Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > La Réunion > Collectivités > Elections

Paul Vergès interpelle tous les candidats : Quel projet d’aménagement pour préparer La Réunion du million d’habitants ?

À 57 jours des élections

samedi 12 janvier 2008, par Manuel Marchal


À 57 jours du renouvellement des municipalités et de la moitié du Conseil Général, Paul Vergès a souligné le contexte et les enjeux des prochaines élections. Le prochain mandat sera décisif, il préparera La Réunion du million d’habitants. L’aménagement du territoire a donc une importance primordiale. Le président de la Région demande aux candidats aux responsabilités de faire connaître leurs intentions à la population sur ce sujet.


Le partenariat de la Région avec le Conseil Général et les communes est la condition nécessaire pour relever le défi de l’aménagement du territoire dans la perspective du million d’habitants. « Nous sommes à 57 jours de la décision installant les conseils municipaux et le Conseil Général », déclare Paul Vergès, « comment les équipes qui se préparent vont aborder les problèmes cruciaux pour la période 2008-2014 ? ».
« Le grand problème de l’aménagement du territoire, c’est la démographie », insiste le Président de la Région. Au plus tard dans trois mandats de maire, La Réunion comptera un million d’habitants. Cela se traduira par une mutation de l’occupation géographique de La Réunion, souligne-t-il.
Saint-Denis et Sainte-Marie formeront une conurbation de 200.000 habitants, Saint-Paul dépassera 100.000 habitants, Saint-Pierre et Le Tampon s’en approcheront. Le Port, Saint-André et Saint-Louis en compteront entre 70.000 et 80.000, tandis que Saint-Leu ou Saint-Joseph accueilleront 50.000 personnes. Face à cette échéance, que proposent les candidats aux responsabilités ?

L’impact décisif de la démographie

Autour de cette question, Paul Vergès ne voit qu’un seul débat relatif à l’aménagement institutionnel. Il s’agit de la création d’une commune à La Rivière Saint-Louis avec notamment comme perspective la construction d’un pont sur le Bras de Cilaos. Ceci permettrait de poursuivre la mise en oeuvre de la route de moyenne altitude entre Stella et les Lianes, prolongeant la route des Tamarins. C’est en effet à mi-pente que vivra la majorité de la population de La Réunion du million d’habitants. Le Président de la Région s’étonne de l’absence de demande dans la réorganisation administrative, mis à part à La Rivière. Alors que depuis 1946, La Réunion a vu sa population multipliée par trois, et a connu des bouleversements sans précédents.
Pour avoir une idée de ces mutations, il suffit de constater l’extension de Saint-Denis vers l’Est. Et ce qui jadis constituait la périphérie de la capitale est devenu aujourd’hui le centre de décision et de création de valeur ajoutée, habité par de grands équipements : université, siège de la CINOR, technopôle, cyclotron, proximité de l’aéroport...
Et l’avenir de Saint-Denis, cela peut être la création à La Montagne, autour du tram-train, de l’agglomération de La Réunion du 21ème siècle. Une cité exemplaire dans le domaine du développement durable, qui pourra mettre en oeuvre le concept du développement durable dans toute sa dimension et inspirer d’autres pays. Il est important que ce sujet fasse partie du débat, note Paul Vergès.
Responsable de l’aménagement du territoire, la Région exerce cette responsabilité dans un partenariat avec l’Etat, le Conseil Général, les municipalités et les établissements de coopération intercommunale (communautés d’agglomérations et communautés de communes). Sans ce partenariat, des projets d’intérêt régional sont handicapés. C’est par exemple le cas pour le tram-train et pour la rocade du Tampon (voir encadré).
De la même manière, sans l’initiative communale, la Région ne peut pas participer à l’endiguement des ravines.

Le sens de l’intérêt général

Dans ce cadre, il est important que les candidats de mars prochain fassent connaître leurs propositions pour participer au règlement de la sécurisation des 500 radiers. Même interrogation concernant la mobilité, car le tram-train sera mis en service au cours du prochain mandat des conseillers municipaux et généraux. « Toutes les trois minutes, 500 voyageurs arriveront dans les gares du tram-train », précise Paul Vergès, quel sera le système mis en place pour organiser les déplacements de ces usagers ? Même attente sur la question de l’assainissement, car la date limite d’application des normes européennes dans ce domaine approche. Les collectivités qui ne seront pas en règle devront payer de lourdes amendes. « Les stations sont saturées, quelles sont les intentions de nos futurs interlocuteurs ? », demande en substance Paul Vergès. Et de rappeler qu’entre la décision et la construction de l’équipement, c’est la durée d’un mandat de maire qui s’écoule.
Dans l’aménagement du territoire, le partenariat entre la Région et les futurs élus est la condition nécessaire à la réalisation des équipements de La Réunion du million d’habitants. « Que les programmes soient connus. Quel sera le type de contrat social qui sera proposé à la population ? », demande le Président de la Région. Et de conclure en indiquant que si le projet d’un candidat va dans le sens de l’intérêt général, alors il recevra son approbation, quelle que soit son appartenance politique.
Dans ses prochaines éditions, “Témoignages” reviendra plus largement sur les différents sujets abordés lors de cette conférence de presse tenue à 57 jours des élections.

Manuel Marchal


Rocade du Tampon : dix ans perdus

L’aménagement du territoire d’une commune dépend de sa municipalité. Initiée voici une dizaine d’années par la municipalité, la rocade du Tampon est aujourd’hui remise en cause. Pourtant, toutes les démarches et études ont été effectuées en partenariat avec la Région. De plus, le Conseil municipal du Tampon s’était prononcé pour la rocade. La Région avait donc réservé un budget de 100 millions d’euros pour cette réalisation. La décision prise par un élu, qui avait pourtant voté pour le projet, remet tout en cause. Résultat de cette décision irréfléchie : 10 ans de perdu pour la population du Tampon.


Tram-train : la population paie le retard

Prévue à l’origine entre Saint-Benoît et Saint-Joseph, la ligne du tram-train reliera finalement Gillot à Saint-Paul dans sa première phase. C’est la conséquence de l’opposition de deux communautés d’agglomérations, la CIVIS et la CIREST, de voir passer le tram-train sur leur territoire.
Aujourd’hui, les municipalités du Sud sont d’accord avec ce projet de la Région. Si cet accord avait été obtenu dès le début, le chantier aurait pu englober le Sud. Ce sont donc plusieurs années qui ont été perdues.
Quant à l’Est, tant que la CIREST maintient sa position, ses habitants seront privés du tram-train. Tout comme la rocade du Tampon, une décision d’une collectivité territoriale compétente en matière d’aménagement mais opposée à un projet d’intérêt général retarde la réalisation de ce dernier. C’est la population qui en paie le prix.


Un contexte plus difficile

Le cadre dans lequel se prendront les décisions sera moins favorable qu’il ne l’a été de 2001 à 2007, poursuit le Président de Région. C’est tout d’abord l’influence du budget national. Du fait d’une conjoncture défavorable due à une croissante insuffisante, il sera marqué par les restrictions sur fond d’inflation.
Dans les relations de La Réunion avec l’Union européenne, la période du prochain mandat des conseillers municipaux et généraux élus dans moins de deux mois comportera plusieurs rendez-vous importants. Paul Vergès rappelle que lors de la dernière assemblée plénière de la Région, Margie Sudre, par ailleurs Députée au Parlement européen, mettait en garde contre une diminution des crédits des fonds structurels européens après 2013. Deux raisons sont invoquées : l’élargissement de l’Union européenne à 27 pays, et la modification de la structure du budget européen.
L’autre date importante concerne l’Octroi de mer. Ce dernier finance une part importante des budgets des communes à La Réunion. Ce régime particulier finit en 2014, et il est remis en cause par plusieurs gouvernements d’Etats membres de l’Union. De plus, l’Etat doit rendre à la Commission européenne un rapport sur l’Octroi de mer dès cette année. Qu’adviendra-t-il au budget des communes si l’Octroi de mer est remis en cause ? Enfin, en 2013 se situera la fin du régime sucrier.
Au-delà des relations avec l’Union européenne, le prix du pétrole et le maintien à ce niveau de prix sera une réalité de ces six prochaines années. Avec à la clé des conséquences sur les prix des matières premières qui augmenteront le coût des chantiers d’infrastructure, et sur celui du fret maritime. Ce qui aura des répercussions sur le coût de la vie à La Réunion.
Tout comme il faudra tenir compte de l’impact des changements climatiques.


Un message, un commentaire ?

signaler contenu

Messages

  • Bien sûr que le président Vergés a raison quand il déplore le déficit d’idées de la part de ses homologues élus et maires en matière de projets d’aménagement du territoire, souvent urgents. Les crédits a priori ne manquent pas vraiment (Europe, FEDER, contrat de plan etc). Par contre la volonté d’aboutir parfois même rapidement, fait défaut. Gageons donc que l’on aura à coeur de restructurer ce qui est du domaine du possible à court terme (les endiguements des ravines, la sécurité des radiers, les rocades d’évitement des centres ville, ...). Depuis Gaméde, voilà un an, le président avait émis l’idée d’un partenariat avec l’Etat, le Département et les communes sur certains de ces thémes. Les hommes sont disponibles, alors arrêtons de tergiverser face à l’accroissement des enjeux et de notre vulnérabilité. Que 2008 soit l’année de grandes initiatives concrétes et rapidement opérationnelles de la part de la Région, car sinon rien ne se fera. Courage au président et à son équipe.


Facebook Twitter Linkedin Google plus