Élections cantonales et municipales :
Un tour de l’île de la place des femmes en politique

Vocation : suppléantes ?

8 mars 2008

La Réunion votera dimanche pour des listes dans les 24 communes de l’île et pour renouveler 24 cantons du Département. Pour savoir quel est l’état réel de la parité en politique, nous avons cherché les femmes têtes de liste, dans les deux scrutins. Plutôt rares...

Il est devenu banal de dire qu’il a fallu la loi sur la parité en politique pour voir des femmes entrer dans l’arène politique et occuper, en principe, la moitié de l’espace électoral. Dans les faits, la parité est encore assez éloignée. Cette parité n’est pas un argument, ni un critère politique : c’est un indicateur de la société dans laquelle on vit et de la place que les femmes y ont conquise. Et cette place est un élément à part entière du débat politique.

Dans les scrutins de liste, les femmes sont reléguées massivement dans la “petite” moitié puisque, dans des listes “homme/femme” à nombre impair, la supériorité numérique revient à la tête de liste. Ainsi, un candidat qui conduit une liste de 29 personnes ne présente “que” 14 femmes. La situation est renversée si c’est une femme qui conduit la liste... ce qui n’est pas si fréquent.
Sur 107 listes présentées dans les 24 communes, 8 seulement sont conduites par une femme. De la moitié théorique, la réalité des faits chute à moins de 8% de femmes têtes de liste aux Municipales, réparties dans toute l’île avec un bel équilibre puisqu’on en trouve deux dans chaque micro-région.
Mais seulement deux... Ce sont Marie-Hélène Berne (Tampon) et Josie Hoareau (Saint-Joseph) dans le Sud, Betty Heekeng (Sainte-Rose) et Valérie Payet (Saint-Benoit) dans l’Est, Marie-Paul Abriska et Nadia Ramassamy (Saint-Denis) dans le Nord, Nathalie Dompy (Saint-Leu) et Huguette Bello (Saint-Paul) dans l’Ouest.

Aux Cantonales, la parité se traduit aussi “spontanément” par une minoration des femmes, qui semblent surtout avoir vocation à être... suppléantes. Sur les 116 candidatures déposées dans l’ensemble des 24 cantons - en entendant par “candidature” un duo titulaire/suppléant(e) -, on trouve 98 suppléantes ! Ce qui signifie qu’elles ne sont que 18 femmes candidates (15% des titulaires) dans 13 des 24 cantons à renouveler.
C’est dans le Sud qu’elles sont les plus nombreuses, à la fois relativement au nombre de cantons et au nombre de candidatures : 3 femmes dans trois des quatre cantons de Saint-Pierre, 3 femmes dans les deux cantons du Tampon et une à l’Entre-Deux. Ainsi, elles sont 7 femmes candidates (titulaires) dans les huit cantons du Sud, sur 32 candidatures en tout (21,8%).
Saint-Denis, seule ville du Nord à avoir des cantons renouvelables, ne vient qu’en seconde position avec 41 candidatures et seulement 7 femmes candidates (17% des titulaires) dans cinq des sept cantons à renouveler.
L’Ouest fait proportionnellement jeu égal avec le Sud, mais avec seulement quatre cantons renouvelables et 19 candidatures parmi lesquelles se trouvent 4 femmes (21%).
Quant à l’Est, il figure le degré zéro de la parité, aux Cantonales, avec 24 candidats dans cinq cantons et zéro femmes titulaires.

Ce bref tableau ne fait que prendre la mesure de l’état actuel de la parité et du degré d’engagement des femmes dans la vie politique. Il faut souligner encore une fois l’importance d’une loi qui a poussé les femmes à prendre leur place sur des listes, quelle que soit cette place, puisque c’est (peut-être) parmi les suppléantes et colistières d’aujourd’hui qu’émergeront les “femmes politiques” de demain.
Pour le moment, il faut aussi noter que les pionnières d’aujourd’hui comptent dans leur rang la première femme élue députée de La Réunion, Huguette Bello, candidate à la Mairie de Saint-Paul, et la première femme présidente du Conseil général, Nassimah Dindar, candidate à sa succession dans le 1er canton de Saint-Denis.
Derrière ces figures de proue se trouvent des femmes déjà investies d’un mandat, comme la conseillère régionale Marie-Paul Abriska ou l’ancienne conseillère générale Nadia Ramassamy - toutes deux présentes aux Municipales et Cantonales de Saint-Denis 7 - ou encore Patricia Hoarau, conseillère générale sortante UMP (Saint-Denis 8) et Graziela Leveneur, conseillère générale sortante (EDDE) et candidate à Saint-Pierre 4.
Et puis, il y a quelques nouvelles ou des femmes qui, bien que présentes dans les appareils politiques depuis parfois de longues années, “se lancent” pour la première fois dans l’arène publique.
Après, il faut reconnaître que les femmes peuvent commettre, en politique, exactement les mêmes erreurs que les hommes : impatience, mauvaise appréciation d’une situation politique locale donnée, manque de discipline...
Mais cela, ce sera aux électeurs d’en juger.

P. David



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