaire son baro. C’est la petite fille du couple qui a d’abord reconnu sa directrice d’école. L’échange est bref et va droit au but. Les colistières d’Eric Fruteau sont venues engager les habitants à renforcer l’avance du premier tour.
Le trio est en général bien reçu. « Ce n’est pas toujours facile - confie en aparté Viviane Soune Seyne - mais c’est valorisant, car on a entraîné beaucoup de gens, en allant les voir et en discutant avec eux. Ils ont une curiosité mais il ne savent pas toujours bien quel est notre programme. On leur explique et, lorsqu’ils ont bien compris ce que l’on veut faire, ce sont eux-mêmes qui vont en parler aux autres après. Cela vaut la peine de s’arrêter un peu plus longtemps », dit-elle.

Le chemin est un bon exemple de l’anarchie qui règne dans les services chargés des constructions, des alignements et des voies, explique Justin Antier après un échange avec un autre voisin. Ce dernier lui a raconté comment un mauvais règlement de la question d’alignement des kaz a semé la zizanie dans le voisinage. « Zot té doi prann dé mèt shak koté pour fé le shemin ; alé war, zot la prann rienk in koté, pour favoriz zot bann dalon » raconte M. Gossard. Le résultat est un chemin étroit, déviant et difficilement praticable, sans espace pour se garer... Une vraie pomme de discorde qui a failli finir un jour en fait-divers sanglant. Le tout, pour une défaillance de la puissance publique.
« A voir les gens, comme cela, on pourrait croire qu’ils sont sans problème. C’est quand on parle avec eux qu’on découvre leurs difficultés », retient Yolinde Laï-Yock.

La prochaine étape est chez M. Laravine, un coupeur de cannes d’un grand courage, père de huit enfants dont plusieurs l’aident dans les champs. Cela fait près de 30 ans qu’il demande un logement social en location-vente à la mairie de Saint-André... et il attend toujours. Il explique qu’il n’a jamais pu non plus compter sur un contrat saisonnier, pour l’aider à tenir dans l’intercoupe. Ses enfants, pas davantage. Le trio ne fait pas de promesses, mais explique à cet homme de 57 ans que, maintenant que ses difficultés sont connues, l’équipe d’Eric Fruteau sera mieux à même de l’appuyer, lui et sa nombreuse famille, si les électeurs se mobilisent pour le 2e tour. « Faites-le en pensant à vos enfants », lui dit Yolinde Laï-Yock en le quittant.

Prochaine halte : une famille dont un grand fils construit sa maison, à côté de celle des parents. Ses deux sœurs n’ont pas voté dimanche parce qu’elles ne savaient pas si elles étaient inscrites dans le quartier. Justin Antier vient leur donner la réponse.
Le jeune homme, Laurent, est très en verve lorsqu’il s’agit de moukaté « les politiques qui viennent [les] voir pour leur promettre la lune et qu’on ne voit plus après les élections ». Justin Antier explique qu’ils ne sont pas là pour « promettre la lune ». Il donne les grands axe du projet de développement, en particulier pour valoriser le potentiel touristique du littoral. Il évoque « le parcours de santé, les toilettes publiques, l’éclairage public, les kiosques, et l’aménagement des berges de la Rivière du Mât », pour créer de l’emploi. Moukataz copieux mis à part, les deux jeunes n’attendent que cela.

L’autre zone d’activité créatrice d’emploi dans ce secteur est la zone artisanale, toujours en cours d’aménagement. On y construit un bâtiment qui devrait servir à organiser le recyclage des carcasses de voitures qui, pour l’heure, polluent tout un secteur de la Rivière du Mât.
« C’est très désorganisé, très anarchique », commente Justin Antier en parlant de la zone artisanale. « Il y a encore six mois, il restait quatre parcelles à attribuer », ajoute-t-il en passant saluer une jeune femme qui vient d’ouvrir son Snack dans le quartier.
« Les jeunes veulent aujourd’hui que l’on fasse de la politique autrement », observe Viviane Soune Seyne, après un échange avec la gérante.
Les trois amis ont passé une heure et demie dans ce secteur isolé, à l’habitat dispersé, quand l’équipe se sépare. Yolinde va continuer avec Justin, pendant que Viviane rejoint la permanence. Ils reviendront le lendemain, pour convaincre toujours plus d’habitants.

P. David

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Réunions

Vendredi 14 mars, à 13h30 : chez Maillot Annie, 83 allée des Foulards, chemin Maunier - avec Eric Fruteau, Joe Bédier et Jacky The Seng.
Et à 19h : chez Martin Patrick, 86 rue Léopold Martin -avec Eric Fruteau, Joe Bédier, Ferrère Marie Anne, Ramin Nadia.

Samedi 15 mars
À 18 h : chez Mme Vinguettama, 241 lotissement les Vagues, chemin Fourchon, à Champ-Borne - avec Eric Fruteau, Robert Nativel et Joëlle Pattiram

À 19 h : chez M. Mariaye, 72 Sidr Les Lilas - avec Eric Fruteau, Joe Bédier, Marie ferrère, Fanchin Jean-Claude

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