Après le débat sur R.F.O.-Télé mercredi soir

Paul Vergès : « Grâce au débat, le choix des électeurs est simplifié »

19 mars 2004

Le débat télévisé organisé par RFO mercredi soir aura eu au moins un mérite, souligné hier par Paul Vergès : « À 48 heures du scrutin, malgré l’impression première de confusion, les problèmes s’éclaircissent ». Tout est clair désormais : seule l’Alliance peut s’opposer à la politique gouvernementale. Une autre évidence est apparue : celle de l’irresponsabilité d’une partie de la classe politique réunionnaise qui ne brille que par leur ignorance et sombre dans une argumentation xénophobe.

Pour la tête de liste de l’Alliance, les éventuelles confusions ou hésitations se sont clarifiées lors du débat télévisé organisé par RFO mercredi soir : « Nous avons enfin entendu ceux qui ont soutenu la politique de Raffarin être acculés à l’assumer et à approuver ses réformes ». Si les candidats de l’UMP disent attendre le renouvellement du Parlement en 2007 pour en rediscuter, le sénateur leur rappelle que « les mesures prises ont déjà des conséquences et vont aggraver la situation des Conseils généraux et régionaux de France ». En effet, la décentralisation s’accompagne de délégation de compétences, comme la gestion du RMI au Département, tout en engageant des frais qui se basent sur les comptes administratifs d’il y a deux ans, sans tenir compte de l’évolution et de l’actualité.

Paul Vergès indiquait que « au sein de l’Association des présidents de Région, tous ont une position commune et refusent une délégation de compétences sans une délégation de moyens ». Il ajoutait à l’intention d’autres listes que : « les Régions n’ont pas à aller au devant des responsabilités de l’État en termes de continuité, d’emploi, de logements, les Assemblées n’ont pas à se substituer à l’État ».

Des mensonges « pour éviter le débat de fond »

Paul Vergès a déploré que lors du débat, ses adversaires aient choisi les mensonges « pour éviter le débat de fond et pour préserver leurs parlementaires ». Des mensonges qui visent tous à rendre le président de la Région responsable des embouteillages, en omettant de prendre en compte les 30.000 voitures supplémentaires par an. D’autres affirmations visaient à s’attaquer à la politique de formation sans savoir que ce n’est pas la Région qui dirige l’AFPAR. Il y a eu des emportements contre le SAR rendant la Région coupable en tout. Des accusations infondées allant jusqu’à rendre le Conseil régional responsable de la fracture numérique, alors que c’est France Télécom qui poignarde La Réunion. On aura aussi entendu d’autres inepties sur la route du littoral et des démonstrations brillantes d’ignorance niant l’aide à l’exportation ou encore à la création des Petites et moyennes entreprises.

Paul Vergès ironisait : « Ils vont créer des classes préparatoires en ignorant que ça fonctionne depuis des années ». Mais il n’avait nullement le cœur à rire : « Quelle crédibilité pour l’Union des Menteurs Professionnels ? » Quittant les absurdités, il résumait : « On a tout entendu sauf une condamnation de la politique de Raffarin. La seule liste à condamner la politique du gouvernement, c’est la nôtre. Nous avons été les seuls à l’évoquer. Le choix des électeurs est ainsi simplifié ».

Des candidats au bord du communalisme

Le troisième problème est « un problème permanent de l’identité réunionnaise ». Il s’agit des propos xénophobes tenus par certains candidats vis-à-vis des colistiers métropolitains de l’Alliance. Paul Vergès est scandalisé par de pareils propos car « même si on cache aux Réunionnais leur Histoire, ils savent tous que l’île était inhabitée. Par conséquent, il ne peut pas y avoir de querelles comme dans d’autres colonies à ce niveau. Personne ne peut dire ça. Nos ancêtres sans exception ont tous été des étrangers à La Réunion. Aujourd’hui nous sommes l’exemple unique au monde d’une société ouverte. Notre Histoire est marquée par l’immigration successive de Malgaches, Africains, Français, Indiens, Chinois, Indiens musulmans... Nous avons eu des engagés jusque dans le années 1930. La société esclavagiste a entretenu le racisme. C’est par la vie en commun qu’on a pu le surmonter. Les séquelles dorment mais elles peuvent être réveillées à n’importe quel moment. Qui est Réunionnais ? La leçon de notre Histoire veut que toute personne qui vient à La Réunion agit comme tous nos ancêtres et crée une lignée réunionnaise ».

Lors du débat, Georges Arhiman déclarait ouvertement ce que Virapoullé a laissé entendre. « Ce ne sont pas les contradictions qui les gênent : tous étaient derrière Debré et personne n’a cherché son lieu de naissance », note Paul Vergès. Il poursuit : « Nous avons combattu Debré. Nous avons utilisé tous les arguments, mais nous n’avons jamais fait appel à cet argument. C’est bien la droite qui fait éclater le scandale et quand on s’engage sur le terrain, la dérive est obligatoire ».

Le comble, c’est que Catherine Gaud s’appelle Ango de son nom de jeune fille. Catherine Ango est la descendante directe de Monsieur Angou, dont la commune Ango à Sainte-Suzanne garde encore le nom, et qui s’est établi à La Réunion en 1750. C’est-à-dire bien avant les engagés indiens. « Alors que nous sommes en train de structurer notre identité, il est dangereux de voir que certains s’érigent en juges de la “pureté” de l’identité réunionnaise », déclarait Paul Vergès.

Il invitait ensuite à réfléchir à la fragilité de notre société, montrant les dérives qui ont déchiré le Liban et la Yougoslavie, auparavant présentés comme des exemples de terres fraternelles et de sociétés harmonieuses.
Paul Vergès affirmait : « Nous devons être d’une fermeté exemplaire. Au début, tout le monde s’est moqué de Le Pen et on a vu comment il utilise les périodes de crise ». Se demandant « quel exemple une certaine classe politique réunionnaise a donné à Maurice ? », il se disait encore « terrifié par le niveau du débat ». Il regrette que dans une situation aussi complexe, aussi grave, il y a « des dérives dont on ne prend pas la mesure de la nocivité. C’est le début du communalisme. Il faut que La Réunion s’unisse sinon ça peut tourner n’importe comment ».

Eiffel


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