Anniversaire Tchao La Rak

11 années vouées aux abstinents

25 octobre 2006

Tchao La Rak soufflera ses 11 bougies vendredi soir à la Rivière des Galets à La Possession.

Anise assise à même le sol son cahier sur ses genoux met à jour la liste des invités au onzième anniversaire de l’association Tchao La Rak, vendredi soir dans ses locaux de La Possession. Assis non loin d’elle, des anciens alcooliques, des salariés, des bénévoles et des étudiantes en formation professionnelle l’écoutent. Il faut tout faire pour que cette soirée soit réussie. Il reste peu de temps !

Des relations de confiance

À Tchao La Rak, les animateurs opèrent main dans la main dans les moments douloureux comme les instants de joie. Ils sont disponibles. Un ancien alcoolique se rappelle. Il se souvient même de sa première visite. « Mon médecin m’a orienté vers cette association où je suis arrivé en larmes. Petit à petit, j’ai confié mes difficultés et des solutions concrètes m’ont été apportées. J’ai noué des relations basées sur la confiance et l’honnêteté. Je suis rassuré, car ce que je raconte reste ente mon « accompagnateur » et moi. Aujourd’hui, je suis heureux, car je suis sorti du cycle infernal dans lequel nous enferme l’alcool. Et sans le soutien de cette association, je ne sais pas ce que je serai devenu ». Il évoque le suicide ou l’internement dans un centre spécialisé.

Une seconde famille

Tchao La Rak est comme une seconde famille, un pied-à-terre pour tous ceux qui veulent en finir avec l’alcool. Ici, ils participent aux tâches ménagères : l’entretien des sols, de la cuisine, de la salle de bain. Cela fait partie du chemin à emprunter pour la guérison. Tous les jours, arrivés 11 heures, ils s’affèrent dans la cuisine pour la préparation du déjeuner. D’autres patientent ou s’impatientent à la table des dominos. Jusqu’à ce que le repas soit enfin prêt. Chacun se sert pour ensuite se retrouver autour de la même table. Moment de partage. Et aux jeux de mots sur fond de rires. Les occasions pour “moukater” fourmillent. Le lien avec les autres, se socialiser fait aussi partie du retour à la confiance, au fait que rompre avec l’alcool est aussi un acte social.

Retrouver vitalité avec des activités

L’heure est maintenant au déménagement des instruments de musique vers la salle principale. Le groupe de musique Tchao s’installe : guitare basse, guitare rythmique, batterie, les chœurs et le formateur en musique. Il semble que tout ce qui touche à la musique soit un élément important dans la guérison. Et chacun s’y prête avec envie. Cette activité musique est une des animations proposées par Tchao La Rak. Toutes les semaines, les abstinents, les stagiaires, des employés et parfois des bénévoles font des randonnées ou se retrouvent en groupe de paroles. Toutes ces actions donnent force à ceux qui se considèrent comme malades, et qui veulent s’en sortir. Eux que la société a montré du doigt prennent leur sort en main. Ils redeviennent d’abord à leurs propres yeux, ensuite aux yeux des autres, des individus à part entière.

La mission de Tchao La Rak est difficile. Le personnel œuvre avec cœur auprès de ces personnes en souffrance. Encore une fois, il faut saluer tous ceux qui participent à cette association pour leur dévouement pour ces êtres humains... Et bon anniversaire.

J.-F. N.


Disparition des centres d’intérêts

Parlons de la maladie alcoolique “les yeux dans les yeux”. Les centres d’intérêts, le malade alcoolique, il les a quasiment tous perdus. Toute sa vie tourne autour de l’alcool. Malgré tout, il reste pour une période plus ou moins longue un bon travail même si la qualité de son travail baisse. Par ailleurs, chez lui apparaissent des troubles du caractère : la jalousie et l’irritabilité excessive, les colères explosives pour des raisons futiles. Mais aussi des troubles du comportement par la levée des inhibitions, soit par les ivresses répétées, soit par les pertes des interdits sociaux et moraux dans le domaine de la violence (les bagarres) et dans le domaine sexuel (les viols, les incestes).


La règle des 3 P

Venir en aide à un malade alcoolique est une approche délicate. D’ores et déjà, les moralisateurs ne sont pas les bienvenus dans la relation d’aide. Celle-ci passe par la “renarcissisation”, le moteur de tout traitement. La règle des 3 P de l’analyse transactionnelle d’Éric Berne est à observer à la lettre. La Puissance : lui redonner de l’énergie physique et psychique ; la Protection : veiller à ce que le sujet se sente accepté et protégé au cours de son évolution ; la Permission : autoriser et s’assurer qu’il s’autorise à être abstinent.


La relation d’aide vue par Carl Rogers

Lorsque le contact est établi avec le malade alcoolique. Il faut le maintenir. Carl Rogers donne des conseils pour que cette liaison soit facile à vivre. Être digne de confiance (ce qui est dit doit rester confidentiel) ; être authentique (l’attitude et le comportement doivent être en accord avec le moi profond) ; être capable de chaleur et d’affection ; être libre (ne pas être influencé par d’autres instances comme la famille) ; que le patient soit libre notamment par rapport à l’alcool pour envisager tout entretien ; pas de menaces (ni punitives, ni pronostiques) ; pas de jugement (ni moral, ni de valeur) ; l’empathie (avoir mal à la poitrine de l’autre), accepter toutes les facettes de la personnalité du patient ; pas d’étiquettes. Facile à suivre non ?


“Une personne ne naît pas alcoolique, elle s’alcoolise”

Lorsque nous parlons de la maladie alcoolique, il ne faut pas perdre de vue certains postulats. Nous ne devons pas confondre une personne avec son comportement. « Une personne ne naît pas alcoolique, elle s’alcoolise. Tout comportement est la conséquence d’un état interne de la personne. Au départ, les addictions ne sont pas des maladies même si à certains moments, elles peuvent en provoquer. Ce sont des comportements. Le comportement de l’addiction d’une personne n’est pas le problème initial, mais il est pour le sujet une solution à un problème ressenti. Ce comportement est pour le sujet la meilleure solution qu’il ait pu trouver ». Si nous voulons réellement l’aider, il ne suffira pas de tenter de lui enlever ce comportement “addictif”, mais d’en trouver d’autres qui lui apportent une meilleure solution. Le comportement “addictif” a pour la personne, une intention positive. Jamais autodestructrice comme le jugent les proches par exemple. La question à poser est : qu’est-ce que le comportement “addictif” t’apporte de positif ?

J.-F. N.

Source DU d’Addictologie


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