Interview de Claude Hoarau

Pour une politique nouvelle et transparente à Saint-Louis

15 mars 2008, par Sophie Périabe

Arrivé devant le maire sortant Cyrille Hamilcaro au premier tour, Claude Hoarau est bien placé pour l’emporter dimanche à Saint-Louis. Coup de projecteur sur son programme.

« Si nous gagnons dimanche, la délibération concernant l’augmentation des impôts sera annulée ».
(Photo SP)

Claude Hoarau, vous avez été maire de Saint-Louis pendant longtemps, de 1983 à 1995, qu’est-ce qui différencie votre gestion communale à celle de Cyrille Hamilcaro ?

- En effet, j’ai été maire de St Louis pendant 12 ans et à aucun moment, ni moi, ni aucun de mes élus n’a été condamné pour corruption, ou détournement de fonds, etc. Durant mon mandat, c’était bien une politique de gestion populaire ouverte qui était menée vers l’ensemble de la population. Nous avons évité le favoritisme, ce qui a contribué à améliorer les conditions de vie des habitants. D’ailleurs, la population sait qu’elle en a profité et je tiens à souligner qu’aucun élu ne s’est enrichi personnellement, sous ma mandature, à travers la mairie.

On accuse Cyrille Hamilcaro d’avoir dilapidé le patrimoine communal, qu’en pensez-vous ?

- Sous ma mandature, nous avons préparé l’avenir de la Commune en faisant des acquisitions, acquisitions de terrains, d’infrastructures, etc. On peut citer le Parc du Gol, celui des Platanes, Maison Rouge, le Plaza, la Maison Baillif, l’Observatoire des Makes.
La création d’une piscine à la Rivière St Louis et d’une bibliothèque sont autant de réalisation qui a permis un développement du sport et de la culture.
Mon adversaire a, quant à lui, vendu pour 30 millions de francs de biens communaux. Il a liquidé des terrains qui étaient destinés à la construction d’une nouvelle école maternelle à la Rivière St Louis, ainsi qu’un terrain de sport. Aujourd’hui, on peut dire que le maire actuel a privé la Rivière d’une nouvelle école maternelle, or, on connaît les besoins.
Le mandat du maire actuel est aussi marqué par le règne du favoritisme. 70.000 euros ont été dépensés par la commune pour un de ses proches collaborateurs, 2.500 euros de bois d’œuvre ont été achetés au frais de la commune pour remettre du lambris dans la maison d’un autre collaborateur. Nous avons des pièces justificatives pour ces accusations. C’est un tel gâchis.
Rappelons que St Louis n’a pas eu de maire en réel exercice ces derniers temps.
Le Maire et sa secrétaire générale ne cessent de s’insulter par l’intermédiaire de notes de service. Le maire n’a plus vraiment d’autorité sur les différents chefs de service.
Son directeur du service technique lui apporte la preuve d’un détournement de carburant et il ne fait rien. Tout cela doit changer. La commune de St Louis doit retrouver sa dignité et sa fierté.

Vous souhaitez rétablir la place du sport et de la culture dans la commune ?

- Oui, St Louis avait l’une des meilleures équipes de football. Chaque week-end, le stade accueillait de 3.000 à 3.500 supporteurs, aujourd’hui, lors d’une rencontre St lousienne-tamponnaise, il y a 85 entrées payantes avant l’arrivée du COP du Tampon.
La discipline moto cross a été complètement abandonnée, les clubs sont obligés de trouver des arrangements avec des agriculteurs pour pouvoir trouver un terrain d’entraînement.
7 ans après l’incendie du gymnase de Plateau Goyave, rien n’a été fait, les poutres noircies sont encore là. Il a encaissé l’argent de l’assurance et puis, plus rien.
L’équipe de hand-ball, qui était l’une des meilleures équipes aussi et qui a fourni des champions de France, est aujourd’hui en 2ème division.
Concernant la culture, un plan culturel doit être mis en place avec des mesures phares, notamment favoriser la mise en place de groupes de musique dans tous les quartiers de la commune. Le festival de la jeunesse et de l’Océan Indien existait à St Louis, bref, tout est à refaire et nous allons refaire.

Parlons maintenant du budget communal et de l’augmentation des impôts que Cyrille Hamilcaro a, vainement, tenté de cacher.

- Souvent, Cyrille Hamilcaro parle du déficit des années 80, il avance le chiffre de 100 millions de francs.
Mais avant qu’il n’entre à la mairie en 2001, la commune affichait un excédent de 37 millions de francs sur son compte administratif.
Alors en 2001, il prend en charge la mairie et décide de liquider pour 30 millions de francs, de biens communaux. Il termine l’année 2006 avec un déficit de 30 millions de francs au compte administratif. Au total, ce sont 97 millions de francs qui ont été engloutis.
D’autre part, la loi prévoit que le maire doit proposer des orientations budgétaires en fin d’année pour l’année suivante. Cela n’a pas été fait.
La loi prévoit également que le maire doit examiner et faire des propositions sur une modification éventuelle des taux des impôts locaux avant le mois de mars.
Le 14 février dernier, le conseil municipal s’est réuni pour examiner 82 affaires.
L’affaire 21 porte sur le vote du taux des impôts locaux pour 2008. Il n’a pas proposé de taux écrit avant la séance comme le prévoit la loi, et verbalement, durant la délibération, il propose +44%. Ainsi, la taxe d’habitation augmentera de 44% en 2008.
Entre le 14 février et le 03 mars, il ne fait aucune communication à ce sujet. Il tente de camoufler l’affaire. Il affiche cette conclusion le 03 mars en mairie et à la sous-préfecture.
A force de mobilisation, il avoue le 12 mars, après le premier tour, qu’il y aura bien une augmentation des impôts locaux, pour « financer des grands travaux », dit-il.
Or, on sait très bien que ce n’est pas dans ces objectifs de financer 60 millions d’euros de travaux.
En réalité, je soupçonne que la situation budgétaire de la commune soit plus grave qu’il ne le dit.
N’y a-t-il pas un lien entre l’intervention de la chambre régionale des comptes, la situation budgétaire de la commune et l’augmentation des impôts ?
Nous, nous voulons une politique nouvelle et transparente.

Quelles sont les premières mesures que vous comptez prendre si vous êtes élu ?

- Si nous gagnons dimanche, la délibération concernant l’augmentation des impôts sera annulée. Et si la conséquence est la mise sous tutelle, alors nous l’assumerons, nous redresserons la commune sans faire peser le poids des erreurs de Cyrille Hamilcaro sur les habitants.
Nous demanderons l’intervention de la chambre régionale des comptes pour voir quelle est la situation réelle de la commune.
Et en termes de projets immédiats, nous mettrons en place un service municipal d’accompagnement scolaire et dès septembre 2008, dans le but de réduire la fracture numérique, nous octroierons une dotation communale pour un ordinateur à chaque famille qui aura un enfant rentrant en CM1.

Propos recueillis par Sophie Périabe

Elections à Saint-Louis

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