Suspension du permis de construire de la mosquée de la ZAC Balthazar

Menaces sur l’emploi et sur le foncier destiné au développement

17 juillet 2004

Hier en conférence de presse, le maire de La Possession, Roland Robert, aux côtés de plusieurs élus de la majorité municipale, est revenu sur une polémique déclenchée par l’opposition et évoquée dans les médias : la construction d’une mosquée dans la commune. Les enjeux de la décision prise par le Tribunal administratif visant à suspendre les travaux dépassent largement l’implantation ou non de cet édifice.

Depuis quelque temps à La Possession, une question suscite une polémique "orchestrée par l’opposition municipale" à des fins de "récupération politique", précise Roland Robert. Il s’agit de la construction d’une mosquée dans la ZAC Balthazar. Le permis déposé par l’Association musulmane sunnite de La Possession, validé par la Mairie, est contesté.
Mardi dernier, des membres de la CAPEB (artisanat du bâtiment) avait bloqué le chantier. Hier, suite à un recours du préfet, le Tribunal administratif a décidé de suspendre le permis - ce qui entraîne l’arrêt provisoire des travaux - en attendant de se prononcer sur le fond du dossier. Le recours s’appuie sur le Plan d’occupation des sols (POS), et actuellement, c’est celui de 1990 qui est valable car les deux POS suivants ont été annulés. Et en 1990, la ZAC Balthazar était classée comme terre agricole en zone irriguée, et donc non constructible. Par conséquent, aucune construction n’est plus possible si le Tribunal administratif prend une décision qui suit le recours. Ce qui constituerait un “non-sens”, car 80% de la ZAC est réalisée. Roland Robert estime que le prochain Plan local d’urbanisme (PLU) résoudra ce problème, mais en attendant la situation est bloquée.
Lors de la rencontre d’hier avec la presse, le maire a donné la position de la commune sur cette question, resituant dans leur contexte les propos de membres de l’opposition - Jocelyn De Lavergne et M. De Boisvilliers. Il a tout d’abord précisé que "la ZAC Balthazar n’a été subventionnée ni par l’Europe, ni par l’État, et encore moins par la Région et le Département". Il a ensuite ajouté que "cette zone n’est pas exclusivement réservée aux activités artisanales", en témoignent l’implantation du gymnase François Mitterrand et celle de l’Association réunionnaise d’aide à la respiration, qui occupent les deux plus grandes parcelles de la ZAC.
Dans la même optique, des artisans ont pu y construire leur logement, ceci afin "d’éviter les conséquences désastreuses de la désertification des zones artisanales et industrielles aux horaires de fermetures des bureaux". Roland Robert souligne que "la commune de La Possession n’a jamais privé aucun artisan de foncier", et regrette "l’ardeur tardive, malheureusement de circonstance et d’opportunité, du président de la Chambre des métiers, de la CAPEB et de M. De Boisvilliers pour la commercialisation des parcelles", alors que la commercialisation de la ZAC était difficile.

"Récupération politique"

Si la manœuvre initiée par l’opposition aboutit, les conséquences seront dramatiques pour tout le monde (voir encadré). Le plus regrettable pour Roland Robert, "c’est cette image que l’on veut donner à La Possession, s’opposant à la construction d’une mosquée, et qui a été au centre d’une polémique aux dangereuses connotations racistes, xénophobes et communautaristes".
Le maire rappelle d’ailleurs que le permis de construire en question concerne "des commerces et une salle cultuelle et culturelle". Il est étonnant que d’autres permis n’aient pas retenu l’attention de l’opposition, pourrait-on ajouter. En tout état de cause, la majorité municipale déplore et condamne "la bassesse de cette récupération politique" dirigées par des personnes en qui se reconnaissent moins d’un Possessionnais sur dix. Elle fera valoir ces arguments lors du débat de fond au Tribunal sur la légalité du permis accordé à l’Association musulmane sunnite de La Possession.

M.M.


Si le Tribunal va dans le sens de l’opposition...

Dans l’hypothèse d’une cession ou transmission de la part des propriétaires actuels, les parcelles seront soumises au droit de préemption de la commune, au prix des Domaines, soit à peine un euro le mètre carrés.
Pour les personnes qui veulent s’installer dans la ZAC, la Commune sera contrainte de rejeter leurs demandes de permis. Conséquence : 5.000 mètres carrés en moins pour les artisans et 30 emplois ne seront pas créés suite à la démarche du président de la Chambre des métiers, estime Roland Robert.
Par ailleurs, les Possessionnais devront payer les frais de la dénonciation des parcelles sous simple compromis, si le Tribunal administratif ne reconnaît pas l’existence juridique de la ZAC.


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