Pour une nouvelle génération d’élus réunionnais

26 février 2008

A l’heure où approchent les Municipales et les Cantonales de 2008, l’enjeu est à la composition ou recomposition des nouvelles listes qui seront au pouvoir à la tête des 24 exécutifs communaux de La Réunion. Force est de constater qu’on prend les mêmes et on recommence, les hommes et les idées ! La Réunion est au pied du mur. Après la départementalisation en 1946 puis l’ère de la conquête de l’égalité sociale avec la France, l’île est à la croisée des chemins et doit trouver un autre mode de développement. C’est ce que reconnaît par exemple l’ancien Sénateur Albert Ramasssamy, ancien partisan farouche de “La Réunion Département Français”, qui déclarait récemment qu’il faille « inventer le modèle de développement, qui convient à une île intégrée à l’Europe par la France et éloignée d’elle de 10.000 kilomètres ». Ce modèle n’a pas encore existé, selon lui, « plaignons par avance les élus qui se porteront défenseurs d’un statut quo, vermoulu, lézardé et qui craque de partout, tandis qu’une tâche exaltante s’offre à eux ! ». Malheureusement, le niveau des débats politiques dans l’actuelle campagne semble plaindre plus qu’encourager l’avenir de La Réunion, terre française dans un océan Indien qui devient plus que jamais le « cœur stratégique du monde ».
Pas une seule fois, sauf au Port, l’ouverture internationale de l’île n’a été évoquée. Or, l’enjeu du développement futur de La Réunion se porte sur cette question, c’est ce qu’a déclaré récemment Fréderic Cadet, ancien Président de l’Université de La Réunion, et défendu par nombre d’acteurs économiques. Nos élus ne seraient-ils pas à la hauteur ? Ont-ils la capacité et l’audace nécessaire pour faire entrer l’île dans l’ère d’une mondialisation durable afin de dégager la croissance économique nécessaire à la création d’emplois vitale pour l’épanouissement de notre jeunesse ? Les solutions sont connues : la conquête des marchés extérieurs pour la création de richesse et l’apport d’investissements directs étrangers.

Toute est une question de culture, d’ouverture des mentalités et de formation. La classe politique réunionnaise actuelle, et leurs jeunes successeurs (si l’on en croit le niveau des débats) sont le fruit, malheureusement, d’une culture administrative franco-française pure et dure qui trouve ses sources dans le moule de l’Administration française (Droit public universitaire, fonction publique, monde syndical français). Force est de constater que nous ne sommes pas prêts à rivaliser avec nos voisins mauriciens formés à la double culture francophone et anglo-saxonne qui leur permettent d’attirer chez eux les investisseurs du 21ème siècle (Afrique du Sud, Inde, Chine, pays du Golfe...). Pour exemple, la Chine est en train d’investir plus de 500 millions d’euros dans l’Ouest mauricien dans une ville nouvelle : Tianli.
« Les caisses de l’Etat sont vides », dixit le Premier ministre français, le modèle français est condamné à se restructurer et à trouver de nouvelles sources de financement. Malheureusement, à La Réunion, nos élus croient encore au salut de la mère patrie : ils se trompent ! Le déplacement du cœur financier mondial est en train de se faire devant nous de l’Occident à l’Orient sans qu’on s’y intéresse ! (importance croissante des fonds souverains émiratis, qataris, indiens et chinois dans l’économie occidentale).
Malheureusement, ces élus sont plus préoccupés par des considérations sociales, plus prometteuses électoralement et plus porteuses de voix. A force d’avoir le nez sur le guidon, nous allons droit dans le mur !
Il est temps d’avoir de véritables élus développeurs tournés vers l’international et capable de connecter notre île aux nouveaux géants émergents du 21ème siècle et non au congrès annuel des maires à Paris.
A moins que, comme me l’avouait un Maire de la place à qui je suggérais de s’ouvrir vers les Emirats Arabes Unis et sa capitale économique portuaire, Dubaï (dont les capitaux sont courtisés par le monde entier, « nous avons déjà beaucoup de coopération avec Madagascar, Maurice..., il ne faut pas qu’on se disperse », m’avait-il dit sans aucun autre argument. Toute est une question de mentalité à changer vis-à-vis de notre rôle dans l’océan Indien. Le monde a changé, les élus réunionnais, non ! Espérons que les prochaines échéances verront l’arrivée d’une nouvelle classe politique réunionnaise, non frileuse, capable de conquérir le monde, tout en restant fière de notre identité réunionnaise.

Christophe Rocheland,
Le Port


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