Élection cantonale partielle de Saint-Philippe

Salvan réélu

4 juillet 2005

L’élection cantonale partielle du 3 juillet n’a pas changé la donne politique dans le Sud. Les 4.033 électeurs inscrits ont voté sans enthousiasme à 64,73% pour le conseiller général sortant Hugues Salvan.

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La participation à l’élection était de 71,51% avec 2.884 votants, soit moins que lors du scrutin de mars 2004. Les électeurs interrogés aux abords des bureaux de vote ont fait état de leur lassitude devant les scrutins à répétition dont cette petite commune est le théâtre.
Caractérisée par le taux de chômage le plus élevé (54%), les impôts locaux les plus lourds et par des poursuites judiciaires - impliquant le maire et quelques adjoints - qui ont défrayé la chronique, la petite commune du Sud ne manque pas de thèmes sur lesquels rassembler une majorité d’habitants autour d’un projet de renouveau politique. Mais c’est oublier un peu vite la pesanteur de l’appareil communal et le recours systématique à des méthodes d’un autre âge sous lesquelles plie encore pour une bonne part, une population vulnérable.
C’est ce qu’expliquait dernièrement un article paru dans notre édition du 30 novembre, dans lequel sont détaillées les méthodes de pression, chantage à l’emploi et voies de corruption par lesquelles une équipe sans avenir parvient encore à se maintenir au pouvoir en dépit d’une totale absence de projet.
Dans ce scrutin plus précisément, le rôle joué par le parti socialiste explique pour l’essentiel l’élection du candidat UMP. Sans candidat désigné, le parti de Michel Vergoz a officiellement appelé les électeurs à "sanctionner Hugues Salvan", notamment pour les procédés déloyaux dont il s’est prévalu dans la campagne. Mais dans les faits, les résultats montrent à l’envi que des socialistes ont fait élire le conseiller général UMP, sur la base d’une ligne constante de croc-en-jambe fait à l’Alliance, dont se prévalait le candidat opposé, Fridelin Courtois.
Ce dernier a réussi néanmoins à mobiliser autour de sa candidature, et réuni sur son nom 845 suffrages (31,91% des voix) : "ces 845 électeurs font la fierté de Saint-Philippe car ils ont su résister aux promesses, aux menaces et aux chantages", déclare-t-il. (voir par ailleurs)

P. D.


Fridelin Courtois "a confiance en l’avenir"

La Cantonale de mars 2004 de Saint-Philippe avait été annulée par le tribunal administratif de Saint-Denis et le Conseil d’État, suite au recours de Fridelin Courtois. Hier, les électeurs de Saint-Philippe ont de nouveau voté pour désigner le conseiller général de cette ville canton. "Certains responsables du parti socialiste, en liaison avec le maire de Saint-Joseph, ont appelé à voter Hugues Salvan", explique Wilfrid Bertile.

À la Cantonale de mars 2004, le maire Hugues Salvan a devancé son premier adjoint Fridelin Courtois de 96 voix. Cette élection a été invalidée par le tribunal administratif de Saint-Denis et le Conseil d’État "pour cause d’embauche massive de CES et de distribution massive de tracts", après le recours de Fridelin Courtois.

Un mot d’ordre non suivi

Hier, les électeurs de Saint-Philippe ont eu le choix entre trois candidats : Hugues Salvan pour l’UMP, Bernard Law Waï autoproclamé candidat du parti socialiste "soutenu par le Parti Socialiste national et désavoué par les membres la Fédération Socialiste locale" et Fridelin Courtois, sans étiquette, soutenu par l’Alliance.
Les électeurs de Saint-Philippe ont donc à nouveau voté pour désigner leur représentant au palais de la Source. Hugues Salvan a été élu et "il apparaît clairement que certains responsables du parti socialiste en liaison avec le maire de Saint-Joseph ont appelé à voter Hugues Salvan", précise Wilfrid Bertile. "Le maire de Saint-Joseph est allé à l’encontre du mot d’ordre du Secrétaire fédéral du parti socialiste, Gilbert Annette, ce dernier ayant appelé à sanctionner Hugues Salvan dans un communiqué", explique-t-il. Il remercie "l’ensemble des électeurs".

"Une base solide"

Sur le terrain, les partisans resteront mobilisés pour apporter un souffle nouveau à Saint-Philippe. De nombreux jeunes ont exprimé leur ras-le-bol et ont opté pour le changement. Plus que jamais ils apporteront leur soutien à Fridelin Courtois.
"Je tiens à remercier les 845 électeurs qui m’ont accordé leur confiance. Compte tenu des moyens énormes mis en place par le candidat Maire Salvan, ces 845 électeurs font la fierté de Saint-Philippe car ils ont su résister tant aux promesses qu’aux menaces et aux chantages. Les résultats de ces cantonales confirment le ralliement amorcé l’an dernier, des responsables locaux de la Fédération socialiste au clan de M. Salvan. Aujourd’hui, j’améliore de plus de 300 voix les résultats du premier tour de mars 2002 et ce noyau constitue une base solide pour de futurs combats. Nous demandons aux électeurs et à nos amis de rester mobilisés car de nouvelles échéances nous attendent plus tôt que prévu en raison du passif judiciaire du candidat Salvan", conclut le premier adjoint Fridelin Courtois.

Jean-Fabrice Nativel


Ambiances à Saint-Philippe en ce jour de vote

La route menant au centre-ville de Saint-Philippe est un “fait main” à ciel ouvert. On trouve des vendeurs de bertelles, de soubic, de lampes... D’autres abondent leurs étals de fruits : des papayes, des bananes... Des chemins de découvertes mènent vers le littoral : celui du Baril, du Cap Méchant... D’autres vers les bonnes tables d’hôtes où le chou de vacao et le pin pin font le régal et la renommée de “ce petit coin charmant”.

"Nous possédons des atouts pour créer des emplois"
, explique un habitant. Pour les jeunes notamment car ils sont oubliés. "Apré koman ou vé i kass pa é la délinqans i ogmant pa", continue-t-il. À Saint-Philippe, "peu de structures sont destinées aux jeunes". "Avèk in to de chômage de 56%, ousanousava ?", ajoute une femme. Celui du département est "de 53 %".
Il n’y a pas que les jeunes qui sont les laissés pour compte. "À la ravine Ango, les aires de jeux pour les enfants sont inexistantes", affirme un riverain. "Une odeur nauséabonde envahit l’air frais de ce quartier", dit-il en s’inquiétant pour la santé de ces enfants.
Le calme apparent de cette campagne cache des colères ou des ladi lafé. "Moi j’ai entendu le maire lors d’une réunion publique dire “n’oubliez pas que je suis maire jusqu’à 2008”" s’exclame une habitante. "Les employés sont sous pression. Ils ont peur de perdre leur emploi ou leur logement", déplore une riveraine. "Ils sont influençables ! Jusqu’à quand durera cette situation ?", se demande-t-elle.
Malgré tout à Saint-Philippe, il fait bon vivre. "Pa pli tar ke la seminn dèrnyé nou la manz in bon carry tang", dit un jeune qui se précipite avec ses copains pour couler un bulletin dans l’urne.
Toutes ces personnes pourtant si différentes sont toutes unanimes sur un point : "que celui qui sera élu tienne ses promesses".

Jean-Fabrice Nativel


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