
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
29 janvier 2007
Il y a quelques semaines, Arnaud Sabatier, professeur de philosophie, ouvrait le cycle de conférences qu’il dirige au lycée de Bellepierre, par une conférence sur Hannah Arendt. Le deuxième exposé a eu lieu ce samedi. Attila Cheyssial (voir encadré) a donné quelques éléments des rapports qu’entretiennent l’architecture et la politique.
La problématique de son propos est simple : dans la gestion de la cité, les architectes sont-ils des agents du pouvoir ou ont-ils une possibilité d’influence ? Il brosse alors un tableau historique de l’architecture. Il rappelle que les architectes provenaient, dans certaines sociétés, d’une haute caste. Par exemple, chez les Aryens, ils se situaient juste en dessous des Sultans.
Puis, il montre que, dès l’époque romaine, sous Scipion, les riches se mettent à habiter en dehors des cités afin de ne pas être mêlés aux pauvres. Au 15ème siècle, la Nouvelle Culture se développe avec des artistes tels Piero della Francesca ou Bramante. Certains représentants de ce courant dessinent une ville idéale où pas un homme n’apparaît ! Quant à Léonard de Vinci, il met dehors les hommes excédentaires. Dans sa ville, il y a 2 catégories : la voie basse et la voie haute, afin que les riches ne côtoient pas les pauvres.
La question de l’excédent humain se repose lors de l’industrialisation. On voit alors l’apparition de corons dans le Nord de la France, afin de parquer dans un lieu particulier les classes dangereuses que sont les pauvres.
Attila Cheyssial se fait alors plus personnel et évoque son expérience de la Grande-Borne (voir encadré). Il rencontre l’architecte dont il dit : « La prétention d’Aillaud était peut-être le côté le plus insupportable ». Il roule avec sa cadillac dans ce quartier pauvre et déclare : « L’architecte ne doit jamais être modeste ». L’ensemble représente 3.700 logements destinés à loger 12.000 personnes. Les gens de l’extérieur disent que c’est superbe. Ce côté soit-disant esthétique piège les habitants qui ne peuvent pas se « plaindre » de leur logement. Cependant, au bout de quelque temps, les critiques commencent à pleuvoir de la part des personnes logées à la Grande-Borne.
Ne pas confondre la cité et un quartier
Le conférencier trouve alors scandaleux que l’on ait appelé ce lieu une « cité ». En effet, la Grande-Borne n’est pas une ville en soi, du fait qu’elle est un quartier de la commune de Grigny. On ne peut appeler « cité » un ensemble d’habitations qui n’a pas une réelle autonomie politique.
Il évoque ensuite l’intervention du Groupe d’Intervention Régionale, à Grigny, grosse opération médiatique de Sarkozy. A cette occasion, la police est intervenue avec l’aide de l’Office Départemental des HLM plutôt qu’avec la ville. Attila Cheyssial souligne : « Nous ne sommes pas en face d’une opération normale ». Il fait alors le parallèle avec des propos de Giorgio Agamben, le grand penseur italien du 20ème siècle. Ce dernier montre que, si nous ne restons pas constamment vigilants, le totalitarisme aura tendance à se développer de plus en plus.
Pourquoi est-il aussi facile de stigmatiser cette population, selon le conférencier ? D’abord, ce sont tous des locataires. Ensuite, la « cité » a été prévue une fois pour toute. En outre, le territoire tout entier appartient à l’Office Départemental des HLM. Pour Attila Cheyssial, le principal réside quand même dans le fait que les gens ne soient pas propriétaires. Or, selon lui, est homme, dans la société actuelle, celui qui possède. Il raille alors les bienfaits de la Révolution de 1789 qui s’est pervertie au service des bourgeois en privilégiant la propriété privée au-delà de tout. Cette conception a eu des effets dramatiques lorsque les colonisateurs se sont rendus dans certains endroits, tels que l’Australie, où ils ont exterminé les Aborigènes qui, eux, reconnaissaient le caractère incessible de la terre.
Les banlieues françaises « des prisons post-modernes ».
Puis, il revient sur un auteur controversé, Ralph Peters, un néoconservateur. Il loue cet auteur pour ses travaux de prospective. En effet, Ralph Peters prédit la multiplication des guerres urbaines au cours des décennies à venir. Il appelle nos banlieues françaises « des prisons post-modernes ». Pour faire écho à ces propos alarmistes, le conférencier cite ensuite la couverture du magazine “DSI” (pour Défense, Sécurité et Intelligence), du mois de décembre 2006. Dans ce numéro, on peut lire que l’armée française étudie l’éventualité d’interventions dans des territoires urbains.
Attila Cheyssal cesse alors sa phase de constat pour mettre en évidence un problème considérable du lien entre la politique et l’architecture aujourd’hui. Selon lui, la grande erreur actuelle consiste à appliquer le principe de subsidiarité descendant. Cela signifie que les ordres viennent d’en haut, d’où la perte de connaissance réelle des besoins concrets des populations concernées.
Puis, il souligne la trop faible « appropriation » des logements par leurs habitants. En effet, ce concept signifie le rapport qu’une personne entretient à un bien qui est sien. Or, dans certains logements, l’architecte interdit que le locataire puisse changer de couleur de rideaux !
Pour finir, il indique que la recherche de l’unanimité doit être préférée à celle de la majorité. Au cours des débats, il précise que ce principe ennuie beaucoup de monde. En effet, pour les politiques, une telle solution nécessite du temps. Cependant, pour le conférencier, quand ceux-ci préfèrent passer en force, le résultat est souvent catastrophique.
Dans une dernière question, il lui est demandé : « Vous arrivez encore à travailler en privilégiant une telle philosophie de travail ? ». Il répond : « Oui, surtout quand les responsables politiques n’y sont pas arrivés autrement ».
M. D.
Attila Cheyssal ou la préoccupation du vivre-ensemble
Attila Cheyssal est architecte, urbaniste et docteur en Sociologie. Il est professeur d’Architecture à l’Ecole d’Architecture du Port. En 1969, il se rend dans le quartier de la Grande-Borne, à Grigny, dans la banlieue parisienne. Ses professeurs d’Architecture louent cet ensemble dessiné par Emile Aillaud. En ce qui le concerne, il est à l’opposé de ces avis. Pour ne pas se laisser dominer seulement par ses émotions, il décide de faire l’expérience de la vie à la Grande-Borne et s’y installe pendant 1 an. Il se rend compte que l’architecture qu’il veut créer est à l’opposé de ce modèle. Il part du principe qu’il faut impliquer la population dans la construction des logements qui leur sont destinés. C’est cette lignée, fixée il y a près de 4 décennies, qu’il poursuit encore aujourd’hui. Actuellement, il travaille à la réhabilitation du quartier de la Ravine-Blanche à Saint-Pierre.
Un site Internet remarquable
Il faut saluer la réalisation du site Internet menée par Arnaud Sabatier à l’adresse suivante : www.lrdb.fr
Grâce à son réseau, le professeur de philosophie de Bellepierre a réussi à mobiliser un certain nombre de penseurs de Métropole pour alimenter son site Internet. Néanmoins, c’est avant tout l’espace offert à quelques intellectuels réunionnais que nous souhaitons ici tout particulièrement mentionner. En effet, Johary Ravaloson, alias Arius Batiskaf, livre une contribution sur “L’art-existence, hommage au Rwa Kaf”. Sa compagne, Sophie Bazin, alias Mary Batiskaf, commet quant à elle un article sur “Vers une esthétique du marronage”. En ce qui concerne l’Histoire, Françoise Vergès propose un texte sur “Nouvelles citoyennetés”. Enfin, Arnaud Sabatier réfléchit sur la notion de “frontières”. A la fin de la conférence, ce professeur a appelé la trentaine de personnes présentes dans le public à offrir d’éventuelles contributions au site Internet.
Une situation toujours difficile à Grigny
Au cours des émeutes qui ont secoué la France en novembre 2005, le quartier de la Grande-Borne a été un des endroits où les heurts avec les forces de l’ordre ont été les plus importants. Depuis lors, régulièrement, il se passe des confrontations violentes avec la police. Pour prendre le pouls actuel de la violence dans ce quartier, on pourra visionner la vidéo mise en ligne à la fin 2006 sur le site dailymotion. On y voit des jeunes hommes de la Grande-Borne qui ne cessent de faire de la moto le plus vite possible sur les pelouses où pourraient venir les familles. La musique revendique : « je terrorise, je défouraille (etc...) ». Des doigts d’honneur, un tabassage succèdent à des gestes qui signifient que, si l’on vient, on se fera couper la tête :
http://www.dailymotion.com/bookmarks/rapace0/video/xngiy_cest-du-lourd-a-grigny-la-grande-bo
M.D.
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